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Mesure d’audience : AT Internet rejoint le groupe Piano

Stratégie
mercredi 03 mars 2021

Après 25 ans d’indépendance, le pionnier girondin de la mesure d’audiences AT Internet a annoncé mardi 2 mars sa fusion avec Piano, un groupe américain spécialisé dans la personnalisation de l’expérience client. Un rapprochement stratégique grâce auquel le groupe basé à Mérignac entend bien se positionner – plus que jamais – comme une alternative aux géants américains pour la valorisation des données de navigation.

« Saison 2, épisode 1 ». C’est par ce titre que Mathieu Llorens, directeur général d’AT Internet, introduit l’annonce de la fusion amorcée entre le groupe familial, fondé à Mérignac en 1996, et l’américain Piano. L’opération, dont le montant n’a pas été communiqué, prend la forme d’une acquisition de 100% des parts d’AT Internet par Piano, en cash et par échange d’actions, ce qui permet à la famille Llorens de rentrer au capital du groupe américain.

Piano est un groupe spécialisé dans l’optimisation de l’expérience client, qui accompagne déjà plusieurs centaines de médias dans le monde autour des problématiques d’engagement, de monétisation et de personnalisation des contenus. Le groupe compte 400 collaborateurs, avec une présence significative en Europe, puisque toute sa R&D est par exemple réalisée en Ukraine. AT Internet, qui réunit un peu plus de 200 personnes, développe de son côté depuis 25 ans des outils de mesure d’audience et d'analyse des comportements en ligne, commercialisés auprès de médias, d’entreprises et d’institutionnels, en France et dans le monde. 

« Faire plus, et plus vite »

« La complémentarité est quasi parfaite entre nous, que ce soit au niveau du positionnement, des produits, de l’offre commerciale ou de la présence géographique, explique Mathieu Llorens. La donnée que mesure AT Internet prend toute sa valeur quand elle est susceptible d’être activée, c’est-à-dire mise au service d’un meilleur service rendu aux internautes ». Ce rapprochement doit permettre à AT Internet d’accélérer aussi bien sur le développement de ses outils de mesure d’audience que sur les volets commerciaux et marketing de l’offre, en profitant notamment de la présence de Piano en Europe, aux Etats-Unis et au Japon. Piano devrait de son côté s’enrichir de l’expérience acquise par AT Internet pour s’ouvrir à d’autres secteurs que celui des médias et développer ses positions sur les marchés où le groupe girondin est historiquement bien implanté, à commencer bien sûr par la France.

L’intégration de leurs solutions respectives constituera l’un des grands enjeux de cette fusion, mais les deux sociétés continueront à servir leurs propres clients de façon autonome. « AT Internet reste une société de droit français, j’en reste le dirigeant, et nous allons continuer développer un outil ouvert au reste de l’écosystème, c’est l’une des conditions de son succès, précise Mathieu Llorens. L’idée de ce rapprochement, c’est justement de voir à quelle vitesse et avec quelle force on peut pousser notre techno et notre positionnement, en sachant que l’environnement n’a jamais été aussi favorable pour nous permettre de nous différencier très fortement des "big techs" américaines sur les problématiques de vie privée. »

AT Internet, qui a lancé en novembre dernier une nouvelle version de sa solution Analytics Suite, compte recruter rapidement entre 15 et 20 personnes, avec des profils marketing et commerciaux sur ses différentes antennes et plusieurs ingénieurs pour soutenir sa R&D à Mérignac autour de sujets comme la mesure d’audience vidéo ou la génération automatique de recommandations.

Une fusion plutôt qu’une levée de fonds

Symboliquement, ce rapprochement marque la fin d’un cycle de 25 ans d’indépendance pour AT Internet. « On aurait pu ne rien faire, mais dans la mesure où nous investissons lourdement dans notre R&D, un déploiement plus large à l’international n’était pas envisageable sans une levée de fonds significative », analyse Mathieu Llorens. Faute d’acteur français ou européen prêt à suivre AT Internet sur le montant et les conditions demandés et peu enclin à se vendre à un grand fonds américain, le groupe choisit finalement d’engager les discussions avec Piano avant le début de la crise du Covid. « La vie d’entrepreneur consiste aussi à analyser les risques. Je préfère être associé avec un entrepreneur comme Trevor Kaufman, CEO de Piano, dont je partage l’ambition et la vision, que de rester sur le statu quo, commente le dirigeant d’AT Internet. Piano a une philosophie identique à la nôtre, avec un développement qui passe par la qualité du produit et non par le simple fait de brûler du cash pour ensuite aller chercher des fonds. »

Pour aller plus loin, retrouvez notre Placéco Live du 12 novembre dernier en compagnie de Mathieu Llorens, consacré à AT Internet et aux nouveaux enjeux de la mesure d'audience