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Numérique responsable : bientôt un data center régional ?

Écosystème
jeudi 15 octobre 2020

Lors de la séance plénière de la Région Nouvelle-Aquitaine le 5 octobre, Mathieu Hazouard, conseiller régional en charge du numérique, a présenté la feuille de route « pour un numérique responsable 2020-2022 ». Entre création d’un data center régional et mutualisation des données, il revient pour Placéco sur le dossier.

Lors de la séance plénière, la feuille de route présentée n’a laissé apparaître que peu d’actions concrètes. On a l’impression que le dossier est flou …
Mathieu Hazouard : Il faut comprendre que dans un premier temps nous amorçons la pompe. Le délai de la feuille de route, 2020-2022, est relativement court. Il s’agit d’entamer les réflexions, de voir si ce que l’on inscrit dans cette feuille de route prend sur le terrain. Nous ne sommes pas contre le numérique, il ne s’agit pas de le refuser. Nous avons deux grands axes : marier l’évolution technologique avec l’environnement, et voir comment le numérique peut nous aider à avancer.

La cybersécurité, enjeu important pour la Région

Durant son discours d’ouverture le 5 octobre, Alain Rousset a mentionné un projet de data center régional. Pouvez-vous nous en dire plus ?
M. H. : Nous voulons travailler sur la souveraineté des données. Aujourd’hui les collectivités, les acteurs économiques ont besoin de stocker leurs données, et le font chacun de leur côté. L’idée serait d’avoir un data center régional, avec une surface de stockage plus importante pour permettre une mutualisation. Cela générerait des économies d’argent d’abord, mais offrirait un outil de cybersécurité plus performant. Plus le numérique se développe et plus la cybercriminalité croît. Il est primordial de retrouver cette souveraineté.

Comment cela se met-il en place, et à quelle échéance ?
M. H. : Un prérequis est nécessaire pour que le projet se lance : arriver à créer un réseau régional à très haut débit. Une sorte d’autoroute, de maillage pour la fibre optique. C’est un peu complexe à mettre en œuvre et cela ne prendra pas un mois ou deux, mais plusieurs années.

Un numérique plus vertueux

Concernant le second axe qui vise à voir comment le numérique peut nous aider à avancer, quels sont les projets concrets ?
M. H. : Nous avançons depuis plusieurs années avec Naos, Nouvelle-Aquitaine Open Source. C’est un pôle de compétences qui travaille sur le logiciel libre, c’est-à-dire que l’on peut utiliser, modifier et développer librement. Nous présenterons, sûrement lors de la prochaine séance plénière, un appel à projets pour soutenir les entreprises qui acceptent d’être dans le domaine du libre. L’objectif est de développer l’interopérabilité, et à long terme d’avoir une banque numérique à disposition des collectivités et acteurs régionaux, où l’on met en commun des données utiles à chacun.

Vous avez abordé l’impact environnemental et sociétal du numérique. Notamment les mines d’extraction des minéraux nécessaires à la fabrication de nos smartphones ou les conditions de travail dans les usines qui fabriquent les composants électroniques … La Région peut-elle avoir un poids sur cela ?
M. H. : C’est en effet compliqué. Aujourd’hui il s’agit d’introduire un rapport de force, en fédérant les petites puissances publiques pour peser contre les grandes entreprises. En France il n’y a pas de grand constructeur de mobiles par exemple. Il faut que l’on se réapproprie les infrastructures, que l’on développe des outils français, européens, pour ne pas passer par les géants du numérique. Pourquoi pas imaginer une entreprise française s’inscrire dans l’histoire européenne, comme Airbus dans son domaine ? Bien sûr cela prendra du temps à aboutir. Et puis, il y a aussi la question fiscale sur laquelle il ne faut pas lâcher. On ne peut plus fermer les yeux sur ces enjeux, et nous œuvrerons, petit à petit, pour rendre le numérique plus vertueux.