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La Nouvelle-Aquitaine fixe ses priorités pour la filière électronique

Écosystème
mardi 22 mars 2022

Le conseil régional a adopté lundi la feuille de route qui dresse les priorités et les objectifs de son action en faveur de la filière électronique. Répliquant la méthode déjà appliquée dans les domaines de la santé ou de l’industrie, elle prévoit 35 actions visant à répondre à un double enjeu de renforcement des compétences et de développement des capacités de production sur les technologies clé du secteur.

Si les grands noms français des semiconducteurs tels que Soitec ou STMicroelectronics évoquent plutôt l’Isère et la vallée du Rhône, la Nouvelle-Aquitaine peut s’enorgueillir d’une véritable filière électronique, incarnée en Gironde par la présence de Thalès, Safran, Serma Group et sa filiale spécialiste de l'électronique de puissance, PNY EMEA, EMS Factory ou Saft, sans oublier le nouveau centre de R&D dédié aux batteries lithium-ion pour voitures électriques monté par la coentreprise ACC. En ajoutant, hors-Gironde, de grands acteurs comme Legrand, Schneider Electric ou Magneti Marelli, l’ensemble représente, à l’échelle régionale, 300 entreprises, pour plus de 20.000 emplois directs et plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires. De quoi justifier, pour la région Nouvelle-Aquitaine, la mise en place d’une feuille de route dédiée.

Lancé début 2020 en réponse à la croissance organique du marché de l’électronique et à la dépendance quasi-totale aux fournisseurs américains et asiatiques, le chantier a rapidement trouvé un écho supplémentaire dans l’actualité, avec des problématiques exacerbées à la fois par la crise sanitaire, les difficultés d’approvisionnement qu’elle a entraînées et, depuis peu, la guerre en Ukraine. « La feuille de route vise en particulier le cœur de la chaine de valeur de l’industrie électronique mondiale, les activités permettant de développer des composants, des cartes électroniques ou des circuits intégrés, en ciblant prioritairement les marchés professionnels de l’automobile, de l’industrie, de l’aéronautique et du spatial, et du médical », a expliqué Andréa Brouille, vice-présidente en charge du développement économique et de l’innovation.

Sur le sujet, voir Pénurie de matières premières (4/5) : le Graal des semi-conducteurs

Le document, voté lundi, fixe quatre ambitions stratégiques : la fédération d’un écosystème régional, impliquant à la fois les entreprises, le monde de la recherche et les différents clusters concernés, le renforcement des capacités industrielles régionales – envisagé sous l’angle de la résilience, la maîtrise des technologies clé qui ouvrent les marchés émergents, et l’anticipation des besoins en compétences. Une philosophie générale qui n’est pas sans rappeler celle des plans français et européens de soutien aux filières stratégiques, comme l’a rappelé en séance l’élu bordelais de la majorité présidentielle Fabien Robert. « Avec les appels à projet de type France Relance, on procède par briques. Or ça ne règle pas le problème de fonds, qui est qu’on a perdu les compétences dans l’électronique. La région est par exemple prête à créer des micro-usines capables de reconstituer from scratch cette compétence », a répondu Alain Rousset, président du conseil régional.

À ce stade, il n’est pas encore question de moyens financiers, mais plutôt d’outils et de lignes directrices. Pour fédérer l’écosystème régional, elle propose par exemple la création d’un « Campus pour la maitrise de l’intégration et de l'industrialisation des technologies électroniques » (CMINT), qui servirait de point de contact entre les différents centres techniques évoluant déjà dans le domaine (Cisteme, Catie, Alphanov, Captronic). Elle prévoit également la mise en place de dispositifs incitatifs visant à favoriser l’installation d’industriels en Nouvelle-Aquitaine, ainsi que la création d’assises régionales destinées à faire valoir les compétences réunies sur le territoire. Dans la lignée du programme Usine du futur, la Région envisage de consolider les capacités d’investissement de la filière, à la fois sur la production proprement dite, sur l’industrialisation de technologies émergentes telles que la plastronique, l’électronique imprimée ou la mécatronique, mais aussi sur des problématiques de réemploi, de maintenance ou de recyclage. Elle inscrit enfin à son agenda plusieurs actions de coopération entre les différents acteurs de la formation et de la filière électronique pour identifier et préparer les compétences attendues à court et moyen terme par les entreprises.