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NFT : les Girondins de Bordeaux signent avec Sorare

Demain
jeudi 25 août 2022

Les Girondins de Bordeaux ont annoncé jeudi la signature d’un partenariat exclusif avec Sorare, la licorne française qui a réinventé le modèle des cartes à collectionner en permettant de spéculer sur le succès des joueur. Un accord grâce auquel le club espère gagner en visibilité, tout en profitant des royalties associées à la ventes des cartes de ses joueurs.

Les amateurs de ballon rond et de cryptomonnaies peuvent désormais se livrer à leur propre mercato sur les joueurs du Football Club des Girondins de Bordeaux (FCGB). Comme dix autres formations de Ligue 2, les Girondins viennent en effet de faire leur entrée officielle sur Sorare, une plateforme française qui propose de collectionner des cartes virtuelles de footballeurs. À la façon d’un manager d’équipe, l’utilisateur de Sorare est ensuite invité à composer des formations de cinq joueurs à partir des cartes qu’il détient, pour participer à des compétitions virtuelles qui lui permettront de gagner des récompenses, avec des résultats sont calculés en fonction des performances sur le terrain des véritables joueurs.

À cette mécanique ludique – inspirée de jeux comme Mon Petit Gazon ou Football Manager – s’ajoute une composante qui fait le vrai sel de Sorare : si le jeu est accessible gratuitement, la vraie collection commence en mettant la main au porte-monnaie, pour s’offrir des cartes en édition limitée. Elles prennent la forme d’un NFT (Non Fongible Token), à savoir à savoir un actif numérique dont la propriété est certifiée grâce à un enregistrement dans la blockchain, et se déclinent en plusieurs séries, en fonction de leur rareté, de un à 1.000 exemplaires. Ces cartes, renouvelées chaque saison et dont la valeur est indexée sur celle de la cryptomonnaie Ethereum (un concurrent du Bitcoin), ont des compétitions qui leur sont réservées, avec des récompenses qui prennent la forme soit de nouvelles cartes rares, soit directement d’Ethereum.

Une société valorisée 4,3 milliards de dollars

L’ensemble confère à Sorare un intérêt certain pour les spéculateurs : la plateforme permet en effet aux utilisateurs de s’acheter et de se vendre des cartes, avec une valeur qui va croissant pour les footballeurs les plus recherchés. Sur l’année 2021, Sorare revendique ainsi 325 millions de dollars de transactions. Le succès fulgurant de Sorare, lancée en 2019 et déjà présente à l’international, en a fait l’une des startups les mieux valorisées de France : la société, basée à Paris, a bouclé en septembre 2021 une levée de fonds de 680 millions de dollars emmené par le japonais Softbank, qui la valorise à 4,3 milliards de dollars, et lui donne les moyens de négocier en direct avec les grandes ligues sportives ou les clubs pour s’assurer l’exclusivité de l’exploitation de leur image de leurs joueurs sous forme de NFT.

Visibilité et nouveaux revenus pour le club

« Pour le FC Girondins de Bordeaux, s'associer avec Sorare représente une opportunité unique de gagner en visibilité auprès de plus de deux millions de fans de football du monde entier déjà inscrits sur la plateforme, tout en proposant une nouvelle expérience aux supporters déjà habitués à fréquenter les tribunes de Stade Matmut Atlantique », se félicite le club girondin dans un communiqué. L’accord avec Sorare devrait également se traduire par une nouvelle ligne de revenus, puisque la plateforme achète des droits à l’image. Elle accède par ailleurs au rang des partenaires premium du club, au même titre que des sponsors comme Bistro Régent, Cupra ou le Crédit Mutuel du Sud-Ouest. La plateforme rémunère par ailleurs les clubs lors de l’émission de cartes à l’effigie de leurs joueurs, avec un pourcentage qui varierait de 5 à 15% selon les contrats.

Un jeu d’argent ?
Reste une question sur laquelle a récemment décidé de se pencher l’Autorité nationale des jeux (ANJ), l’entité administrative chargée de la régulation des jeux d’argent en ligne : l’activité de Sorare doit-elle être assimilée à des paris en ligne, et donc soumise aux mêmes contraintes que des acteurs spécialisés comme Betclic ou la Française des Jeux, à commencer par l’interdiction aux mineurs ou la vérification d’identité ?

D’après le Monde, une rencontre entre l’ANJ et les dirigeants de Sorare est prévue début septembre pour clarifier le statut de cette nouvelle forme d’activité. « Nous avons une conviction, qui est appuyée par de solides arguments juridiques et les retours quotidiens de nos utilisateurs : ce que proposent Sorare et de nombreux acteurs français et européens est un nouveau modèle qui n'entre dans aucun cadre existant. Ne nous méprenons pas : il est normal que des règles s’appliquent à cette nouvelle catégorie que nous avons créée depuis la France, et c’est l’objet de nos discussions proactives avec les régulateurs. Ces règles doivent simplement correspondre à ce que nous sommes, et non pas à ce que nous ne sommes pas », a commenté Nicolas Julia, cofondateur et PDG de Sorare.