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Gironde : quel est l'impact de la pression démographique ?

Écosystème
jeudi 02 décembre 2021

L’A-Urba, agence d’urbanisme de Bordeaux Aquitaine, a réalisé il y a peu Giroscopie. Un guide compilant de nombreux chiffres sur des sujets comme la démographie, le dynamisme et l’emploi, ou encore les mobilités en Gironde. Lionel Bretin, chargé d’études et géographe à l’A-Urba, nous présente ce dossier.

Pourquoi et comment avez-vous conçu ce document ?
C’est un deuxième volet, en quelques sortes, d’un document qu’on avait déjà produit il y a deux ans et qui s’appelait Métroscopie. Il présentait des chiffres à l’échelle de la métropole bordelaise, et cela nous semblait intéressant de le compléter à une échelle un peu plus large, celle de la Gironde. Nous sommes allés chercher les chiffres les plus récents sur différentes thématiques qui concernent l’aménagement du territoire et l’urbanisme, sur lesquels on travaille tous les jours. L’idée, c’était d’apporter de l’objectivation dans tous les échanges, les débats publics, médiatiques, politiques, qu’il peut y avoir autour du chiffre. On sait que c’est une donnée très importante, chacun peut s’en emparer selon ses besoins, ses envies, et notre idée était d’amener de la sérénité dans les débats. Concernant le choix des différents indicateurs il y a des choses assez classiques comme l’habitat, la mobilité ou les emplois, et on les a complétés avec d’autres données comme les offres de soin, l’occupation du sol, les consommations et productions d’énergie.

C'est en quelque sorte un petit manuel à destination des élus politiques ?
Oui, on peut dire ça. On voulait que ce document soit assez pédagogique, à destination des professionnels, des techniciens, mais d’abord à destination des politiques qui ne sont pas forcément des professionnels de l’aménagement. On sort d’une période où on a eu plusieurs élections locales, qui ont amené de nouvelles équipes. Quelque part, c’est le bon moment pour accompagner, amener des éléments récents à toutes ces nouvelles équipes d’élus.


Crédits : A-Urba

Vous soulignez que la Gironde est très attractive, que c’est le département qui a gagné le plus d’habitants entre 2013 et 2018 ; mais aussi que le prix moyen au m² est passé de 2.680 euros en 2014 à 3.340 euros en 2018. Ajoutons à cela la fréquentation des transports en commun qui a augmenté de 34% entre 2014 et 2019, et on a l’impression que le département sature ou va saturer…
C’est effectivement l’un des enjeux majeurs que l’on observe depuis quelques années. C’est aussi comme cela qu’on a organisé le document, ce n’est pas qu’un atlas un peu brut, thématique, mais on a essayé de faire un chemin de fer pour présenter les différents sujets et les problématiser. Ce que l’on constate dans la première partie du document, c’est qu’on est sur un département très dynamique, c’est indéniable. En plus de la croissance démographique, les emplois suivent, ce qui n’est pas le cas partout en France (NDLR, en 2017, on comptait 661.000 actifs, soit 1 actif pour 2 résidents). Cela s’accompagne d’effets secondaires que nous désignons dans le document : une mobilité de plus en plus importante, une pression sur la demande immobilière et foncière, sur les besoins en différents services et équipements… Ensuite, dans la dernière partie de Giroscopie, nous essayons de mettre en avant ce que ça implique sur le cadre du territoire, le cadre de vie. Cette pression démographique, cette croissance urbaine et économique peut avoir un impact sur les ressources, l’environnement immédiat.

Je ne sais pas si on peut mesurer le niveau de saturation, mais cela génère de la congestion éventuellement, on ne sait pas quelles seront les limites. La question est : quel est le projet de territoire, pour accompagner cette dynamique-là ? Elle a été beaucoup portée, ces trente dernières années, par les élus locaux – comme la mandature d’Alain Juppé depuis 1995. En 2020 nous avons eu un basculement politique assez fort sur la métropole bordelaise, avec peut-être une autre vision du territoire, un autre projet de mandature : soit un accompagnement, soit un ralentissement, soit une gestion de cette croissance.


Crédits : A-Urba

On voit bien, sans grande surprise, que la Métropole concentre la majeure partie de la population. D’ailleurs, vous soulignez qu’en 2017, près de 70% des nouveaux arrivants en Gironde s’y installaient…
Il y a aussi un effet de masse sur la métropole. Le nombre de personnes qui entrent ou qui partent est plus important car on est sur un territoire plus concentré. Dans des zones plus rurales, moins denses, les volumes sont différents mais l’impact peut être très fort. Par exemple, quelques centaines d’habitants à Pauillac, dans le Médoc, valent autant que quelques dizaines de milliers dans la métropole. Cette dernière est aussi un point d’entrée car c’est là que se concentrent les emplois et d’autres fonctions. Le nombre d’étudiants a par exemple énormément augmenté ces vingt dernières années (NDLR, en 2018 près de 12.000 étudiants venaient s’installer en Gironde, soit 15% des nouveaux arrivants métropolitains). Dans le cadre d’un parcours résidentiel, de l’évolution de vie des habitants, ils vont ensuite chercher d’autres lieux de résidence, d’autres cadres de vie et ça ne se passe pas que dans la Métropole.

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