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La LGV, pomme de discorde au sein de la majorité bordelaise

Écosystème
mercredi 10 novembre 2021

Le sujet de la LGV s'est invité à la table du conseil municipal de Bordeaux - Crédits : Adobe Stock Olrat

Introduit à l’ordre du jour du conseil municipal de Bordeaux sous la forme d’un vœu de soutien déposé par l’opposition, la question de l’extension des lignes à grande vitesse vers Toulouse et l’Espagne a fait émerger un clivage entre Pierre Hurmic, opposant déclaré au projet, et les élus socialistes et communistes, qui s’y déclarent favorables.

Le maire de Bordeaux avait pris soin de déminer le terrain le matin même, en rappelant lors d’un point presse que la polémique LGV ne relevait pas de la compétence de la Ville, et qu’il ne voyait pas grand intérêt à ce que l’opposition profite du conseil municipal pour exposer la position du gouvernement sur le sujet. Las, le sujet a tout de même été amené à l’ordre du jour, par l’intermédiaire d’un vœu de soutien porté par Thomas Cazenave au nom du groupe Renouveau Bordeaux, rejoint par Nicolas Florian et le groupe Bordeaux Ensemble.

Les membres de l’opposition ont tour à tour égrainé leurs arguments en faveur de la LGV, Thomas Cazenave commençant par rappeler que le grand projet du sud-ouest s’inscrivait dans le cadre de la stratégie de relance française par l’investissement, et en soulignant qu’il ne s’opposait pas à la réhabilitation des lignes de chemin de fer du quotidien, pour lesquelles plus de 1,5 milliard d’euros sont déjà fléchés par l’intermédiaire du contrat de plan Etat-région. « Ce n’est pas un "ou", en l’espèce, c’est un "et" », a fait valoir l’ancienne tête de liste LREM selon qui, sans LGV et sans dédoublement des voies au sud de Bordeaux, il n’y aura ni RER métropolitain, ni développement du ferroutage, ni report modal de l’avion vers le train.

Un message appuyé par Nicolas Florian, qui a évoqué un projet à l’intérêt aussi bien local que régional, faisant sortir Bordeaux de son « nombrilisme », avant d’expliquer que l’alternative envisagée - la modernisation des lignes actuelles - engendrerait des dépenses conséquentes pour un bénéfice bien moindre.

Les groupes PS et PC affichent leur soutien à la LGV

À ce stade, pas de scoop, l’ancien maire ayant déjà affirmé son soutien aux LGV. La surprise est arrivée avec les prises de parole des groupes de la majorité. « Le rail doit être la colonne vertébrale des déplacements de demain et ce, que ce soit pour les courtes, moyennes ou longues distances. Ceux qui viseraient à opposer les modes de transport décarbonés entre eux, ou les différents modes de train entre eux, négligent les dynamiques qui peuvent se construire et les cercles favorables qui peuvent se mettre en place. Nous sommes donc favorables au développement de la LGV vers Toulouse comme vers Dax », a déclaré Vincent Maurin, pour les communistes, selon qui le coût environnemental de ces infrastructures est compensé par leur durée de vie de l’ordre de 100 ans. « À part cet accord de principe sur la LGV, tout nous différencie des deux groupes de droite sur cette proposition de vœux », souligne tout de même le conseiller municipal, estimant qu’il incombe à l’Etat de ne pas se limiter à 40% du financement, puisqu’il a intégralement réglé la facture des LGV vers Lyon ou Marseille.

S’il regrette lui aussi cette iniquité territoriale, Mathieu Hazouard, pour les socialistes, voit dans le GPSO une chance pour le sud-ouest, Toulouse, mais aussi toutes les villes concernées par les futurs tracés. « Si vraiment nous voulons nous donner une chance de remplacer des modes de transport polluants, c’est un projet structurant que nous devons réaliser, et pas un simple rafraichissement de ligne », a-t-il estimé, avant de souligner l’effet positif du TGV sur le TER grâce aux correspondances.

« Les débats internes à la majorité relèvent de la biodiversité et nous y sommes très attachés »

S’amusant de cette « cacophonie » et de ces contradictions au sein de la majorité, Philippe Poutou a quant à lui choisi de faire simple, en affirmant sans détour son rejet du projet, qui devrait selon lui être remplacé par des investissements dans les petites lignes, plus à même de répondre aux besoins du quotidien.

« Je vous rassure, les débats internes à la majorité relèvent de la biodiversité et nous y sommes très attachés », a répondu d’une pirouette Pierre Hurmic, avant de laisser sa première adjointe, Claudine Bichet, rappeler les principaux arguments des détracteurs d’un projet qualifié d’anachronique. « Le coût de rénovation des lignes existantes, non saturées, serait deux à trois fois moins cher que les 14 milliards d’euros du projet. Pourquoi dépenser autant alors que la rénovation des lignes existantes est suffisante pour absorber l’ensemble des trafics ? », a-t-elle interrogé, avant de rappeler que la mairie était favorable à des investissements pour résorber les bouchons ferroviaires au sud de la ville.

Avec le vote contre du groupe Vert et l’abstention des groupes PS et PC, le vœu de soutien n’a pas été voté, mais le court débat qu’il a entraîné souligne les divergences d’opinion au sein de la majorité municipale… Comment se traduiront-elles à l’échelle métropolitaine, quand il s’agira de voter la participation financière au projet ? Réponse le 26 novembre prochain.

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