Mamie Mijote lève des fonds pour ses cuisiniers seniors - Premium

En trois ans d’existence, Mamie Mijote s’est faite discrète. Cette entreprise, fondée par un restaurateur girondin, Éric Bengoa, propose un service de livraison de repas à destination des professionnels… Et assuré par des seniors. « J’ai eu des restaurants sur la côte Atlantique et quand j’ai dû revenir sur Bordeaux, je me suis demandé quoi faire, se remémore le fondateur. J’avais envie de changer de système et lorsque je croisais des personnes à la retraite, ou ayant plus de 50 ans, elles m’expliquaient avoir du mal à retrouver un job. » Ni une, ni deux, l’idée germe dans l’esprit d’Éric Bengoa. Il cible les entreprises et groupes bordelais, en proposant des plateaux repas. Un moyen de se baser sur des précommandes et ainsi pouvoir gérer plus facilement les stocks. Les plats sont contenus dans des bocaux en verre, récupérés ensuite par Mamie Mijote, pour un esprit « quasi-zéro-déchets ». Côté cuisine, toute personne de plus de 50 ans, à la retraite ou non, peut venir cuisiner ou assurer le service de livraison. Les seniors ne sont pas salariés mais, à l’instar d’autres entreprises de livraison, ont un statut d’auto-entrepreneur. « Mais nous ne sommes pas comme Deliveroo ou Uber ! Pour que l’un de leurs livreurs gagne sa vie, il doit faire 80 bornes par jour ! Ici, nous avons mis un an et demi pour nous structurer, former nos seniors à qui je ne peux pas demander la même rentabilité qu’un jeune », insiste le restaurateur. Chez Mamie Mijote, chaque personne définit son temps de travail selon ses disponibilités. Éric Bengoa rémunère son équipe « au-dessus du SMIC », en prenant en compte les 30% de charges qu’un auto-entrepreneur doit régler. « Et puis une autre problématique nous a fait choisir ce statut, reprend-il. Certains ont des pensions de réversion et ils ne peuvent travailler au-delà d’un certain temps, sinon ça leur coûte leur pension. » Collecter entre 150.000 et 400.000 euros Jusqu’à présent, l’entreprise a privilégié la croissance organique, choisissant de grandir via le bouche à oreille. Un développement raisonné qui a permis aux seniors de s’adapter, tout en doublant le chiffre d’affaires (non communiqué) et en atteignant la rentabilité. Chaque semaine, la dizaine de papis et mamies que compte l’équipe propose neuf entrées, neuf plats et neuf desserts différents, et assure environ 300 repas. Le groupe Eiffage a été le tout premier client d'Éric Bengoa, suivi de Keolis ou de quelques services de la SNCF. « Avant le Covid, nos journées étaient un peu des montagnes russes, reprend le restaurateur. Puis durant les confinements, nos clients nous ont demandé si l’on pouvait livrer leurs salariés à domicile. Il a fallu s’adapter car ce n’est pas du tout le même service, mais nous l’avons fait ! » Aujourd’hui, l’activité bat son plein, mais problème : Mamie Mijote a atteint sa capacité maximale, et doit refuser des nouveaux clients. Il y a peu, elle a ainsi lancé une campagne de financement participatif via la plateforme bordelaise Tudigo, pour récolter entre 150.000 et 400.000 euros. Ayant déjà acquis la partie foncière, Éric Bengoa pourrait, via cette levée de fonds, aménager les locaux, cuisine et laboratoire ; étendre les zones de livraison en recrutant de nouveaux seniors ; et ouvrir une conserverie. « C’est quelque chose que les clients nous ont souvent demandé, met-il en avant. Nous avons suivi les formations adéquates et sommes désormais capables d’en produire. » Marchés, épiceries fines, le restaurateur voit déjà comment développer son entreprise. « Le principe de livraison nous limite à un secteur. Là, nous pourrions nous ouvrir aux particuliers ! » Un projet de « corner » dans le centre-ville de Bordeaux, pour vendre des plats à emporter, est aussi en réflexion, toujours en employant des personnes seniors. « Les livraisons intra-Bordeaux sont un enfer pour nous, donc en ayant un pied-à-terre où l’on vendrait nos plats, ce serait une bonne alternative, imagine Eric Bengoa. Pour voir si le modèle est duplicable, et s’il l’est, pourquoi pas essayer de s’étendre partout en France ! » En attendant d'être présent ailleurs qu'en Gironde, le restaurateur espère pouvoir accepter de nouveaux clients. Et passer de trois zones de livraison, actuellement couvertes, à une dizaine. Mamie MijoteBasée à Lormont2 salariésCA : n. c.

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