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Ipan Ipan prêt à déployer sa recharge sans fil dans le monde entier

Stratégie
mercredi 13 octobre 2021

Franck Gaheneau, cofondateur et président d'Ipan Ipan - photo AL

Pionnier des technologies de recharge sans fil dédiées aux smartphones, Ipan Ipan a centré son modèle économique sur le marché des cafés, hôtels et restaurants. La société, déjà installée chez McDonalds ou Starbucks, se prépare à intensifier son développement commercial, avec l’ambition de faire de la recharge par induction un nouveau standard dans l’accueil commercial.

Historiquement basée à Pessac, Ipan Ipan a posé début octobre ses cartons dans un nouveau local de la technopole Montesquieu de Martillac. « On dispose d’environ 100 m² de bureaux, mais surtout de 200 ² de stock, qui vous nous faciliter la vie », commente Franck Gaheneau, cofondateur et PDG de cette société qui conçoit et distribue des solutions de recharge sans fil destinées à être intégrées au mobilier du secteur CHR (café, hôtellerie, restauration), soit directement en usine, soit en deuxième monte. « Cette année, nous avons déployé 2.000 points de charge sur des projets de première monte, et notre objectif est d’arriver d’ici deux ans à équiper l’équivalent de 50 établissements par mois dans le monde, en sachant que nous n’avons pas de concurrent sur le marché », indique Franck Gaheneau.

Pionnier de la recharge sans fil

Retour en arrière. Ipan Ipan voit le jour à Pessac en 2011, à une époque où les usages de la recharge sans fil dans le monde de la mobilité se limitent à des prototypes présentés sur les salons, notamment parce que les grands noms de l’électronique grand public n’ont pas encore convergé autour d’un standard commun. « On avait identifié la recharge par induction comme une technologie émergente promise à un bel avenir, il nous semblait important d’en acquérir la culture et de comprendre son marché », se souvient Franck Gaheneau. Ipan Ipan entreprend alors de développer des accessoires dédiés à la recharge sans fil, avec d’un côté des socles branchés au secteur, et de l’autre des coques pour téléphone leur conférant leur capacité à être chargé sans fil. « Entre 2012 et 2015, on a fait l’essentiel de notre chiffre en tant qu’OEM (fabricant d'équipement d'origine, ndr), pour des acteurs tels que Sony China ou LG Europe, mais on savait qu’il ne serait pas évident de trouver une place légitime sur le marché en tant que simple sous-traitant », indique le président.

Eloge de la patience

Les trois associés fondateurs imaginent alors d’investir le terrain des établissements recevant du public, avec la conviction la recharge sans fil va devenir un argument d’attractivité ou de fidélisation d’une clientèle confrontée à la peur de tomber à court de batterie. Problème : si la technologie a déjà fait ses preuves, son intégration en standard dans les smartphones prend du temps. « Le time to market n’était pas encore bon, mais on sentait vraiment ce projet, et on avait envie d’aller au bout », résume Franck Gaheneau. Ipan Ipan décide alors de développer un système de recharge par induction conçu pour être intégré de façon native dans du mobilier destiné à des bars, des fast foods ou des restaurants traditionnels, avec un émetteur très fin et un système d’alimentation électrique par baguettes clipsables, qu’elle fait protéger par brevet. « Amener une recharge sans fil en libre-service à la table n’est pas si simple, puisqu’il faut à la fois amener l’alimentation électrique et garantir une intégration suffisamment poussée pour que l’entretien ou les opérations courantes ne soient pas pénalisés », fait remarquer le cofondateur.

En réponse, Ipan Ipan décide se concentrer en premier lieu sur la construction de nouveaux établissements, où le mobilier neuf et les réseaux peuvent être adaptés à ce nouveau service. Fin 2019, elle signe son premier contrat d’envergure avec McDonalds, qui choisit d’intégrer ses chargeurs à ses nouvelles « collections » de mobilier. Avec leurs tables fixées au sol, et une fabrication déléguée à des partenaires industriels, les restaurants du géant de la restauration rapide se prêtent bien à l’exercice, mais le développement commercial reste pénalisé par cette logique de « première monte », puisqu’Ipan Ipan ne peut intervenir que sur l’ouverture de nouveaux établissements. « L’Espagne est aujourd’hui notre plus gros pays chez McDonalds, avec une cinquantaine d’ouvertures à l’année. En France, où on a démarré avec eux, c’est un peu plus compliqué dans la mesure où le réseau est décentralisé, c’est à chaque franchisé de prendre la décision », détaille Franck Gaheneau. Ipan Ipan, qui prospecte principalement en Europe et au Moyen-Orient via un réseau de commerciaux indépendants, a également signé avec des spécialistes de la restauration de concession, comme SSP qui utilise sa recharge sans fil dans plusieurs enseignes de la gare Montparnasse, ainsi qu’avec certains Starbucks, comme à Dubaï ou plusieurs cafés en cours de construction seront bientôt équipés.

Du secteur CHR aux magasins et aux bureaux

« La première monte reste vraiment la meilleure des réponses, puisqu’on équipe le mobilier directement en usine, mais c’est un marché qui s’inscrit dans le temps long », commente le cofondateur. En complément, Ipan Ipan a développé un système de recharge alimenté par batteries, destiné cette fois à du mobilier existant. La batterie, protégée contre les intempéries et verrouillée dans son logement, prend place sous la table. Elle alimente à la fois des ports USB et des émetteurs à induction, et dispose d’une capacité qui garantit plusieurs jours de charge aux utilisateurs finaux. La société travaille également à un dispositif autonome pour les tables extérieures, associant sa recharge sans fil à des panneaux photovoltaïques. La société, qui table sur environ 1 million d’euros de chiffre d’affaires en 2021, réalisé à 60% sur la première monte à raison d’une douzaine d’établissements équipés par mois, souhaite désormais intensifier ses efforts en direction des architectes, industriels et aménageurs qui accompagnent non seulement la restauration, mais aussi les points de vente, l’hôtellerie et… le mobilier de bureau. « Le flex office fait émerger des besoins », estime Franck Gaheneau.

Forte de ce positionnement, et des perspectives offertes par les ouvertures de restaurants programmées chez ses clients, Ipan Ipan estime pouvoir atteindre 2 à 3 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici deux ans, avec ses six collaborateurs en effectif constant et son réseau d’indépendants, et étudie le meilleur moyen d’accélérer la cadence. « Ça a été très long, mais nous sommes sereins sur notre positionnement, sur la technologie et sur son évolution, avec l’arrivée prochaine de la charge rapide. Il faut maintenant qu’on arrive à changer de dimension », conclut Franck Gaheneau, qui n’exclut pas la levée de fonds pour financer l’investissement commercial nécessaire, avec un tour de table d’environ 1,5 million d’euros.

Ipan Ipan
Basée à Martillac
Fondée en 2011
CA 2021 estimatif : 1M€
6 collaborateurs