Laurent Lamara : « Marine Le Pen veut faire sauter la chape de plomb des entreprises »
À l’approche de l’élection présidentielle, Placéco est allé à la rencontre des rares patrons girondins ou néo-aquitains prêts à parler ouvertement de leur vote, de leur éventuel engagement en faveur d'une formation politique, et de leurs attentes quant aux enjeux économiques du prochain mandat.
Laurent Lamara, agent immobilier et conseil régional, votera Marine Le Pen ce dimanche 10 avril. Crédits : Laurent Lamara
Depuis 20 ans, Laurent Lamara est encarté au Rassemblement National. Arcachonnais, patron d’une agence immobilière, il défend le patriotisme économique voulu par sa candidate, de la suppression de plusieurs taxes à la réorientation de l’épargne des Français.
Sur le Bassin d’Arcachon, ce n’est un secret pour personne. Laurent Lamara, patron d’une agence immobilière employant deux salariés, est un soutien fidèle de Marine Le Pen. Ancien conseiller municipal, et actuel conseiller régional, il a rejoint le parti en 2002. Et pour lui, pas question de parler d’extrême droite. « Ce n’est pas vrai et ça l’est de moins en moins. Qualifier le RN d’extrême droite, c’est un argument utilisé par ses adversaires politiques, plutôt que de l’attaquer sur le fond. »
Le fond, pour Laurent Lamara, ce n’est pas que le programme économique, car « il y a énormément de choses ». Mais ce qui séduit l’agent immobilier, dans ce domaine, c’est avant tout que Marine Le Pen « veut faire sauter la chape de plomb qu’il y a sur les entreprises françaises ». « En tant qu’agent immobilier, je vois passer des marchés publics, explicite l’Arcachonnais. Ce sont généralement des lots énormes, dont les PME sont totalement exclues. Déjà il faut avoir la capacité administrative pour remplir les dossiers – chose que des PME n’ont pas -, et quand vous voyez l’inflation des normes, vous vous demandez si ce n’est pas fait pour écarter les petites entreprises... C’est terrible ! » Alors, bien sûr, quand la candidate RN dit vouloir donner la priorité aux PME dans les marchés publics, sa proposition fait mouche.
Une maîtrise de l’aménagement territorial
Marine Le Pen, avec cette mesure comme d’autres, entend créer un « patriotisme économique ». Notamment en conditionnant les subventions à la création d’emplois, au titre d’une politique d’aménagement du territoire. Laurent Lamara, y voit là une politique de "démétropolisation" nécessaire. « C’est considérablement important ! On le voit, les grandes métropoles comme Bordeaux mangent tout. En Gironde, toutes les infrastructures sont à Bordeaux, et ça, ce n’est pas correct. » Lui, prône une maîtrise de l’aménagement du territoire, une réorganisation menée par l’Etat. « Car les entreprises ne vont pas s’installer là où il n’y a pas de services publics, de transports ! » Il illustre ses propos. « Toute la partie nord du Bassin est dépourvue de gare. La seule chose à faire, c’est prendre le bus car il n’y a pas de train. »
Ce manque d’infrastructures contribue, pour lui, à la fracture territoriale. Difficile d’attirer des familles dans des territoires sous-dotés, malgré des confinements successifs et des envies d’espaces verts. « Il faut se focaliser là-dessus, martèle Laurent Lamara. Car les industries – qui vont où elles peuvent recruter – jouent un rôle impressionnant pour irriguer un bassin de vie. »
« L’immigration coûte une fortune »
Les jeunes actifs ne sont pas non plus en reste. Le programme de Marine Le Pen consacre une série d’actions pour les moins de 30 ans, comme l’exonération d’impôts sur le revenu des jeunes actifs ou la suppression de l’impôt sur les sociétés durant les cinq premières années d’activité pour les entrepreneurs jusqu’à 29 ans. « J’aurais été content d’en bénéficier, moi, de ces mesures. Ça m’aurait permis de respirer un peu plus, se remémore le chef d’entreprise. Comme la cotisation foncière des entreprises ! Marine Le Pen est pour sa suppression, et je pense que toutes ces taxes sont faites pour être le moins compétitif possible. On en revient aux appels d’offres, à l’échelle européenne parfois. Quand on arrive à une compétition de natation avec les pieds liés et 30 kg sur le dos… » Pour autant, supprimer des cotisations reviendrait à diminuer les recettes de l’Etat. À cette problématique, Laurent Lamara a la solution : s’attaquer à l’immigration, « qui coûte une fortune ». La candidate RN chiffre jusqu’à 16 milliards d’euros d’économie. « Comme l’aide médicale d’Etat et tout un panel de choses », soutient l’agent immobilier.
Enfin, le patriotisme économique passerait aussi, de l’avis de notre interlocuteur, par un meilleur soutien du monde bancaire. Sa candidate propose d’ailleurs la création d’un fonds souverain français plus attractif que le livret A, pour réorienter l’épargne des Français vers des secteurs stratégiques et de l’innovation. « Comme ça, tout le monde pourrait dire qu’il contribue à l’économie du pays. »
