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Immobilier atypique : un choix souvent stratégique pour les entreprises

Écosystème
lundi 04 octobre 2021

A Mériadeck, W'in a installé son espace de coworking dans l'ancien siège de la Caisse d’Épargne. Crédits : Leonid Andronov

De la Halle Héméra aux hangars en bord de Garonne, Bordeaux regorge de bâtiments insolites, occupés par des entreprises. Dans quel intérêt ? Comment reprend-on un espace classé monument historique ? Élément de réponse.

Depuis 2007, Bordeaux est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Les bâtiments remarquables de la ville attirent les particuliers, mais aussi les entreprises. À l’instar de l’ancienne usine de Marie Brizard, de l’ancien siège régional de la Caisse d’Épargne ou de l’immeuble Counord aux Chartrons. « En général ce sont des bâtiments recherchés ne serait-ce que par leur très bon emplacement, explique Simon de Marchi, directeur du promoteur immobilier Altae. Aujourd’hui, la priorité est de retravailler la ville sur elle-même donc forcément, c’est toujours intéressant d’être dans ces sites. Ils sont connectés à la ville, aux dessertes, aux services. »

La société Héméra, par exemple, fait de ces sites remarquables sa marque de fabrique. Spécialisée dans les espaces de coworking, elle a repris le site de Marie Brizard il y a quelques années. « On recherche un lieu avec une âme, une histoire », présente Julien Parrou-Duboscq, cofondateur de Héméra et actionnaire de Placéco. « Quand on a l’opportunité de pouvoir reprendre un bâtiment ancien, on aime bien perpétuer sa place dans l’histoire. Je considère que nous ne sommes que des passeurs. Il s’agit de remettre le bâtiment en état, pour à terme le transmettre aux générations futures. »

Une remise aux normes qui peut être coûteuse

Mais la rénovation de ces joyaux architecturaux a parfois un coût plus important que des locaux classiques. « Il faut prendre en compte la remise aux normes pour l’accessibilité PMR, le niveau de performance énergétique également, énumère Simon de Marchi. Un bâtiment remarquable n’est pas forcément plus cher, si on réutilise la structure sans faire de travaux conséquents… Mais aujourd’hui, ces bâtiments sont relativement énergivores. » Pour Julien Parrou-Duboscq, il y a « deux écoles » dans la transformation de ces bâtiments. « Souvent, les architectes essayent de gommer des éléments un peu anciens pour remettre des choses très actuelles, aux normes. » Lui, est prudent, et préfère la seconde façon de faire : ne pas trop superposer les époques. « Prenons l’exemple d’une climatisation qu’on installerait dans un bâtiment en pierres qui a 200 ans d’histoire. Ca pose un problème d’esthétique, et je ne suis pas certain que ce soit nécessaire. »

Dans le quartier de Mériadeck, l’ancien siège de la Caisse d’Épargne est occupé depuis peu par l’espace de coworking W’in. Pour le réhabiliter, elle a investit 600 000 euros « L’intérieur est classé, donc nous avons réalisé peu de travaux », commente Clarence Grosdidier. Le fondateur de W’in, lui aussi, fait de ces lieux atypiques sa marque de fabrique. « A Nantes, nous avons racheté une chapelle ! » Pour lui, la contrainte la plus importante est celle, lorsque le lieu est classé, des Architectes de France. « Mais nous nous inscrivons toujours dans une démarche de coopération avec eux. Nous les invitons à venir étudier le projet, la rénovation envisagée, etc. »

Attirer les clients... Et développer l'activité

Ce choix d’ouvrir des locaux dans des bâtiments remarquables ou classés, ne relève évidemment pas que de l’amour patrimonial. Héméra comme W’in en font des marques de fabrique, qui boostent leur activité. « Nous nous rendons de plus en plus compte de la grande importance, pour une entreprise, de son lieu de travail. Ouvrir un site de coworking dans un lieu historique a un impact très fort sur les entreprises, qui ne vont pas raisonner qu’en mètres carrés », analyse Julien Parrou-Duboscq.

« C’est un moyen de se démarquer, renchérit Clarence Grosdidier. L’autre volet de notre ADN, c’est l’expérience client. Sur le site de Mériadeck, cette dernière se veut assez forte car il y a une signature architecturale. Les clients s’identifient à la qualité de l’immeuble, c’est valorisant. »

Vous avez dit atypiques ?

Si certains sites, comme Mériadeck et Marie Brizard, sont connus, d’autres sont plus confidentiels… Et non moins atypiques. « L’immeuble Counord, aux Chartrons, est assez déroutant, reprend Simon de Marchi. Avant, il y avait d’anciens chais qui ont été complètement démolis. Dans les années 1970 cet immeuble de sept étages a été construit juste derrière un tissu d’échoppes bordelaises. » Le Trirème, boulevard Godard, retient également l'œil. Son architecture très moderne date de 2016. « Il a une vêture en aluminium brut, illustre Simon de Marchi. Cela vient refléter la lumière, et donne une impression un peu futuriste qui rythme les boulevards. »

Sur les quais de la Garonne, les hangars trônent eux aussi, atypiques. « Ces bâtiments étaient à vocation de stockage, se remémore le directeur d’Altae. Ils ont été retravaillés et entièrement réhabilités à la fin des années 2000, avec l’arrivée du tramway. Aujourd’hui ils abritent des commerces, des espaces de bureaux… C’est un exemple typique de reconversion d’un bâtiment un peu insolite. » Ces hangars, rachetés en 2018 par la société de la Tour Eiffel, sont classés au patrimoine mondial de l'Unesco. La foncière parisienne a investi 13 millions d'euros pour réhabiliter les lieux, et marquera symboliquement cette acquisition d'ici peu.

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