Le chanvre, une filière d'avenir en Nouvelle-Aquitaine ? - Premium

Et si la Nouvelle-Aquitaine était l’une des futures régions françaises leaders en matière de chanvre ? La filière, naissante, est en pleine structuration, et les acteurs économiques commencent à se regrouper. Depuis le début de l’année 2021 l’association Chanvre Nouvelle-Aquitaine a été créée à l’initiative de 25 entreprises dédiées à la plante, sous-famille du cannabis, et le projet est soutenu par le Conseil régional. Ce dernier l’a même désignée « filière prioritaire » aux côtés de la silver économie, de la construction durable ou du numérique. « En 2018 la Région a lancé une étude pour explorer le potentiel de cette filière, se remémore la présidente de l’association Anne Reboux. Dès mars 2020, elle a mis en place un accompagnement pour structurer et accélérer son développement. »Une filière difficile à mesurer Selon Stéphanie Sauvé, consultante spécialisée dans la structuration de filières vertes et animatrice de l’association, la région compterait environ 500 hectares de chanvre cultivés. A l’échelle nationale (16.400 hectares en 2018) cela représente seulement 3%, « ce qui s’explique par l’absence d’unité industrielle comme cela a pu être le cas en pays de la Loire », présente l’étude réalisée. « Dans cette étude nous tablions sur 1.000 hectares cultivés en 2021, reprend Stéphanie Sauvé. Nous n’en sommes qu’à la moitié car le démarrage est long, nous devons aller chercher les collectivités locales. Une fois que nous serons lancés, les choses s’accélèreront. Pour 2027 nous prévoyons plus de 3.500 hectares et je pense que cette surface sera atteinte. » Alimentation humaine, cosmétique, matériaux de construction ou encore vêtements, les usages du chanvre sont variés. Lors de la réalisation de l’étude le chiffre d’affaires global régional était de 1,6M€, et si les prévisions annonçaient 5M€ de CA entre 2021 et 2022, il est difficile de savoir combien pèse la filière à l’heure actuelle. « Par exemple lorsque nous avions réalisé l’enquête nous n’avions pas intégré l’activité du CBD*, détaille Stéphanie Sauvé. Cela change tout, et si le CBD est légalisé cela peut générer un important chiffre d’affaires. » D’après le prévisionnel, en 2027 le chanvre pourrait générer un CA de 22M€ en Nouvelle-Aquitaine, soit 15 fois plus qu’il y a trois ans. « Nous préférons rester dans l’action que de refaire des prévisionnels tous les ans », tempère la consultante.A lire aussi : Baga lance ses boissons « apaisantes » au CBDCréer des synergies En l’espace de deux mois, Chanvre NA a doublé son nombre d’adhérents. Aujourd’hui elle en compte 50, tant producteurs que transformateurs ou distributeurs. Tous les corps de métier y sont représentés. « Cela montre une bonne dynamique, se réjouit la consultante. On ne pourra pas avancer sans être tous ensemble. » L’association se donne pour mission d’aider les porteurs de projet mais aussi de faire la promotion du chanvre, pour être visible auprès des instances publiques. « C’est une ressource pertinente pour répondre à la problématique environnementale, appuie Anne Reboux. La plante pousse très vite, ne nécessite pas d’irrigation ni d’intrants chimiques. C’est un formidable capteur de CO2, et c’est une production en rotation. C’est-à-dire que les agriculteurs alternent entre champs de chanvre et de leurs cultures traditionnelles. » « L’exemple des graines est pertinent car c’est un marché énorme, reprend Stéphanie Sauvé. Elles doivent être transformées pour être consommées. Certaines petites huileries artisanales ont internalisé tout le processus mais il faut massifier si l’on veut avoir un poids et apporter une valeur ajoutée. » Pour illustrer son propos la consultante cite un adhérent de Chanvre NA qui a récemment passé commande pour 250 tonnes d’huile bio, pour le commerce de CBD. « Cela montre le potentiel. Nous sommes en train de mettre en commun les différentes ressources pour répondre à cette demande, et que l’huile fournie soit autant que possible produite dans la région. »Des prévisions encourageantes D’ici 2027 la filière régionale serait, toujours d’après les prévisions, majoritairement guidée par le textile et l’alimentation humaine. Chaque secteur d’activité représenterait respectivement 32% et 29% du chiffre d’affaires global, sans compter le CBD. Le bâtiment, lui, pourrait peser pour 14% en Nouvelle-Aquitaine. Cela permettrait de générer 180 emplois, contre 10 équivalents temps plein en 2018. « Nous encourageons surtout les agriculteurs à produire plus pour avoir plus de débouchés, explique Anne Reboux. Le soutien de la Région est vraiment important pour nous, car nous permet d’aller plus vite. »*Comme le THC (tétrahydrocannabinol), le CBD (cannabidiol) est l’un des composés chimiques secrétés par la plante de chanvre, mais sa consommation n’entraîne aucun effet psychotrope. Contrairement au THC, le CBD n’est pas rangé dans la catégorie des produits stupéfiants. La loi n’interdit pas son utilisation, mais elle reste relativement vague quant aux modalités de son exploitation.

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