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Guerre en Ukraine : quelles conséquences pour l’agriculture de Nouvelle-Aquitaine ?

Écosystème
mercredi 02 mars 2022

Jean-Pierre Raynaud, vice-président de région en charge de l'agriculture ; Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine ; et Luc Servant, président de la Chambre d'agriculture de Nouvelle-Aquitaine. Crédits : MB

La guerre entre l’Ukraine et la Russie s’est invitée, ce mercredi, dans les discours des élus de Nouvelle-Aquitaine. En déplacement au salon de l'agriculture de Paris, le président de Région Alain Rousset et le président de la Chambre régionale d’Agriculture Luc Servant, ont évoqué les éventuelles conséquences pour la France et la Nouvelle-Aquitaine.

Ce mercredi 2 mars, le président de la Région Nouvelle-Aquitaine Alain Rousset s’est rendu au salon de l’agriculture de Paris. Au programme, des échanges avec les éleveurs et producteurs de la région… Mais aussi, les conséquences de la guerre en Ukraine sur notre agriculture. « Le contexte que l’on vit, cette guerre, doit être un accélérateur de réflexion quant à l’agriculture de demain. Comme pour l’industrie, l’étalement partout sur la planète des chaînes de valeur, d’approvisionnement, doit nous amener à considérer une réorientation, une accélération de la transition agroécologique », a déclaré en préambule le président du conseil régional.

Une inquiétude, concernant les voies d’approvisionnement, que partage le président de la Chambre d’Agriculture régionale, Luc Servant. « Nous sommes incapables de mesurer les conséquences que cette guerre peut avoir, a-t-il concédé. Il y a d’une part la question de la production en Ukraine et en Russie qui va s’arrêter, et d’autre part le sujet des transports qui est crucial. Si le détroit de Bosphore est bloqué, par exemple, le fret sera lourdement impacté. »

Les céréales, premiers produits concernés

L’incertitude plane donc. Illustrant ses propos, Luc Servant a cité en exemple la filière ukrainienne du tournesol, qui exporte chaque année en France 7 millions de tonnes de produits, majoritairement pour l’alimentation des animaux d’élevage. « L’importation de ce produit va s’arrêter dans les semaines à venir, a précisé l’élu. C’est un enjeu crucial pour l’élevage car la hausse du prix des céréales va encore fortement les pénaliser ; et notre dépendance aux protéines animales va s’accroître. L’agriculture doit retrouver sa place de production, c’est un sujet essentiel. » Autre conséquence directe : l'usine de trituration de Bassens, approvisionnée à 40% par des tournesols ukrainiens, pourrait subir si la pénurie se confirme, un ralentissement de son activité. Mais au-delà des spéculations, peut-on quantifier la dépendance de la Nouvelle-Aquitaine à l’Ukraine et à la Russie ? « Non, c’est difficile à cerner car ce sont des marchés qui alimentent tout le pays, a réfléchi Luc Servant. Nous ne sommes pas directement dépendants de toutes les filières, mais des déséquilibres de marché sont à prévoir avec un effet domino. »

Surtout, il est pour l’instant impossible de prédire dans quel état seront les terres de tournesol, de maïs ou de blé dans quelques semaines en Ukraine. Idem pour les réserves de semences, dont la Nouvelle-Aquitaine reste dépendante. « Nous avons des coopératives régionales qui ont des usines sur place, comme Maïsadour, comptant 450 personnes », a précisé Alain Rousset. 

D'autres conséquences à anticiper

Mais le président de région ne s’en est pas tenu qu’à l’agriculture. Selon lui, ces bouleversements concerneront autant l’alimentation que le secteur de l’énergie. Même si, a-t-il souligné, la France est moins dépendante de l’Ukraine que d’autres pays comme l’Allemagne. « Il y a une réflexion à avoir, nous avons notamment des sauts technologiques à réaliser sur le solaire. Ce n’est pas normal qu’en France, on dépende à 98% de la production de cellules photovoltaïques par la Chine », a martelé Alain Rousset. Selon lui l’Hexagone a un grand effort de recherche à faire, et il appelle le président de la République Emmanuel Macron à « orienter son programme énorme de 30 milliards d’euros sur la recherche fondamentale et ces sauts technologiques ».

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