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Développement économique : Bordeaux Métropole lance son plan d’action

Écosystème
jeudi 10 février 2022

Bordeaux Métropole a symboliquement donné le coup d’envoi, jeudi, de son nouveau schéma de développement économique, en présentant aux acteurs concernés son plan d’action 2022, les moyens mis en œuvre et les modalités de sa gouvernance. La collectivité se prépare dans le même temps à significativement muscler ses équipes en charge du sujet, qui passeront de 20 à 40 personnes.

Voté à la quasi-unanimité fin novembre, le schéma de développement économique, qui définit les modalités d’intervention de Bordeaux Métropole en matière de soutien au tissu économique local, avait fait l’objet d’une importante phase de concertation, menée avec les entrepreneurs, les filières et les chambres consulaires du territoire. Jeudi, les équipes de la Métropole se sont livrées à l’exercice de la restitution face à ces mêmes acteurs. L’occasion de revenir sur les grandes orientations de cette feuille de route pensée à horizon 2026, mais aussi et surtout de présenter les premières mesures concrètes qui en découlent.

L’attractivité économique et le revers de la médaille

« Cette feuille de route a trois objectifs. Répondre à l’attente des territoires et des acteurs économiques, raconter une histoire qui corresponde à nos compétences légales, et avancer sur la décarbonation de l’économie », attaque Alain Anziani, président de Bordeaux Métropole, qui, après les débats sur le bien-fondé de la marque Magnetic Bordeaux, réaffirme sans ambages son soutien à l’idée d’une métropole attractive, prenant l’exemple d’une filière aéronautique spatial défense largement courtisée par d’autres villes. « Moi je suis pour le développement, d’une façon très nette. Rien ne se résoudra sans développement, sans croissance, mais il faut un développement durable et une croissance verte. Pour trouver des solutions, il nous faut de l’innovation, c’est notre avenir. Produire moins de CO2 ne suffira pas. L’économie de demain sera celle qui captera le CO2 et le transformera », illustre-t-il encore.

Il admet dans le même temps la nécessité de ne pas éluder le« revers de la médaille de l’attractivité », à savoir les difficultés en matière de mobilité et d’accès au foncier, pour les entreprises comme pour leurs collaborateurs qui cherchent à se loger, et promet des réponses. Sur le volet mobilité, avec la feuille de route dédiée, qui prévoit le renforcement du ferroviaire, du tram ou du vélo, en plus de l’arrivée des bus à haut niveau de service. Quant au logement, Alain Anziani rappelle que l’intercommunalité doit surmonter trois difficultés que sont la disponibilité du foncier, son prix en hausse constante et l’acceptabilité de la densification des zones urbanisées, et se dit prêt à travailler sur le PLU, sur les capacités foncières de la métropole et sur les relations avec les élus pour arriver à relancer la production.

7 chantiers, 22 fiches et 300 actions opérationnelles

En attendant, c’est sur le développement économique que la Métropole se prépare à muscler son action, avec une feuille de route articulée autour de trois axes stratégiques (poursuivre les actions en faveur de l’emploi, accompagner les transitions, et rechercher l’équilibrage économique des territoires). Elle se décline en sept chantiers principaux, qui se traduisent en 22 fiches opérationnelles, impulsant elles-mêmes un total de 300 actions. « On voulait une feuille de route concrète, pas un manifeste. Les échanges lors des ateliers ont été constructifs. Ils ont permis de déboucher sur de nombreuses propositions. On en a retenu 90%, le reste étant souvent des sujets en dehors de nos compétences ou des sujets déjà lancés », indique Stéphane Delpeyrat, vice-président en charge du développement économique et maire de Saint-Médard-en-Jalles.

Faciliter l’accès au foncier économique

Sans surprise, l’accès au foncier constitue l’un des premiers volets de l’action métropolitaine, eu égard à la répartition des compétences avec la région. « On a pris le parti de travailler sous forme d’une offre de services, et notre produit c’est le foncier économique, en sachant que l’enjeu du zéro artificialisation nette nous oblige à le travailler un peu différemment. Le foncier économique de demain ne sera pas forcément un terrain nu », résume Stéphane Peyrichou, directeur général du développement économique à la Métropole. Ses services ont déjà lancé un travail de requalification de la zone d’activité de Bordeaux Nord, dont les résultats serviront à valider la méthode qui sera ensuite appliquée plus largement à l’échelle de la métropole.

Bordeaux Métropole confirme son intention d’accompagner la création d’une foncière publique dédiée aux projets relevant de l’économie sociale et solidaire (ESS). La collectivité se prépare par ailleurs à lancer ses premières acquisitions de foncier dans le périmètre de la nouvelle Opération d’intérêt métropolitain (OIM) Arc Rive Droite. Elle développe en parallèle un outil de cartographie interactive des offres foncières disponibles sur son territoire, et prévoit d’augmenter de 4 millions d’euros sa contribution à la capitalisation de la SEM Route des Lasers, pour l’aider à lancer un plan d’investissement de 100 millions d’euros sur son périmètre de Pessac. Bordeaux Métropole indique enfin lancer une mission de réflexion autour de l’artisanat et du commerce, dans le but de mieux cadrer une action visant à soutenir leur maintien ou leur implantation en centre-ville.

Soutenir les entreprises et les filières

Outre l’effet levier attendu suite à ses propres investissements dans la mobilité, l’eau ou la gestion des déchets, la métropole veut intervenir en soutien des entreprises à des niveaux divers. Elle annonce le lancement « dans les prochaines semaines » d’un outil d’autodiagnostic dédié aux enjeux de RSE, ainsi que la mise en place de plans d’action dédiés au tourisme durable (pour le mois de mars) et à l’ESS (au mois de mai). Outre les projets totem tels que Tarmaq ou Cœur Aéroparc, matérialisant son soutien à la filière ASD, elle indique vouloir participer à des sujets aussi divers que le développement de la silver-économie, l’économie circulaire, ou la logistique du dernier kilomètre, sans oublier l’hydrogène, la biomasse ou le photovoltaïque, en s’associant notamment aux projets du port de Bordeaux via l’OIM Arc Rive Droite. Plus concret, le développement du MIN Brienne passera dès 2022 par la définition d’un projet de renouvellement et la préparation d’une consultation.

Animer les territoires et partager la donnée

La Métropole souhaite enfin se positionner comme un animateur pour les différents acteurs qui œuvrent au développement économique, de la technopole Bordeaux Technowest à la French Tech Bordeaux en passant par l’agence de développement économique Invest In Bordeaux, avec une volonté d’ouverture aux territoires voisins, Médoc, Sud-Gironde ou Libournais. Elle annonce la création, en mars, d’un réseau métropolitain des développeurs économiques, accompagnée de conventions d’objectifs passées avec les agences et les chambres consulaires. La démarche sera soutenue par la création d’un « datahub », visant à mettre à disposition des acteurs du territoire l’ensemble des données dont la métropole dispose, afin de faciliter les choix d’implantation ou de développement d’entreprise. « L’idée est de créer un véritable centre d’intelligence économique », précise Stéphane Peyrichou, dont les équipes seront étoffées de façon substantielle pour répondre à ces différents objectifs. 

Un comité technique de gouvernance

« Nous allons passer d’une vingtaine à une quarantaine de personnes », confirme-t-il à Placéco. Le département du développement économique devrait ainsi accueillir trois personnes chargées de recueillir et traiter l’ensemble des demandes entrantes émanant des acteurs du territoire, avant de les dispatcher vers des chargés de mission positionnés sur des sujets tels que l’artisanat, l’hydrogène ou l’ESS. La Métropole réfléchit en parallèle à la mise en place, d’ici septembre, d’un « comité technique » chargé de mesurer les différents indicateurs de performance et formuler des recommandations en vue de faire évoluer la feuille de route, avant que ces dernières ne soient transmises aux élus. « Les modalités ne sont pas encore parfaitement arrêtées, mais on aimerait par exemple réunir une vingtaine d’entreprise, d’associations et de structure, pour parvenir à une gouvernance collégiale et garder cette dynamique de collaboration », ajoute-t-il.