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En Gironde, le secteur du numérique est-il le gagnant du confinement ?

Écosystème
lundi 09 novembre 2020

Photo d'illustration - Adobe Stock Tippapatt

Entre un télétravail facilité et la digitalisation de secteurs plus traditionnels, le numérique et ses acteurs ne sont pas en manque d’activité durant ce deuxième confinement. Certaines entreprises sont même en croissance, malgré le manque d’événements et de réseautage qui se fait sentir.

« Je ne sais pas si le numérique tire son épingle du jeu, réfléchit le président de la French Tech Bordeaux, Cyril Texier. Disons que c’est un secteur qui crée de l’emploi car avec le confinement, certaines entreprises plus traditionnelles se rendent compte qu’elles ont du retard quant à leur digitalisation. Cela génère de l’activité pour les acteurs du numérique. »

Un avantage pour ces derniers qui voient parfois une hausse de leur chiffre d’affaires, contrairement à d’autres secteurs comme le tourisme, complètement à l’arrêt.

Une activité plus soutenue qu'au printemps

Selon Joris Liberati, coprésident de Aquinum (association des professionnels du numérique en Aquitaine), ce confinement est très différent du premier. « Au printemps dernier tout le monde était tétanisé, dans l’expectative. Là on voit qu’il se passe des choses, il n’y a pas vraiment de mise en veille. Les entreprises font appel au secteur du numérique, pour leur communication par exemple. »

En atteste l’activité de Primobox, entreprise spécialisée dans la dématérialisation des processus RH. « Nous faisons partie d’un secteur privilégié, renchérit Ludovic Partyka, CEO de la société. Chez Primobox nous terminerons l’année avec une hausse de 15% de notre activité, ce qui nous permet de réaliser un chiffre d’affaires de 4,5 millions d’euros. » Dans le domaine de l’entreprise, la croissance est soutenue depuis deux ans « car le marché est mûr », et la crise sanitaire vient accélérer cela.

« De mon point de vue le confinement permet à certaines entreprises de faire plus de croissance et de recruter, reprend Cyril Texier. Mais on assistait ces dernières années à une ruée vers les levées de fonds. Depuis six mois on sent un petit frein tout de même, un certain attentisme du marché. »

Manager à distance, un exercice plus ou moins facile

Avantage important de la filière numérique, la facilité à instaurer le télétravail. Primobox compte 43 salariés et en tant qu’entreprise à influence libérée, elle base son management sur la confiance, la responsabilité individuelle et l’épanouissement professionnel de chacun. « Je pense que c’est un vrai avantage pour nous, assure Ludovic Partyka. Je ne vois pas comment on pourrait garder le lien de confiance et la motivation autrement. » De l’aveu du CEO le premier confinement les a fait grandir, car même si les équipes de Primobox sont « plutôt jeunes et habituées aux ordinateurs », le télétravail n’était pas une évidence.

« Tout peut se faire à distance et c’est notre force, reprend Joris Liberati. Cela étant, le management des équipes dans ces conditions reste un défi. » Pour le coprésident d’Aquinum, également gérant de Leoxa, « rien ne remplace les échanges en face à face. J’ai une petite équipe, et nous essayons de nous voir une fois par semaine pour avancer les différents projets. »

Le manque d’événements impacte le secteur

Si l’activité semble soutenue, le monde du numérique est vaste, et il est impossible de faire des généralités. « Il est clair que le marché est favorable en ce moment, reconnaît Joris Liberati. Pour autant, je suis assez inquiet concernant les professionnels comme les indépendants par exemple, qui se basent souvent sur le démarchage et le réseautage pour assurer leur activité. C'est impossible de faire cela, ces derniers mois ! »

A la French Tech de Bordeaux, le constat est clair. « En temps normal de nombreux événements existent, rappelle Cyril Texier. Notre ‘French Tech Day’ par exemple a rassemblé l’année dernière 2.300 personnes. Pour beaucoup d’entre elles, c’est synonyme de signatures de contrats. Cela n’aura pas lieu cette année, c’est un vrai manque à gagner. »

Le secteur souffre de ne pouvoir se réunir, et le digital ne peut remplacer au long terme les rencontres physiques. Pour pallier ce manque le « phygital » est souvent plébiscité, et semble avoir encore de beaux jours devant lui.