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Horizeo : Engie et Neoen appelés à faire évoluer le projet

Stratégie
mercredi 09 mars 2022

Jacques Archimbaud et Chantal Jouanno ont présenté mercredi les conclusions du débat public mené par la CNDP au sujet du projet Horizeo - photo AL

Après quatre mois d’échanges et de réunions publiques, la Commission nationale du débat public (CNDP) a formulé mercredi ses recommandations à Engie et Neoen, principaux maîtres d’ouvrage du projet Horizeo. Elle soulève en parallèle la question d’une politique publique énergétique élaborée en meilleure concertation avec les territoires.

Faut-il implanter un parc photovoltaïque de 1.000 hectares à l’emplacement d’une forêt de pins maritimes ? A l’issue des quatre mois d’échanges et de consultations organisés par la Commission nationale du débat public (CNDP), la question reste largement ouverte. « Dans l’esprit du public, ça reste contre-intuitif de penser qu’il est positif de remplacer une forêt, considérée comme un puits de carbone, par un parc photovoltaïque », a résumé mercredi Jacques Archimbaud, président de la commission particulière en charge du débat dédié à Horizeo. Si des questions se posent sur la dimension du projet, ses composantes ou ses modalités, le bien-fondé n’en est toutefois pas remis en question. « Aujourd’hui, plus personne ne conteste l’intérêt des projets photovoltaïques, c’est la localisation d’Horizeo qui est questionnée », confirme Chantal Jouanno, présidente de la CNDP.

Des questions en cascade

Après 6 réunions publiques, 7 visites de terrain, une dizaine d’ateliers thématiques et l’animation de 19 points de contact, la CNDP estime avoir mobilisé plus de 3.000 participants autour des questions soulevées par l’ampleur d’Horizeo. Porté principalement par Engie et Neoen, avec RTE et la mairie de Saucats, le projet prévoit en effet d’implanter en Gironde ce qui deviendrait l’un des parcs photovoltaïques les plus grands et les plus évolués d’Europe, avec 1.000 hectares au sol et la création de plusieurs briques technologiques complémentaires des panneaux solaires, à commencer par un datacenter, un électrolyseur dédié à la production d’hydrogène et des batteries destinées à compenser le caractère intermittent de l’énergie solaire.


« Ce concept de plateforme n’a pas convaincu, notamment au regard des risques qu’il soulève, dans une région déjà traumatisée par les incendies. Pourquoi irait-on installer un centre de données ou un électrolyseur au milieu de la forêt ? Les participants ont également soulevé des questions sur le modèle économique du projet, l’articulation entre privé et public, les retombées sur le territoire, mais aussi le possible préjudice porté à la filière bois, ou l’impact sur la biodiversité », résume Jacques Archimbaud.

Des recommandations en direction des maîtres d’ouvrage…

Ni arbitre, ni juge de paix, la CNDP a compilé l’ensemble des doutes et questionnements, nourris par l’étude de scénarios alternatifs à Horizeo, pour formuler un ensemble de 12 recommandations censées permettre aux maîtres d’ouvrage de répondre aux attentes exprimées lors du débat public. Elle suggère en premier lieu de poursuivre le travail de concertation avec le public, tout au long du projet, et de le nourrir par des études complémentaires visant à répondre plus précisément aux inquiétudes relatives aux risques (incendie, inondation) ou à l’impact environnemental.

La commission formule également des recommandations plus structurantes, en interrogeant les maîtres d’ouvrage sur la possibilité d’associer soit des citoyens, soit des collectivités locales, au capital ou à la gouvernance du projet. De la même façon, elle invite les porteurs de projet à réinterroger et mieux expliciter leurs choix, en étudiant par exemple la suppression du centre de données, ou l’augmentation des surfaces dévolues à l’agrivoltaïsme. Elle les incite enfin à étudier plus avant les pistes de retombées économiques pour le territoire, et les nuisances potentielles que subiraient les voisins d’Horizeo. « Les grands projets ne font pas consensus, mais chacune de ces pistes doit faire l’objet d’un effort, et d’une étude minutieuse de la part des maîtres d’ouvrage », estime Jacques Archimbaud.

… et d’autres pour l’Etat et les collectivités territoriales

Au-delà de la question centrale de la localisation du projet, la CNDP constate qu’Horizeo achoppe sur un autre obstacle, déjà rencontré dans la plupart des projets éoliens ou nucléaires : la difficulté à concilier les attentes d’un territoire et les grandes lignes directrices de la politique publique, à plus forte raison quand les projets de transition énergétique viennent se heurter à des projets d’aménagement tels que de nouvelles lignes à grande vitesse, ou la création de nouveaux logements. « Il ne suffit pas de fixer de grands objectifs. Il faut aussi dire combien d’hectares sont concernés, où, et définir quelles sont les compensations sont accordées à la filière bois ou à ceux qui subissent les nuisances, et ce n’est possible que grâce à une vraie concertation entre l’Etat et les collectivités territoriales », déclare Jacques Archimbaud. La commission du débat public leur adresse de ce fait quatre recommandations. Outre cette meilleure programmation du photovoltaïque, elle invite les services publics à mieux clarifier le potentiel photovoltaïque des sites déjà artificialisés (toits, parkings etc.), objet de plusieurs études contradictoires.

Quelles suites pour Horizeo ?

Les maîtres d’ouvrage disposent désormais d’un délai de trois mois pour confirmer leur volonté de poursuivre le projet et éventuellement en présenter une version amendée, avant de lancer ses nouvelles études d’impact et de préparer l’enquête publique à l’issue de laquelle les services de l’Etat statueront finalement. « Dans 58% des cas, les projets sont modifiés après le débat public », précise Chantal Jouanno.

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