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GPSO : l’Europe ne finance pas encore les LGV du Sud-Ouest

Écosystème
jeudi 30 juin 2022

Le sort des lignes à grande vitesse du sud-ouest n'est pas encore joué - crédit Alex Profit pour SNCF

Le Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest ne figure pas dans la liste des 135 projets d’infrastructure retenus dans le cadre de l’appel à projets 2021 du Mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE). Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, y voit le refus de l’Europe de financer les lignes à grande vitesse vers Toulouse et l’Espagne, et la nécessité de faire émerger un projet alternatif. Une position nuancée par les porteurs du GPSO, qui rappellent que la création d’une ligne à grande vitesse vers l’Espagne fait toujours partie des plans de l’Europe pour le « corridor Atlantique », et que les véritables financements européens se joueront plus tard.

Après de longs mois de tractations pour le financement du projet par les collectivités territoriales de Nouvelle-Aquitaine et d’Occitanie, la Commission européenne aurait-elle décidé de faire dérailler le GPSO ? Une chose est sure : aucune composante du projet ne figure parmi les 135 projets d’infrastructure ayant reçu le feu vert pour un financement européen, à l’issue de l’appel à projets lancé en septembre dernier. La liste des lauréats a été révélée mercredi, à l’occasion de l’événement Connecting Europe Days 2022, qui réunissait jusqu’à jeudi à Lyon les principaux acteurs de l’interconnexion des transports en Europe.

« Nous n'avons pas retenu le projet de nouvelle ligne à grande vitesse GPSO. Il nous a semblé que des alternatives, fondées sur les lignes existantes, permettraient de diminuer fortement l'empreinte environnementale du projet et seraient plus utiles à la mobilité quotidienne des habitants », a déclaré Karima Delli, eurodéputée EELV et présidente de la Commission transports au Parlement européen, en marge de cet événement. Des propos cités et repris par le maire écologiste de Bordeaux, Pierre Hurmic, jeudi matin. « La subvention européenne comptait pour 20% du plan de financement du GPSO, estimé à plus de 14 milliards d’euros, soit 2,8 milliards. Après avoir imposé aux collectivités un calendrier précipité de vote de leurs participations financières, et avoir demandé une avance financière à la Région Nouvelle Aquitaine, l’Etat doit aujourd’hui prendre acte qu’il faut arrêter ce grand projet inutile et destructeur de la biodiversité », réagit ce dernier dans un communiqué, avant d’appeler l’Etat et les parties prenantes du GPSO à construire un projet alternatif à celui des deux nouvelles lignes à grande vitesse, basé sur la modernisation des lignes existantes.

S’il est juste de dire que « l’Union Européenne ne financera pas le Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) dans le cadre de son appel à projets 2021 du Mécanisme pour l’Interconnexion en Europe (MIE) », comme l’écrit la mairie de Bordeaux, ce refus signe-t-il vraiment le glas du projet ?

Une demande préliminaire

Le préfet de la région Occitanie, Etienne Guyot, nommé coordinateur du GPSO, en tempère la portée. D’après lui, la seule demande déposée dans le cadre de cet appel à projet portait sur une enveloppe de 17,3 millions d’euros, sollicitée pour les études environnementales et une partie des travaux préparatoires liés aux aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux (AFSB), qui représentent dans leur ensemble une enveloppe de 900 millions d’euros, sur les 14 milliards d’euros totaux des deux composantes du GPSO (Bordeaux Toulouse et Bordeaux Dax, avec l’Espagne en ligne de mire). « Le contexte budgétaire a conduit la commission à ne retenir que les projets avancés en phase travaux », justifie la préfecture d’Occitanie. « Sur l’intérêt porté au projet GPSO, le professeur Carlo Secchi, coordinateur pour l'Union européenne du corridor Atlantique a déclaré le 29 juin à Lyon lors des journées européennes des "Connecting Europe" que le projet GPSO était jugé particulièrement indispensable », ajoute-t-elle.

Même son de cloche du côté de la région Nouvelle-Aquitaine, dont le président Alain Rousset s’est beaucoup impliqué en faveur du projet. L’un de ses représentants, joint jeudi par Placéco, rappelle que le financement européen du GPSO se justifie précisément par la voie nouvelle d’interconnexion qu’elle ouvre entre la France et l’Espagne, et que cet axe, dit du corridor Atlantique, figure toujours au programme du plan de financement « Connecting Europe Facility » porté par l’agence européenne pour le climat, les infrastructures et l’environnement (Cinea), qui lancera un nouvel appel à projets en septembre prochain. C’est donc potentiellement lors de cette nouvelle phase que se jouera le véritable match du financement européen.

« Le projet GPSO se poursuit et franchira une étape majeure ce lundi 4 juillet avec la réunion d'installation de la société du GPSO, qui sera suivie de la réunion du comité de pilotage. L’État reste pleinement mobilisé aux côtés des collectivités signataires du plan de financement afin de faire aboutir ce projet majeur pour les mobilités du quotidien et le développement du territoire », affirme enfin la préfecture d’Occitanie.