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Léa Thomassin (Helloasso) : « Les règles économiques sont inadaptées aux enjeux environnementaux »

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vendredi 01 avril 2022

Jeudi 31 mars, Léa Thomassin a présenté le manifeste de demain à la Cité Numérique de Bègles. Crédits : Helloasso

Le mouvement Impact France, qui rassemble les acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS), vient de dévoiler son Manifeste pour l’économie de demain. Léa Thomassin, présidente de Helloasso et ambassadrice du mouvement en Nouvelle-Aquitaine, revient pour Placéco sur ce projet.

C’est un manifeste qui aura demandé trois ans de travail, au plus de 1.500 membres du mouvement Impact France. Rassemblant plusieurs propositions pour encourager la transition écologique et sociale des entreprises, il est destiné aux candidats à l’élection présidentielle. « On considère que les règles du jeu, d’un point de vue économique, sont inadaptées aux enjeux tels que le réchauffement climatique, explique en préambule Léa Thomassin, présidente de Helloasso et ambassadrice régionale du mouvement. Alors, à l’échelle nationale, les équipes d’Impact France portent ce plaidoyer pour essayer de changer ces règles du jeu. Ensuite, à l’échelle locale, nous essayons de partager nos propositions, de fédérer des acteurs économiques car plus on sera nombreux, plus on aura de poids vis-à-vis des décideurs politiques. » Cinq propositions constituent ce manifeste.

Un indexe d’impact social et écologique

« On s’inspire beaucoup de l’index pour l’égalité professionnelle, mis en place il y a quelques années, reprend Léa Thomassin. Même s’il a ses limites, il a permis de mettre le sujet de l’égalité au cœur des entreprises. » La première proposition d’Impact France est le « socle » du manifeste : la mise en place d’un index d’impact social et écologique. Une sorte de référentiel commun à toutes les entreprises, qui prendrait en compte plusieurs critères. Environnementaux d’abord, comme les émissions de CO2 annuels d’une société ; pour encourager cette dernière à les réduire. Des critères sociaux ensuite, comme la diversité ou l’égalité professionnelle ; ou encore des critères de gouvernance. « Le système de notation reste à construire, mais il nous semble important d’avoir un référentiel commun. Si toutes les entreprises sont tenues de mesurer leur impact, inévitablement, ça produira un effet de recherche d’amélioration », réfléchit la présidente de Helloasso.

Un statut d’entreprise à impact

Deuxième proposition, la création d’un statut d’entreprise à impact. « Aujourd’hui, différents statuts existent comme celui d’entreprise à mission ou celui d’entreprise solidaire à utilité sociale [NDLR, ESUS], mais si les sociétés concernées remplissent les critères demandés, cela ne leur apporte aucun avantage », déroule notre interlocutrice. L’idée d’Impact France serait de créer un statut reprenant ces critères, encouragé par une « fiscalité plus juste ». Entre autres, un taux réduit d’impôts sur les sociétés. « De la même manière, l’objectif serait de penser à un accès privilégié, pour ces entreprises à impact, aux marchés publics », poursuit Léa Thomassin. 

Soutenir l’innovation écologique et sociale

« On voit qu’il y a un développement assez exponentiel de la "startup nation", et une volonté politique forte qui s’est traduite par des investissements assez conséquents. On souhaiterait pouvoir répliquer des dispositifs qui encourage l’innovation technologique, pour l’innovation sociale et technologique. » Impact France imagine ainsi des leviers – à l’instar des crédits d'impôt recherche ou des crédit d'impôt innovation -, qui seraient alloués à des entreprises spécialisées dans l’innovation écologique ou sociale. Également, l’association d’entrepreneurs porte le projet d’un statut de « jeune entreprise à impact », pendant écologique de « jeune entreprise innovante », qui permet l’allègement des charges sociales durant les premières années d’une société.

Fiscalité et filières d’avenir

Enfin, les deux dernières propositions concernent respectivement la fiscalité et la compétitivité. La première vise à conditionner l’aide fiscale au regard du degré d’engagement des entreprises. Une sorte de « bonus-malus de l’impôt sur les sociétés », pour que la fiscalité « soit vraiment un levier encourageant la transformation écologique ». « Car aujourd’hui, on est convaincu que les modèles existants ne fonctionnent pas », affirme Léa Thomassin.

Sur le volet de la compétitivité, Impact France cible les filières d’avenir comme l’agriculture ou la transition énergétique. « Nous nous sommes beaucoup inspirés du plan de transformation de l’économie française porté par le Shift Project. Ce dernier a identifié un certain nombre d’actions pour encourager les filières de demain », conclut l’ambassadrice régionale.

Plus d’informations sur le manifeste

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