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Liquidation judiciaire d’Alenvy : « Le temps a été notre ennemi »

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vendredi 28 janvier 2022

Alenvy livrait 600 clients réguliers. Crédits : MB

La société Alenvy, spécialiste de la livraison de paniers à domicile, vient de mettre la clef sous la porte. Erwan Moullec, l’un des cofondateurs, revient sur ce qui a conduit à la liquidation judiciaire.

Clap de fin pour Alenvy. La jeune pousse bordelaise, qui développait un service de livraison de paniers de producteurs locaux, a annoncé il y a quelques jours sa fermeture. Créée en 2018 par trois jeunes entrepreneurs, elle avait connu un boom de son activité en 2020 lors du premier confinement ; passant de 3 à 15 salariés en quelques semaines. Son chiffre d’affaires avait, lui, quintuplé, franchissant la barre des 587.000 euros. Pourtant, cette forte croissance n’aura pas suffi. « Cela faisait plusieurs mois qu’on tirait la sonnette d’alarme sur la santé financière d’Alenvy », livre Erwan Moullec, cofondateur de l’entreprise. Malgré un soutien de Bpifrance de 50.000 euros, et une recherche d’investisseurs, la décision a été prise le 19 janvier par le tribunal de commerce de Bordeaux. « En décembre dernier nous avions demandé une conciliation auprès du tribunal pour ne pas être pris à la gorge, mais ce dernier a refusé, reprend l’entrepreneur. Alors, nous avons dû déposer un dossier de procédure collective, et la liquidation judiciaire a été retenue. »

Pourtant, en septembre 2021, Alenvy annonçait l’ouverture d’une antenne à Toulouse. Un projet de développement dont les cofondateurs ont sous-estimé le coût. La trésorerie s’est affaiblie, et les prévisionnels n’avaient pu être respectés. « Les ventes étaient plus faibles que ce qui était prévu, ce qui a entraîné des difficultés financières. Je pense qu’on s’est lancé dans ce projet sans vraiment avoir la capitalisation pour. »

Un marché saturé ? 

Pourtant, la société était en cours de levée de fonds. Si aucun investisseur ne semblait prêt à se lancer dans l’aventure tout seul, Erwan Moullec confirme que l’un d’eux pouvait participer à hauteur de 200.000 euros, si d'autres suivaient. « Nous avions même des contacts avec un industriel, et le directeur général d’un grand groupe était venu nous voir à Bordeaux. On avait l’espoir que ça fonctionne, notre activité attirait l’intérêt de plusieurs personnes, mais le temps a été notre ennemi », analyse le jeune homme.

La faute au temps, donc, mais aussi à la multiplicité des acteurs ces deux dernières années. Le marché s’est retrouvé en forte croissance au printemps 2020, avec un retour en force du local et des circuits-courts. Alenvy aussi, a crû. Mais depuis, « nous avons connu une décroissance qui ne s’arrêtait pas, et qui était compliquée à gérer ». Le marché, lui, a saturé. D’autant que les mois passant, les anciennes habitudes des consommateurs sont revenues. « Je pense qu’il y a quand même eu une prise de conscience en 2020, reprend Erwan Moullec. Mais la réalité en France est celle du porte-monnaie, les gens ont plus envie de dépenser leur argent dans les loisirs, les plaisirs, que dans les circuits-courts. »

Retenir le positif

Pour autant, les cofondateurs d’Alenvy tirent un bilan enrichissant de leur aventure entrepreneuriale. Une aventure riche en valeurs aussi, car notre interlocuteur le dit, « nous sommes fiers d’avoir défendu ces valeurs de circuit-court, d’agriculture biologique, et d’avoir proposé à nos clients une solution pour mieux manger ». Maintenant, tous sont tournés vers l’avenir, et prêts à trouver un nouveau projet pour rebondir. Même si ce n’est pas au programme des prochains mois, car l’entrepreneuriat « demande du temps et de l’énergie ».

Et quand on met en avant leur possible manque d’expérience, Erwan Moullec ne met pas leur jeune âge en cause. « Je pense qu’il y a eu des facteurs extérieurs extraordinaires comme la pandémie, et il a fallu faire avec. On a appris le métier de gestionnaire d’entreprise sur le tas, forcément des choses ont été bien faites, et d’autres moins bien faites. » Alenvy travaillait avec plus de 150 producteurs et artisans directs, comptait plus de 600 clients réguliers et distribuait plus de 10.000 paniers par an.

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