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Nouvelle-Aquitaine : Ferrocampus se positionne en acteur du train de demain

Écosystème
mardi 08 novembre 2022

Le site accueillera à terme un atelier raccordé aux voies, pour expérimenter sur des "trains laboratoires". Crédits : Région Nouvelle-Aquitaine - Françoise Roch

Deux ans seulement après la création de l’association éponyme, le projet Ferrocampus, à Saintes, se positionne déjà en acteur fort de la filière ferroviaire. Alors que les travaux du site démarrent à peine, industriels et entreprises se regroupent autour de deux projets d’innovation : pour une nouvelle signalisation ferroviaire frugale, et pour développer le TER de demain.

C’est un projet à 65 millions d’euros, que porte la Région Nouvelle-Aquitaine à hauteur de 50 millions d’euros. Lancé en 2020, Ferrocampus veut être un lieu « unique en France », à Saintes (17). L’ambition ? Relancer la filière ferroviaire en France, considérée comme stratégique pour le gouvernement et son plan France 2030, tant sur le volet formation que sur l’innovation et l’industrie. Après deux ans de mise en œuvre du projet, ce dernier « entre dès maintenant dans sa phase opérationnelle », se réjouit le Conseil régional néoaquitain. L’acquisition du site, appartenant au groupe SNCF, a été actée, et les travaux démarrent « pour une première mise en service du site en 2025 ».

« Le bâtiment sera sur une partie du site de la SNCF qui n’est plus utilisée, et qui correspond à 14.000 m², présente Séverine Rengnet, directrice générale de l’association Ferrocampus. Une partie sera destinée à accueillir du public – étudiants, demandeurs d’emploi, visiteurs -, une autre servira au pôle formation avec l’installation de deux écoles d’ingénieurs, l’Eigsi et l’Estaca. Il y aura un pôle digital pour le pan innovation, et un atelier raccordé aux voies pour expérimenter sur des trains laboratoires. » Un site qui se veut complet, et qui ne cache pas ses ambitions européennes.

Deux consortiums d'acteurs nationaux

Sur le plan de l’innovation, deux projets sont aujourd’hui portés par Ferrocampus, et intégrés dans les programmes d’investissements d’avenir (PIA) portés par le gouvernement, labellisés France 2030. Le premier, baptisé « nouvelle signalisation ferroviaire frugale », s’étend sur trois ans, pour un investissement de 27 millions d’euros. Porté par un consortium d’entreprises comme Thalès, Geosat, Clearsy et Setec, il s’inscrit dans l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) « digitalisation et décarbonation des transports ». « Ce projet vise à faire évoluer la signalétique pour diminuer son coût, et pour pouvoir augmenter le trafic ferroviaire, reprend Séverine Rengnet. Il s’agit de travailler sur l’ensemble du territoire régional, sur les lignes de dessertes fines. »

Le second projet, qui entre dans le cadre du même AMI, porte sur le « train léger innovant ». D’un montant de 90 millions d’euros, il durera cinq ans et sera signé d’ici quelques mois. Le consortium, porté par SNCF Innovation, compte également le constructeur Caf France, Thalès, Alstom, Texelis, Railenium, Capgemini, Cerema, Wabtec et Ektacom. « Les partenaires développeront chacun des briques comme l’aménagement intérieur, un nouveau système de liaison au sol, une motorisation à faible émission ou une technologie de train autonome. L’enjeu est d’inventer le TER de demain avec de nouveaux usages, une conception optimisée et des énergies durables », déroule la directrice générale.

Former 900 apprenants par an

Côté formation, dès 2023, trois Bachelors et un Master s’implanteront au lycée Bernard Palissy à Saintes, avant de rejoindre les locaux de Ferrocampus en 2026. Objectif : former 900 apprenants par an, à horizon 2030. « Les besoins sont nombreux, on estime à 15.000 le nombre de recrutements dans la filière d’ici à 2025, avec un besoin récurrent d’ingénieurs, souligne Séverine Rengnet. Ce sera un axe fort, mais nos formations s’étendront du CAP au bac+5 pour les formations initiales, sans oublier les formations continues. » Selon la Région Nouvelle-Aquitaine, la filière ferroviaire aurait aujourd’hui besoin de recruter 800 ingénieurs par an, tandis que 200 seulement sont formés chaque année.

Si le site de Ferrocampus ne sera entièrement opérationnel qu’en 2025, ces 8 et 9 novembre ont lieu les Ferrocampus Days. Les « premières rencontres nationales autour du ferroviaire », à destination des professionnels, entreprises et industriels. Au programme, notamment, des Assises des lignes de desserte fine du territoire, ou encore un hackathon pour « préparer les réponses aux futurs appels à projets, sur les besoins concrets du ferroviaire ». Un moyen, pour Ferrocampus, d’intégrer les PME dans son programme, et pas uniquement « les majeures de la filière ». « Nous devons travailler ensemble pour avoir un service fiable, sécurisé, accessible, avec un impact CO2 minimal et une équation économique gérable. Voir comment le ferroviaire peut augmenter sa part modale sur la voiture, et répondre aux nouvelles attentes du territoire », martèle Séverine Rengnet.

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