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Monnaie locale : Bordeaux veut utiliser la miel pour dynamiser le tissu économique local

Écosystème
vendredi 07 mai 2021

Certains services municipaux comme les musées pourraient accepter les miels - Crédits : Adobe Stock Ivoderooji

En discussion avec l’association Miel, qui gère la monnaie locale éponyme, la Ville de Bordeaux entend s’emparer de cet outil économique pour redynamiser le tissu local et accompagner les commerçants dans leur transition environnementale.

Peu valorisée depuis son implantation à Bordeaux en 2016, la miel, monnaie d’intérêt économique locale, pourrait connaître en 2021 une accélération de son développement. « Une réflexion est en cours sur l’ensemble de la métropole », se réjouit Yannick Lung. Coprésident de l’association Miel, en charge de la monnaie éponyme. « On cherche également à travailler avec les autres acteurs territoriaux. Chaque année en novembre a lieu le mois de l’ESS [ndlr : économie sociale et solidaire] et lors de la conférence de clôture en 2020, Pierre Hurmic le maire de Bordeaux a proposé que les quatre échelons territoriaux travaillent ensemble : la Ville, la Métropole, la Gironde et la Nouvelle-Aquitaine. Nous allons voir ce qui en sort. »

Pour la miel, la nouvelle majorité bordelaise permettrait de créer une vraie dynamique de croissance. « Cela créera une émulation parmi les autres maires de la Métropole, et nous pourrons avoir une écoute différente auprès des citoyens. Ensuite, c’est à nous de travailler pour que la monnaie circule de façon plus intense ! »

Pour aller plus loin : La miel, sera accessible sur smartphone en 2021

Sensibiliser les Bordelais

« Nous nous emparons d’ores et déjà du sujet, affirme de son côté Jean-Baptiste Thony, conseiller municipal de Bordeaux délégué à l’économie circulaire, le zéro déchet et la monnaie locale. Nous discutons régulièrement avec les coprésidents de la structure pour voir ce que l’on pourrait réaliser. » Parmi les projets, la ville élabore actuellement un plan d’actions pour accompagner le déploiement de la miel sur le territoire. Auprès des professionnels, mais aussi des particuliers.

« Le but est d’utiliser cette monnaie locale comme outil de l’accompagnement à la transition écologique, reprend l’élu. La miel s’appuie sur une charte fondée sur des valeurs environnementales et éthiques. C’est un peu un label pour les commerçants adhérant. » La municipalité prévoit un volet de sensibilisation, et aimerait organiser dans les prochaines années une semaine dédiée à la monnaie et aux échanges : à quoi cela sert dans une économie, comment fonctionne l’euro et bien sûr les monnaies locales.

Un outil pour aider l’économie

Seconde piste de développement : l’adhésion de la Ville de Bordeaux à l’association. « L’objectif, c’est que la mairie soit elle-même utilisatrice de la miel comme d’autres professionnels, poursuit Jean-Baptiste Thony. Nous pourrions recevoir des miels pour le paiement de certains services publics comme les piscines ou les musées. » La municipalité pourrait utiliser la monnaie locale pour des subventions, ou le paiement des agents volontaires. « Bien évidemment ce sont des réflexions pour l’instant. Nous regardons ce qui se fait autour de nous, nous en sommes au démarrage. » Si Jean-Baptiste Thony reconnait que c’est un peu prématuré « même si nous sommes en pleine crise et que ça serait utile », la Ville pourrait utiliser la miel pour relancer l’économie ou apporter une aide aux personnes précaires. « On fait d’une pierre deux coups : on les accompagne, et on accompagne les commerçants locaux. »

De récentes études montrent ainsi que la monnaie locale reste beaucoup plus longtemps sur le territoire que l’euro. « C’est une vraie redynamisation économique, analyse Amélia Gustave, ingénieure de projet à la Chaire économie sociale et solidaire de Sciences Po Bordeaux. On s’assure que l’argent est réinvesti auprès des commerçants, qui peuvent eux-mêmes payer leurs fournisseurs en miel. » Un paiement en monnaie locale permettrait de générer entre 1,25 et 1,55 fois plus de revenus pour le territoire qu’un paiement en euros. « Lorsque le commerçant local s’approvisionne auprès d’autres acteurs locaux, logiquement cela génère plus de richesses. »

Un développement organique

Pour l’instant, la Ville n’a aucun objectif chiffré dans le déploiement de la miel. « Il faut un équilibre entre le nombre de particuliers et le nombre de professionnels l’utilisant. S'il y a un déséquilibre les commerçants auront l'impression que personne ne les paye en monnaie locale, ou les particuliers ne trouveront pas de lieux où dépenser leurs miels. Il ne faut pas qu'on se plante, c’est pour cela qu’on prend le temps de réfléchir. »

Le coprésident de l'association pointe, lui, un paradoxe : les monnaies locales sont encore méconnues dans l'Hexagone alors qu'en parallèle, la France est l'un des pays possédant le plus de ces monnaies. Pour Bordeaux 2021 est bien une année d’élaboration, pour entrer dès 2022 dans le vif du sujet.

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