« L’université est aussi là pour accompagner le développement économique », pour Manuel Tunon de Lara - Premium

Cette signature vous confère aujourd’hui la propriété de bâtiments situées sur les sites de Bordeaux Bastide, du Haut Vigneau à Gradignan, de Peixotto, Roquencourt et Lamartine à Talence, de Victoire Carreire et Bastide à Bordeaux, et du site d’Arcachon. Qu’est-ce que cela représente pour l'université ? Jusqu’ici nous étions affectataires de propriétés de l’Etat. Désormais, en en recevant la pleine propriété, cet immobilier pourra être valorisé ; car lorsqu’un établissement est affectataire des bâtiments, il a toutes les charges d’un propriétaire sans en avoir les avantages. L’université a défini deux parcs : le parc académique pour effectuer ses missions régaliennes de formation, de recherche et de vie de campus ; et le parc immobilier pouvant être valorisé en construisant des logements, en accueillant des entreprises ou – même si ce n’est pas notre politique – en pouvant les céder. Les retombées financières de cette valorisation serviront à maintenir le patrimoine académique, à construire de nouveaux bâtiments lorsque cela est nécessaire, à assurer la maintenance.Quels sont vos besoins aujourd’hui, sur le plan immobilier ? Avoir évidemment des bâtiments pour la formation, la recherche, et des campus qui accueillent le mieux possible leurs étudiants. Un tiers de notre patrimoine a déjà fait l’objet d’une rénovation via l’opération Campus, financée par l’Etat et la Région, et qui prendra fin en 2023. Nous souhaitons faire la même chose en termes de rénovation et de maintenance au long cours pour les deux autres tiers. Dans ces deux tiers, nous voulons dégager une marge pour des opérations de valorisation pure et dure. Jusqu’à présent, l’université est capable d’investir entre 4 et 5 euros par m² et par an pour l’entretien des bâtiments, tandis que nos besoins sont plutôt autour de 15 euros, a minima.Des logements mixtes et de l’accueil d’entreprises Vous parlez de dégager des marges, quels sont les leviers à activer ? Il y a plusieurs leviers. Réaliser des opérations de cessions, mais limitées : se séparer de petites parcelles seulement, qui ne nous sont pas utiles mais peuvent être valorisées dans la métropole. Par exemple à Talence, on se sépare de différentes parcelles qui vont permettre la construction de logements. Même si, encore une fois, ce n’est pas notre stratégie. Nous procédons à cela lorsque nous avons besoin d’avoir des apports financiers. Également, il y a les logements. De manière générale, sur la métropole, il y a un besoin de plus de logements étudiants et on veut prendre part à la construction, enrichir l’offre du CROUS. Nous sommes en train de construire un ensemble de logements étudiants à tarif préférentiel sur le terrain de Bordeaux Montesquieu, avec des services pour les étudiants. On pourra également réaliser des opérations de ce type dans le centre-ville, je l’espère. Mais le logement n’est pas que pour les étudiants et en été par exemple, les campus peuvent être désertés lorsque nos étudiants les quittent. Nous avons de plus en plus une politique de mixité, car c’est cela qui fait vivre un campus : avoir des étudiants, des chercheurs, des salariés de l’université… Bordeaux est une ville en croissance, avec une démographie en augmentation et un marché de l’immobilier en tension. Là aussi, on peut prendre notre part.Vous réservez aussi une part de votre patrimoine immobilier aux entreprises…Oui, on accueille des entreprises comme par exemple Treefrog Therapeutics. Souvent, ces projets se font avec des baux à construction durant de longues périodes. C’est ce genre d’opération de valorisation qu’on est en train de mettre en place. Au fil du temps, la relation entre les entreprises et l’université a beaucoup changé, et aujourd’hui de nombreux liens existent à différents niveaux. D’abord, les étudiants lorsqu’ils sortent diplômés, cherchent un travail. Les entreprises font partie des employeurs et elles ont besoin de formations qui collent à leurs besoins. Souvent elles doivent développer la commercialisation d’innovations, issues de l’université. Une entreprise peut avoir un besoin de compétences en matière d’ingénierie, de recherche, de laboratoire, de numérique… L’écosystème universitaire peut être très intéressant pour elle. D’ailleurs dans beaucoup de pays étrangers, les entreprises s’implantent sur les campus car elles peuvent s’y développer, au moins dans un premier temps. L’université est aussi là pour accompagner le développement économique, faciliter l’emploi.Concrètement, que proposez-vous aux entreprises ? Différents types d’accueils. Dans le campus de Peixotto, le bâtiment A4 sera requalifié pour devenir une forme d’hôtel à entreprises, avec un accueil modulable et des services de valorisation. Il y a aussi des projets spécifiques liés à telle ou telle entreprise, comme pour Treefrog. Ensuite, nous avons dans notre parc académique, un certain nombre d’entrepreneurs étudiants. Ils ont besoin de locaux pour faire leurs premières armes, plutôt sous la forme d'espaces partagés.Dégager 450M€ d'ici 15 à 20 ans De quel investissement parle-t-on, avec tous ces projets ? Pour vous donner un ordre d’idée, l’opération Campus était un financement de 485 millions d’euros. Cette opération de valorisation devrait faire une deuxième opération Campus, et il faudrait dégager à peu près 450 millions d’euros sur une période de 15 à 20 ans. Mais je pense que l’une des clefs de réussite serait que les universités puissent emprunter des fonds. C’est un point important sur lequel on n’est pas encore totalement aligné avec l’Etat : Bercy considère qu’emprunter serait une aggravation de la dette, mais là, il s’agit d’un investissement, d’un emprunt qui créerait de la richesse. Les hôpitaux peuvent emprunter de l’argent, beaucoup d’opérateurs publics aussi. Quand on a des sites universitaires comme le nôtre, porteurs d’une dynamique et d’une stratégie, ils ont les épaules largement assez solides pour assumer ce type d’opération. Pour terminer, Bordeaux Montaigne va-t-elle rester à part de l’université de Bordeaux ? Oui, mais ça se passe plutôt bien. Nous avons une société de réalisation immobilière pour l’opération Campus et nous avons souhaité qu’ils soient actionnaires. Le financement a aussi permis de faire de la rénovation sur le site de Bordeaux Montaigne. Après, c’est une stratégie d’établissement aussi, le patrimoine est beaucoup plus petit ; mais nous considérons que le campus est partagé et sert l’ensemble des étudiants. La séparation s’est faite, Bordeaux Montaigne n’a pas souhaité intégrer l’université de Bordeaux, leur trajectoire est différente mais pour nous ce n’est pas un problème.

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