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L’incinérateur de Cenon se refait une jeunesse

Écosystème
mardi 13 septembre 2022

Confié à Veolia dans le cadre d’une DSP qui court jusqu’en 2027, l’incinérateur de Cenon fait désormais office de « site exemplaire en matière de performances environnementales » d’après Bordeaux Métropole. 9 millions d’euros ont été investis pour réduire de 80% les émissions de ce site urbain, qui produit à la fois chaleur et électricité.

« D’après vous, le site est en activité ou à l’arrêt ? », interroge Christophe Gambier, directeur des trois sites opérés par Valbom, filiale de Veolia, dans le cadre du contrat de délégation de service public de valorisation et de traitement des déchets ménagers confié par Bordeaux Métropole. Si quelques volutes de vapeur trahissent l’activité des deux fours de l’incinérateur de Cenon, il est vrai qu’aucune fumée visible n’apparait en sortie de la grande cheminée qui surplombe le site. « Nous avions déjà un seuil d’émissions bas, mais les derniers travaux de modernisation réalisés sur le site depuis fin 2021 nous placent aux niveaux les plus bas de la réglementation européenne », se félicite le responsable. Les travaux ont également permis d’installer un système de récupération de la chaleur fatale perdue dans ces fumées. De quoi porter le rendement énergétique à 89%, et rajouter 3MW aux 22MW déjà délivrés par l’échangeur thermique qui permet à l’incinérateur de Cenon d’alimenter le réseau de chaleur urbain des Hauts de Garonne.

125.000 tonnes de déchets incinérées par an

Au cœur du bâtiment, deux fours à très haute température brûlent des déchets non recyclables, issus notamment de la collecte ménagère. 125.000 tonnes de déchets y sont traitées chaque année. De quoi fournir 70% de l’énergie nécessaire au réseau de chaleur dont les 23 km de conduite couvrent aujourd’hui les besoins de 13.000 foyers et de plusieurs équipements municipaux à Cenon, Lormont et Floirac. Depuis 2010, les fours alimentent également en chaleur un turbo alternateur dédié à la production d’électricité, dont les 20 GWh annuels correspondent à la consommation de 20.000 foyers. De quoi justifier le glissement sémantique qui fait qu’on ne parle plus d’incinérateur, mais d’unité de valorisation énergétique (UVE), pour cet équipement longtemps décrié dont les opérations doivent courir au minimum jusqu’au 31 décembre 2027, date de fin de la DSP accordée en février 2020.

« On a eu le nez creux quand on voit ce qui se passe avec les prix de l’énergie », remarque Jean-François Egron, maire de Cenon, qui salue les vertus sociales de cette UVE capable de chauffer à moindre prix les logements sociaux de sa commune, mais aussi sa piscine, ainsi protégée des risques de fermeture pour raison économique. « Nous avons désormais l’UVE la plus propre d’Europe dans le traitement de ses émissions », renchérit Patrick Labesse, vice-président de Bordeaux Métropole délégué à la collecte-tri et valorisation des déchets, qui prend bien soin de déminer la polémique selon laquelle la valorisation énergétique irait à l’encontre des objectifs que s’est fixé la collectivité en matière de réduction des déchets (-15% par habitant et par an d’ici 2030 selon le plan stratégique adopté en 2021). « L’objectif premier reste de diminuer nos déchets et de trier davantage, de même qu’on doit se fixer des objectifs en matière de bâtiments moins énergivores, mais nous avons besoin de cette énergie », estime-t-il. À plus forte raison quand les travaux de rénovation du réseau de chaleur des Hauts de Garonne prévoient de raccorder l’équivalent de 2.800 logements supplémentaires.

Cadence et acceptabilité

Reste qu’avec 125.000 tonnes par an à Cenon, et 260.000 tonnes par an dans l’incinérateur de Bègles, la Métropole doit importer des déchets pour faire tourner à plein régime ses deux unités de valorisation énergétique. Un constat qui ulcère les détracteurs de l’incinération, mais que ses partisans présentent au contraire comme une alternative à l’enfouissement. « Les candidats à l’installation d’un incinérateur ne sont pas nombreux », glisse Jean-François Egron. « Alain Anziani et la Métropole travaillent à la mise en place d’une société publique locale avec les territoires voisins qui seraient volontaires », précise Patrick Labesse.

En attendant 2027, et l’éventuelle remise en question de la valorisation énergétique, l’exploitant et la métropole ont optimisé les quais de déchargement du site, de façon à faciliter le transport par semi-remorques plutôt que par camion-bennes depuis les deux sites relais de Bordeaux-Lac et de Mérignac, pour limiter le nombre de rotations. Le site s’enorgueillit par ailleurs depuis peu d’un jardin urbain de 2.500 m², confié aux bons soins d’une association cenonnaise, pour des actions en direction du jeune public. La ville de Cenon et la Métropole arbitrent enfin le projet d’un « habillage » pour le bâtiment principal de l’usine, qui ferait oublier son âge et la fondrait plus naturellement dans le paysage urbain.

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