À Cestas, les nouvelles mobilités font vibrer SGS - Premium

La direction et les salariés de SGS ont reçu, ce mardi 3 mai au matin, une visite des plus insolites dans leurs locaux de Cestas : la venue en vélo électrique et tenue de jogging de l’ambassadeur de Suisse en France, Roberto Balzaretti. Souhaitant favoriser les relations bilatérales, le représentant de la Suisse a entamé fin mars un tour de France des entreprises helvétiques engagées dans des démarches de développement durable. Sa route en petite reine a ainsi pris la direction de celle de SGS, leader mondial du testing et de l’inspection, coté en bourse et siégeant à Genève, qui détient en France 33 sites pour 3000 salariés. Parmi les trois basés en Nouvelle-Aquitaine (300 emplois), il a ainsi jeté son dévolu sur le site de Cestas qui élargit sa stratégie à des marchés liés à la mobilité douce. Réalisant des tests de durabilité pour le secteur aéronautique à la fin des années 80, l’antenne girondine avait en effet peu à peu pivoté vers l’automobile, domaine qui représente aujourd’hui 70% de son activité. De fait, nombre de constructeurs automobiles lui font appel depuis des décennies pour tester le matériel intérieur des voitures (mousses, tableaux de bord, tapis de sol…), mais aussi pièces et systèmes mécaniques ou électriques issus de prototypes ou de premières séries.Accélérer le vieillissement de la pièce par des vibrations et sous diverses conditions climatiquesDans les hangars de Cestas, au sein de 9000 m2, ces différents éléments subissent ainsi de multiples mises à l’épreuve. « Les sièges auto sont par exemple chauffés afin d’étudier leur dégazage. Des batteries ou boitiers de voiture sont placés dans de grands vibrateurs, soumis à des accélérations fortes, pour reproduire le vieillissement de la pièce après plusieurs années de conduite », décrit ainsi Fabien Friche, directeur du site de Cestas. Ces pièces sont aussi confrontées à des chocs thermiques, des variations de températures pouvant allant de -50° à 140 °. Les pièces en acier ou aluminium subissent, elles, des tests de corrosion, placées dans des chambres hermétiques projetant brouillard salin, gaz polluants et ultraviolets afin de reproduire des conditions réelles d’usure au soleil, en bord de mer, en zone polluée... S’y ajoutent des tests de mesures électriques pour évaluer la dissipation de charges électrostatiques, l’anodisation des alliages, ou mécaniques tels que des tests d’abrasion et de traction sur des composants électroniques. « Nous avons aussi un panel de "nez", des experts qui sentent et caractérisent en puissance les odeurs émises notamment à l’intérieur des véhicules », ajoute le directeur du site, précisant qu’à la fin des tests, dont le cahier de charge est défini par le client, le rôle de SGS est d’émettre des recommandations laissant de fait le client décisionnaire.Packaging, ferroviaire et mobilité propreCette société atypique a cependant au fil de la décennie élargi ses marchés, avec le packaging qui représente 10% de son activité, le ferroviaire, l’aéronautique et les nouvelles mobilités. « On se diversifie en effet vers les mobilités douces tels que les vélos électriques, les bornes de recharge, les batteries et systèmes de pilotage mais aussi le médical, la logistique… », pose Sylvie Teissandier, directrice au développement commercial, qui reconnaît une accélération de cette stratégie suite à la crise sanitaire. « Nous avons en effet été beaucoup impacté, à la même hauteur que l’a été le secteur automobile pendant la crise Covid et on en perçoit encore les conséquences dans la supply chain », ajoute Fabien Friche, directeur de l’établissement de Cestas qui comptait, en 2018, 140 salariés contre 110 aujourd’hui.Pour asseoir cette stratégie, SGS s’appuie sur plusieurs leviers. « L’évolution des directives impose des changements aux industriels. Nous les accompagnons désormais, tel un partenaire - pas juste en vérifiant mais en les aidant à être performant, dans l’innovation et dans leur besoin d’adapter leurs produits, d’intégrer des évolutions telles que la cybersécurité et le développement de produits connectés au sein de ces nouvelles mobilités », détaille Sylvie Teissandier, qui souligne une volonté forte de tisser davantage des liens avec des partenaires néoaquitains.Les nouveaux clients-partenaires : ACC, Serma, Logikko…Outre des contrats avec des sociétés telles que Valeo, Ibike, EVBox…, SGS travaille ainsi depuis 5 ans avec Serma Energy, située à quelques kilomètres de Cestas et spécialisée dans les tests de chimie de la batterie. « Nous réalisons pour eux des tests de corrosion environnementale pour des batteries. Nos activités sont ainsi complémentaires », commente la directrice commerciale de SGS-Cestas. Cette année, SGS a de même procédé à des tests de vieillissement mais aussi d’analyse de la qualité des gaz pour la start-up mérignacaise Loggiko, qui porte comme innovation un injecteur d’hydrogène pour moteurs thermiques et vient de lever 2 millions d'euros. Découlant d’un ancien partenariat avec Saft, un accord a été passé avec ACC (Automobile Cells Compagny), la coentreprise montée par TotalEnergies, Stellantis et Mercedes-Benz, qui ambitionne de devenir leader européen de la fabrication de batterie électrique, et dont le centre de R&D se situe à Bruges. Pour SGS, qui avait d’ores et déjà déployé 2,5 millions d'euros pour la construction en 2018 d’une extension de son site de Cestas, dédiée aux tests de système embarqué, les investissements vont ainsi se poursuivre, se doter notamment d’un nouveau bac de corrosion de 25 m3 et de vibrateurs plus grands et performants. Pour Alain Guy, président SGS France, « c’est en effet la partie électronique et électrique qui se développe le plus et va nécessiter des investissements. »

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