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Jean Fourche commercialise un vélo européen

Demain
mardi 21 septembre 2021

Mathieu Courtois, Benoît Maurin et Maël Le Borgne, cofondateurs de Jean Fourche. Crédits : MB

La startup Jean Fourche conçoit et vend des vélos fabriqués en Europe. Elle a commercialisé son premier produit il y a un mois, avec une particularité : aucun vélo n’est stocké, et tous sont fabriqués une fois les commandes effectuées.

Se faire une place sur le marché des vélos, avec des produits fabriqués au Portugal et en France, c’est le défi que s’est lancé Jean Fourche. À l’origine de la startup bordelaise, trois passionnés de deux-roues qui se sont rencontrés – ça ne s’invente pas -, dans un atelier de réparation participatif : Benoît Maurin, Maël Le Borgne et Mathieu Courtois. « Aujourd’hui, tout est fait en Chine ou à Taiwan. Pour nous ce n’était éthiquement pas correct car le vélo est un moyen de locomotion propre, mais il doit parcourir deux fois le tour de la planète pour arriver jusqu’ici », explique Benoît Maurin. Alors, le trio décide de créer sa propre alternative, à condition de mettre en place un cycle de production « plus raisonné et respectueux ».

Deux ans et demi après ses débuts, la startup a lancé il y a un mois la commercialisation de son premier vélo fabriqué, non pas en France, mais en Europe. Le cadre et la fourche sont conçus au Portugal, la selle et la béquille viennent d’Italie et la peinture est réalisée en région lyonnaise, entre autres. « Au-delà de la distance entre la Chine et la France, et donc des problèmes de transport et de logistique, les conditions de travail là-bas nous sont inconnues, reprend le cofondateur. Nous aimons le contact humain, découvrir directement sur place nos partenaires. » Aujourd’hui, il affirme que 85 % des composants viennent d’Europe.

Réussir à structurer la filière

Les vélos sont ensuite assemblés vers Saint-Etienne. Une solution pour travailler le plus localement possible car aujourd’hui, aucune ligne d’assemblage n’existe en Nouvelle-Aquitaine. « Nous sommes plusieurs acteurs à avoir des besoins similaires, il y a notamment l’entreprise bordelaise Vuf [ndlr, qui propose des vélos utilitaires]. Nous menons ensemble des réflexions, l’Agence de développement et d’innovation nous suit d’ailleurs, pour pouvoir se regrouper ici. » Objectif, d’ici quelques années, ouvrir une ligne d’assemblage régionale. Mais cela nécessite de fédérer les acteurs, recenser les besoins et budgétiser le projet. « En Auvergne-Rhône-Alpes, il leur a fallu deux ou trois ans pour un investissement de l’ordre du million d’euros, je crois », avance Benoît Maurin.

Un positionnement B2C et B2B

En attendant de pouvoir concrétiser ce projet, Jean Fourche a mis ses produits sur le marché il y a un mois. Avec une particularité : les vélos ne sont en vente qu’en précommande (trois par an) pour éviter le gaspillage de matériaux et d’approvisionnement. « Nous nous adressons à un public déjà un peu engagé pour acheter plus responsable, justifie le cofondateur. Chez nous le panier moyen est aux alentours de 1000 euros, souvent c’est un achat qui remplace la voiture. » Le délai de livraison peut aller de 1 à 3 mois, et depuis son lancement, 20 vélos ont été achetés.

Mais le trio ne se cantonne pas à la vente en ligne, et compte une dizaine de boutiques partenaires sur l’Hexagone. Pour diversifier leurs canaux de vente, les trois amis échangent également avec des entreprises souhaitant acquérir des flottes de vélos, ou avec des sociétés spécialisées dans la location touristique. « Les marges sont réduites lorsqu’il s’agit de B2B mais cela permet de faire du volume, d’obtenir plus de visibilité et c’est important », lâche Benoît Maurin.

Une rentabilité dès 2022 ?

D’ici la fin 2021, la startup espère atteindre 100 000 euros de chiffre d’affaires. Pour entamer, dès l’année prochaine, une montée en puissance. L’objectif affiché est ambitieux : vendre 300 vélos par série, et avoir maillé le territoire avec une cinquantaine de boutiques partenaires. Un nouveau produit sera également développé : un vélo utilitaire, pourquoi pas électrique, capable de transporter des charges lourdes. La rentabilité est visée dès la fin 2022, ainsi que la création d’un premier emploi – autre que les cofondateurs.

Financée sur fonds propres, et grâce à un prêt obtenu par le réseau Entreprendre, dont elle est lauréate, la startup compte sur une croissance naturelle pour prendre de l’ampleur. Et à l’évocation d’une possible levée de fonds, Benoît Maurin est catégorique. « On cherche la rentabilité, en raisonnant comme une entreprise industrielle. »

Jean Fourche
Basée à Bordeaux
3 cofondateurs
CA : n. c. 
www.jeanfourche.fr

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