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Gironde : la commande publique, « dernier levier économique »

Écosystème
vendredi 23 avril 2021

Jean-Luc Gleyze, président de la Gironde - Crédits : Département de la Gironde

Le 30 mars dernier, le Département a signé une charte « pour la relance de l’économie en Gironde dans les secteurs du bâtiment et des travaux publics » avec plusieurs fédérations professionnelles. Une action pour ancrer la commande publique dans le territoire, tout en fixant des critères sociaux et environnementaux. En 2021, 260 millions d’euros seront alloués à cet achat public. Décryptage avec Jean-Luc Gleyze, président du Conseil Départemental et candidat à sa réélection.

Pourquoi est-ce important, pour la Gironde, d’investir dans la commande publique en 2021 ?
Parce que depuis 2015 et la loi Notre, le Conseil Départemental est privé de la compétence du développement économique, désormais réservée à la Région. Nous avons donc perdu la capacité d’agir en aides directes auprès des entreprises. Aujourd’hui notre seul levier pour agir sur l’économie girondine, c’est la commande publique. Nous sommes un très gros investisseur et nous le sommes particulièrement cette année avec 260M€ de budget dont 172M€ d’intentions d’achat. Sur toute la mandature en cours, et qui s’achève en juin prochain, nous avons réalisé un volume d’investissements qui dépasse le milliard d’euros.

Rehausser le budget de l’achat public était une nécessité en 2021, mais une nécessité pour la Gironde plus globalement : chaque année nous accueillons 20.000 nouveaux habitants. C’est l’attractivité du département, que nous devons maintenir, qui nous pousse à réaliser un certain nombre d’investissements. Par exemple la commande publique va servir pour le plan Collèges Ambitions 2024 d’un montant de 640M€, ou pour le plan Haut-Méga de 800M€. Mais aussi pour les routes départementales qu’il ne faut pas oublier, auxquelles on consacre 40M€ par an, entre autres.

Ce montant d’investissements est-il rendu possible grâce aux 40M€ d’aides obtenus de l’Etat via le plan France Relance ?
Non. Cette somme vient adoucir l’investissement d’argent public purement départemental, mais tous les investissements étaient déjà actés avant de recevoir ce soutien.

Lever les blocages des TPE/PME

30% des intentions d’achat sont réservés à des montants inférieurs à 40.000 euros hors taxes, pour des TPE et des PME. Est-ce encore compliqué de les attirer vers la commande publique ?
D’après les fédérations professionnelles, ces petites entreprises ont encore le sentiment qu’accéder à un marché public est extrêmement complexe pour elles. Elles peuvent penser n'avoir aucune chance d'être lauréates, ce qui crée une forme de repoussoir inconscient de ces marchés.

Au Département nous essayons, avec les chambres consulaires et les fédérations, de faciliter l’information et la connaissance, ainsi que l’accompagnement. Le montage du dossier peut être compliqué pour de très petites structures parfois familiales, donc il y a forcément des blocages qu’il faut lever pour montrer que c’est possible, et que ce ne sont pas toujours les mêmes qui décrochent les marchés. Le code qui réglemente cela est très strict – peut-être même trop parfois – car nous devons respecter la transparence. Pourtant lorsque je discute avec certains maires, ils aimeraient pouvoir avoir une préférence locale, que ce soit une entreprise de leur commune qui soit prise. La seule chose que l’on puisse faire, c’est inciter le plus grand nombre de sociétés girondines à déposer des dossiers.



Le plan Haut-Méga est lancé pour déployer la fibre optique sur le territoire - Crédits : Département de la Gironde

Pour revenir sur le plan Haut-Méga, qui vise à déployer un réseau public de fibre optique dans toute la Gironde, le Département a décidé d’investir car les acteurs privés ne voulaient pas. La commande publique est-elle un moyen de prendre le relai du privé ?
Bien sûr, et ce plan est particulièrement illustratif ! Les opérateurs privés ont indiqués depuis plusieurs années déjà qu’ils n’interviendraient que sur la métropole bordelaise et la ville de Libourne, car ce sont les deux seuls territoires jugés rentables pour déployer un réseau privé de fibre optique. En 2015 la question s’est posée de savoir si l’on reprenait la main pour le reste du territoire et nous avons décidé de le faire. C’est aussi ça la force de la commande publique.

Des critères ESG incitatifs

Plusieurs critères ont été définis dans cette charte. En matière d’égalité professionnelle femmes-hommes, de prévention contre les discriminations, ou encore d’environnement. La commande publique est-elle, maintenant, un vrai levier social et environnemental ?
Elle reste avant tout un levier économique et pour l’emploi. Nous sommes dans une période particulièrement difficile et tout ce qui peut être réalisé au titre de la commande publique permet de sécuriser et consolider l’activité économique d’un territoire, et ses emplois. Pour nous au Conseil départemental c’est la première entrée, absolument fondamentale.

Parallèlement il s’agit effectivement d’en faire un levier de la transition écologique, indispensable aujourd’hui. Y compris dans le domaine de la construction, qui doit être le plus vertueux possible. Mais c’est aussi un outil d’insertion sociale pur et dur via les closes d’insertion que nous avons ajoutées.

Ces critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) peuvent-ils pousser des entreprises à se tourner vers des pratiques plus vertueuses ?
Disons qu’une charte comme celle-ci permet de donner un signal fort sur la voie à suivre. Plus on banalise la recherche de produits, de techniques respectueuses de l’environnement, plus cela entrera dans les mœurs. On constate une préoccupation accrue des entreprises sur un certain nombre de sujets, environnementaux notamment. Il y a une prise de conscience progressive en matière entrepreneuriale et économique

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