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Nouvelle-Aquitaine : le nombre de conversions bio marque le pas en 2022

Écosystème
jeudi 13 octobre 2022

La Nouvelle-Aquitaine compte 8.800 fermes certifiées bio. Crédits : AL

Si la surface agricole certifiée bio continue d’augmenter, en Nouvelle-Aquitaine, le nombre d’opérateurs s’engageant dans ce mode de production diminue cette année. Conjoncture économique, difficultés financières et incertitudes quant à la future PAC, peuvent expliquer ce constat. Décryptage.

En 2021, 9,3% de la surface agricole de Nouvelle-Aquitaine était en bio. Un constat encourageant, pour Bio Nouvelle-Aquitaine, la fédération régionale d’agriculture biologique, qui tire un bilan de ces deux dernières années. « Les terres cultivées selon ce mode de production ont doublé en cinq ans, et ont progressé de 9% entre 2020 et 2021 », précise la fédération, ce qui place la Nouvelle-Aquitaine au deuxième rang français en nombre de fermes (8.800) et en surfaces bio ou en conversion (360.130 hectares). « Nous sommes toujours sur des surfaces majoritairement fourragères et de grandes cultures, commente Katell Petit, coordinatrice de l’événement Mois de la Bio. Globalement, toutes les productions ont augmenté, surtout la vigne qui a augmenté de 22%. » Certains départements sont « plus moteurs que d’autres », et la Gironde enregistre 38% de surfaces en conversion supplémentaires.

Légère baisse de la consommation

Pour autant, en 2021, le marché du bio a enregistré une légère baisse (-0,5%), même si « sa part dans les courses de Français continue de progresser », précise Bio Nouvelle-Aquitaine. « On sort de dix années où la production a fortement augmenté pour répondre à la demande des consommateurs, croissante, analyse Philippe Leymat, président d’Interbio Nouvelle-Aquitaine. Aujourd’hui, un certain nombre de paramètres – le Covid-19 puis la baisse du pouvoir d’achat – font que les chiffres sont à la baisse. » La grande distribution enregistre une baisse de 10% de la vente du bio, tout comme les distributeurs spécialisés, dans une moindre mesure. « A la limite, le hard discount est le seul segment en légère hausse avec +0,7%, mais cela pose problème quand on connaît le fonctionnement de ce type de magasins », poursuit Philippe Leymat.

Cette perte de vitesse s’explique notamment, selon le président d’Interbio Nouvelle-Aquitaine, par une « crise de la confiance » du consommateur. « Il est perdu dans une multitude de nouveaux labels environnementaux, et alors que les filières conventionnelles communiquent fortement avec des moyens que n’a pas le monde de la bio, les consommateurs ont l’impression de remplir leur mission sociétale et d’acheter propre, en se tournant vers le local et les labels environnementaux. » Philippe Leymat défend le label Agriculture Biologique, « le seul contrôlé et certifié, qui prend en compte l’intégralité des bienfaits pour la planète et les sols ». Sylvie Dulong, présidente de Bio Nouvelle-Aquitaine, renchérit : « 48% des Français ne comprennent pas pourquoi le bio est plus cher. Il n’y a pas assez de moyens pour expliquer pourquoi faut-il manger bio. »

Un ralentissement des engagements 

Si les acteurs du bio répètent qu’il faut « pérenniser ce qui est en place », la situation économique, le pouvoir d'achat et la politique agricole commune (PAC) en vigueur ont aujourd'hui d’importantes conséquences sur les producteurs. Notamment, un léger fléchissement des nouveaux engagements vers le bio. Entre janvier et août, 570 nouveaux opérateurs étaient engagés en région, contre 908, sur la même période en 2021. « Entre mars et août dernier, il y a eu un net ralentissement dû aux incertitudes de la nouvelle PAC, car on ne savait pas à quoi elle allait aboutir, avec en plus, des incertitudes liées au marché et des aléas climatiques », explique Sylvie Dulong.

Ce ralentissement concerne particulièrement les conversions, notamment en viticulture. « Beaucoup de viticulteurs sont en difficulté financière, et passer en bio n’est pas ce qui va les sauver. Il faut trois années pour se convertir au bio, et durant cette période, les viticulteurs utilisent un moyen de production qui coûte plus cher mais qui ne donne pas de résultat immédiat », explique la présidente de Bio Nouvelle-Aquitaine. Surtout, nuance Philippe Leymat, « le nombre d’agriculteurs et de viticulteurs convertis était important jusqu’alors, car la majorité des petites exploitations sautaient le pas. Aujourd’hui, il reste une majorité de grosses structures en conventionnel, et c’est beaucoup plus compliqué à mettre en place, pour elles ».

5% d'arrêts de certification bio

Positifs, les acteurs de la bio attendent désormais l’entrée en vigueur de la nouvelle PAC, le 1er janvier 2023. Objectif, sur le papier : atteindre 18% de la surface agricole utile (SAU) en bio, d’ici à 2027. « D’où, peut-être, le frémissement des demandes de conversions que l’on a enregistré en septembre », tente d’expliquer Sylvie Dulong. Après avoir vu son plan stratégique national (PSN) retoqué par la Commission européenne en première lecture, la France dotera l’aide à la conversion bio d’un budget en hausse de 36%.

Peut-être que ce coup de pouce limitera également les arrêts de certification bio enregistrés en Nouvelle-Aquitaine comme ailleurs. L’année dernière, sur la région, ces arrêts étaient de 5%, soit 1% de plus qu’en 2020. « Ces sorties du bio s’expliquent par des arrêts totaux d’activité, départs à la retraite, décès, avance Katell Petit. Mais il y a aussi des producteurs, environ 40%, qui choisissent de ne plus être certifiés. Cela concerne au deux-tiers les productions végétales, et plus marginalement les fermes d’élevages laitiers. »

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