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Nouvelle-Aquitaine : des artisans confiants, mais inquiets

Écosystème
jeudi 06 octobre 2022

Gérard Gomez animait fin septembre le Congrès régional des élus de la CMA Nouvelle-Aquitaine - crédit Alban Gilbert

Avec 5.000 créations nettes d’entreprises sur le premier semestre, l’artisanat néo-aquitain continue à se développer. Si la plupart des artisans se disent confiants quant à la stabilité de leur activité sur les six prochains mois, la Chambre de métiers et de l’artisanat de Nouvelle-Aquitaine relève des tensions sur le recrutement et la transmission, qui s’ajoutent aux inquiétudes liées à l’inflation.

L’artisanat en Nouvelle-Aquitaine représente désormais 184.000 entreprises, 200.000 actifs et 30 milliards d’euros de chiffre d’affaires. « Nous enregistrons un solde positif de 5.000 créations d’entreprises au premier semestre, c’est déjà un élément encourageant pour l’économie de notre région », s’est félicité mardi Gérard Gomez, président de la CMA Nouvelle-Aquitaine, lors de sa conférence de presse de rentrée. Autre élément de satisfaction : d’après une étude menée entre juillet et août au niveau national par Qualitest auprès de 2.000 artisans, il ressort que 73% des sondés prévoient que leur activité devrait soit se stabiliser, soit se développer, au cours des six prochains mois, malgré la dégradation généralisée de la situation économique. « On reste sur une population relativement confiante, avec un optimisme assez structurel, et des artisans qui voient une certaine solidité dans leur entreprise », estime Gérard Gomez.

La confiance n’empêche toutefois pas l’inquiétude face à l’inflation, à son impact sur le pouvoir d’achats, et à ses répercussions sur le coût de l’énergie. « Si l’étude était menée aujourd’hui, l’énergie serait le facteur de préoccupation numéro un, avec des interrogations de plus en plus nombreuses à l’approche de l’hiver. Comment se chauffer et continuer à produire, y’a-t-il des risques de coupure, le bouclier tarifaire sera-t-il efficace ? », résume le président. La CMA régionale, qui a récemment présenté son plan de mandature, prévoit dans ce contexte un accompagnement renforcé des artisans concernés, avec des interventions sous forme de diagnostic énergétique et de conseil sur la recherche de subventions ou l’appréhension des différents dispositifs de soutien gouvernementaux.

Transmission et recrutement restent des sujets chauds

En attendant, la prudence reste de mise. Sur les six derniers mois, 23% des artisans interrogés indiquent avoir déjà modifié la façon de gérer leur entreprise, et 46% affirment avoir limité leurs déplacements. Et si les velléités de cession augmentent légèrement (14% des sondés, contre 12% en 2021), la chambre régionale y voit surtout l’effet de la pyramide des âges. « 27% des artisans néo-aquitains sont âgés de 55 ans et plus, avec des pourcentages nettement plus élevés dans le monde rural », remarque Gérard Gomez. En réponse, la CMA annonce avoir lancé une phase de travail avec le conseil régional, pour mettre en place « des expérimentations sur les produits de transmission et de reprise sur ces territoires plus sensibles ». Avec la conviction que l’artisanat est en mesure d’attirer de nouveaux publics : sur les 25.000 créations d’entreprises enregistrées au premier semestre, la CMA remarque que 10% sont le fait de cadres en reconversion. Mais aussi de vraies tensions sur le recrutement. D’après le baromètre national, un quart des entreprises se disent prêtes à embaucher. « On estime qu’en Nouvelle-Aquitaine, 40.000 à 50.000 postes seraient à pourvoir, même si ces intentions de recrutement n’apparaissent pas dans les chiffres de l’emploi. Le manque de main d’œuvre reste un sujet brûlant qui ne s’est pas amélioré avec le Covid », constate le président.

La formation, qui représente à l’échelle de la CMA régionale 12.700 apprenants sur dix centres de formations (répartis entre 16 établissements), reste dans ce contexte un levier prioritaire. D’où l’appel en faveur du maintien des aides lancé par le président : « notre pays doit absolument continuer à accompagner fortement la formation par apprentissage. C’est un impératif pour répondre aux besoins de main-d’œuvre qualifiée de nos entreprises artisanales dans un contexte de forte tension pour de nombreux secteurs et métiers ».