Girondins : la Ville ou la Métropole peuvent-elles dire non à un repreneur ? - Premium

La très médiatique situation des Girondins de Bordeaux s’est invitée en préambule du conseil métropolitain du 21 mai, avec l’expression d’un quasi-consensus autour de la nécessité de faire front commun pour faciliter la mise en œuvre d’un projet disposant d’un réel ancrage local. À la clé, un double objectif, rappelé par Alain Anziani, président de Bordeaux Métropole : pérenniser le club, mais aussi défendre l’intérêt des collectivités locales et, donc, du contribuable. Outre l’activité propre des Girondins et les 300 emplois que représente la structure, l’avenir du club implique en effet celui du stade Matmut Atlantique (propriété de la Métropole) et celui du château du Haillan (propriété de la ville de Bordeaux). Il représente dans le même temps un double poids dans les finances locales, avec d’un côté la question du loyer prévu pour le stade (4,8 millions d’euros par an versé par le club à la métropole) et de l’autre la dette contractée par le club en échange du non-paiement de la totalité de ce loyer depuis le début de la crise sanitaire. Cette dernière, qui s’élève aujourd’hui à une somme comprise entre 4,2 et 4,4 millions d’euros, fait l’objet de garanties contractées auprès des trois entités ayant participé à la reprise du club en 2018 auprès de M6 : la Dynamie SAS (la société constituée pour l’opération), le fonds américain GACP (actionnaire à hauteur de 13,6% jusqu’à sa sortie fin 2019) et King Street (devenu actionnaire à 100%). « Je leur ai rappelé que ces obligations devaient être respectées même en cas de défaillance du club », a affirmé Alain Anziani, tout en admettant qu’il ne serait pas forcément « facile » de faire jouer ces garanties dans la mesure où elles concernent des sociétés de droit américain. En attendant, ce volet financier semble avoir été bien intégré par les candidats ayant manifesté publiquement leur intérêt pour une reprise, à commencer par Pascal Rigo, Cyril Fievet et Elie Simon, rencontrés par le président de Bordeaux Métropole. « Tous les trois m’ont donné beaucoup d’assurances, y compris parlant de la dette (…) et ils ont bien compris qu’on souhaite un ancrage local », a indiqué Alain Anziani, tout en rappelant les « sommes considérables » évoquées pour la reprise (on parle de 130 millions d’euros) imposeraient sans doute le recours à des capitaux extérieurs. L’épineuse question du stade Si l’urgence immédiate concerne la reprise du club, avec l’échéance de la présentation des comptes face à la Direction Nationale de Contrôle et de Gestion (DNCG), programmée aux alentours de la mi-juillet, la question du stade Matmut s’inscrit en filigrane. Son exploitation est aujourd’hui assurée par SBA, filiale des groupes Fayat et Vinci, qui revendique 16 millions d’euros de pertes en cinq ans et appelle régulièrement à une clause de revoyure pour éviter le dépôt de bilan. « Nous avons fait une très bonne opération avec ce PPP (partenariat public privé), qui revient finalement à payer entre 80 et 90 millions d’euros un stade qui en vaut 200. Nous ne serions pas opposés à des clauses de revoyure qui fassent que l’on soit plus proactifs vis-à-vis de SBA », a déclaré vendredi Patrick Bobet, maire (LR) du Bouscat et chef de file de l’opposition de droite et du centre au sein du groupe Métropole Commune(s). Il a dans le même temps affirmé qu’il ne voyait pas d’objection à une gestion du stade par le club lui-même, scénario qui semble avoir les faveurs de la majorité. « Distinguons bien les choses. La priorité c’est d’abord de sauver le club. Ensuite trouver le meilleur modèle économique et à la fin, regarder ce qu’on fait avec le stade », tempère Alain Anziani. Reste une judicieuse question de procédure, soulevée vendredi en séance par Thomas Cazenave (Renouveau Bordeaux) : la question des garanties donne-t-elle à la Métropole le pouvoir de faire barrage à un éventuel acheteur, par exemple s’il ne répondait pas à cette volonté d’ancrage local ? « Les repreneurs qui sont venus nous voir nous ont dit qu’ils ne s’engageraient pas s’il y avait une opposition des collectivités territoriales (…) même si on ne peut parler que de ceux qui se manifestent », a répondu Alain Anziani, ajoutant qu’il serait difficile de porter un projet dont les fondements ignoreraient totalement les démêlés récents du club. À ce « pouvoir d’influence », réel mais finalement peu contraignant dans une vente de gré à gré, s’ajoute un « verrou », celui des garanties. « Si un repreneur vient et nous dit qu’il ne nous accorde aucune garantie il est évident qu’on refusera. Il y a donc une élimination qui se fera sur la capacité des repreneurs à nous convaincre qu’ils apportent des garanties suffisantes », a expliqué le président de la Métropole, avant de résumer : « C’est à la fois beaucoup et c’est à la fois peu ».

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