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Reprise économique : quelles perspectives pour le BTP, les services marchands et l'industrie ?

Écosystème
mardi 28 septembre 2021

Le secteur de la construction enregistre des tensions sur les marges, liées à la pénurie de matériaux. Crédits : Adobe Stock Pictures New

Pour la CCI et la Banque de France, les indicateurs économiques semblent au vert. En Nouvelle-Aquitaine, comment ces perspectives se traduisent-elles pour les différentes filières ? Eléments de réponse pour les BTP, les services marchands et l'industrie.

« On constate une économie encore fragile en début d’année, mais on assiste véritablement à une amélioration de tous les indicateurs », s’est réjoui Jean-François Clédel, président de la CCI Nouvelle Aquitaine. Si l’on ne retrouve pas encore le niveau d’avant-crise, « les chefs d’entreprise constatent une hausse de leur activité ». 27 % des interrogés expriment une hausse de leur chiffre d’affaires au premier semestre 2021, contre 10 % un an auparavant. 25 % déclarent enregistrer une baisse de ce CA sur la période, tandis qu’ils étaient 72 % au premier semestre 2020. Du côté des investissements, 24 % des entreprises disent prévoir des investissements au second semestre 2021. Un léger recul comparé au premier semestre, durant lequel 28 % des entreprises ont investi.


Près de 8 entreprises sur 10 déclarent rencontrer des difficultés dans le cadre de leur activité. Source : Baromètre éco de la CCI Nouvelle Aquitaine

Néanmoins, 8 entreprises sur 10 déclarent rencontrer des difficultés : le coût des matières premières (65 %), les difficultés d’approvisionnement (33 %), la baisse de la demande (29 %) et la disponibilité de la main d’œuvre (22 %). « Mais les chefs d’entreprise restent confiants dans l’avenir de leur activité, a rassuré Jean-François Clédel. Cette confiance repart à la hausse à hauteur de 80 % au premier semestre 2021, comme c’était le cas avant la crise. »

A lire aussi : Economie - un retour à la croissance d'avant-crise d'ici l'année prochaine

Dans l’industrie, une réalité contrastée

Si l’année dernière l’industrie néoaquitaine a été lourdement touchée l’année dernière, « c’est une hausse d’activité assez mécanique de presque 6 % qui est enregistrée », a dévoilé Jacky Phillips, chef du département des entreprises et activités économiques à la Banque de France Nouvelle-Aquitaine. Toutefois, le secteur ne retrouvera pas son niveau d’avant-crise en 2021, en partie à cause des difficultés de recrutement. « Plus d’un tiers des entreprises industrielles déclarent être confrontées à des difficultés de recrutement au point que cela impacte significativement leur activité », a poursuivi Jacky Phillips.


Source : Banque de France Nouvelle-Aquitaine

Si ces chiffres sont généraux, les réalités, derrière, sont contrastées. La filière agro-alimentaire, qui suit la tendance générale, renferme des situations hétérogènes. « Par exemple, la fabrication de boissons alcooliques est bien repartie, notamment grâce à l’export. Mais la filière viande, elle, continue de pâtir des conséquences de la grippe aviaire », a illustré Jacky Phillips. L’aéronautique est également « à la peine », notamment l’activité liée à l’aviation civile commerciale. Néanmoins près d’une entreprise sur deux s’attend à une hausse significative de sa rentabilité cette année, par rapport à 2020.

« Les carnets de commandes sont très bien orientés », a noté Martine Domecq, responsable de l’information économique de la CCI Nouvelle-Aquitaine. Toutefois, le secteur souffre de marges dégradées « en raison de la hausse du prix des intrants, qui n’a pas encore été répercuté sur le prix de vente ».

Les services marchands contraints par le manque de main d’œuvre

Autres métiers mis en lumière, ceux des services marchands, hors commerces. « Ils ont connu un trou d’air en 2020 avec une baisse d’activité de 4 %, mais moins violent que pour l’industrie », selon Jacky Phillips. Le sursaut, de 5 % en 2021, est mécaniquement lié à l’allègement des mesures sanitaires – et notamment pour l’hébergement. Le secteur de l’informatique progresse également beaucoup, grâce à la mise en place pérenne du télétravail ainsi que l’édition de logiciels et la cybersécurité. Les effectifs devraient être en hausse de 1 %, mais comme partout, seront bridés par les difficultés de recrutement. Si les entreprises, tout secteurs confondus, peine à recruter des profils techniques et spécialisés, « pour les services, c’est quasiment sur tous les types de profil » qu’il y a une pénurie.

La rentabilité, elle, est positive. « Dans l’hébergement, on s’attend à une hausse d’activité et donc à une hausse de la rentabilité ». Autre exemple, pour les transports routiers qui subissent la hausse des carburant, « d’après les chefs d’entreprise interrogés ce n’est pas forcément problématique », a illustré Jacky Philipps. Car cette hausse peut être répercutée sur les tarifs des prestations, car derrière, il y a de la demande de l’agro-alimentaire ou du BTP. »


Prévisions de rentabilité. Source : Banque de France Nouvelle-Aquitaine

Martine Doumecq relève néanmoins un solde d’opinions négatif en matière de chiffre d’affaires. Une situation qui a un impact sur la trésorerie des entreprises et leurs marges. « Au cours du premier semestre 2021, nous avons enregistré une baisse de la demande qui a fortement influencé toute l’activité du secteur. »

La construction attentive aux pénuries

Dernier secteur scruté par la Banque de France, la construction, violemment impactée en mars 2020 avec l’arrêt net des chantiers. Sur toute l’année 2021, la reprise d’activité devrait être forte et durable (11 %), avec carnets de commande extrêmement bien remplis. « Ils ont même atteint des niveaux historiquement hauts, a détaillé Jacky Philipps. C’est notamment en lien avec l’entretien, la restauration et plus particulièrement la rénovation énergétique. » Le secteur constate une reprise des constructions de maisons individuelles, ainsi qu’une hausse des commandes publiques.

La rentabilité devrait logiquement progresser, or « le solde d’opinions est timidement favorable ». Ce constat s’explique par la hausse du coût des matières premières, qui « n’est pas répercutée sur le prix du devis ». Pour les devis futurs, Jacky Phillips notait que « la concurrence est tellement vive que les marges de manœuvre des constructeurs sont limitées. Cela se traduit par une érosion des marges, et une rentabilité qui va augmenter, mais pas autant que ce à quoi on pouvait s’attendre ».


Evolution du chiffre d'affaires pour le BTP. Source : Baromètre éco CCI Nouvelle-Aquitaine

Selon le baromètre éco de la CCI, les carnets de commandes des entreprises sont en hausse « pour 4 dirigeants d’entreprise sur 10 ». Le niveau de trésorerie est également jugé favorable. « Les prévisions montrent une stabilité, tant sur les investissements que les carnets de commande », a conclu Martine Doumeck.