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Deeptech Tour : comment Bpifrance veut renforcer les liens entre chercheurs et startups

Écosystème
vendredi 05 novembre 2021

Le Deeptech Tour, lancé en 2019, s'arrête ce lundi 8 novembre à Bordeaux. Crédits : Bpifrance

Ce lundi 8 novembre, le Deeptech Tour organisé par Bpifrance et l’Université de Bordeaux proposera des tables rondes et des témoignages, de 10 heures à 18 h 30, en phygital. L’événement a pour objectif de mettre en relation chercheurs et entrepreneurs, pour créer des synergies – et les startups hautement technologiques de demain. Comment arriver à cela ? Quels sont les freins au transfert de compétences ? Pascale Ribon, directrice deeptech chez Bpifrance, répond aux questions de Placéco.

Pourquoi avoir créé ce Deeptech Tour en 2019, qui sillonnera la France pour la deuxième fois, avec une vingtaine de dates prévues ?
Il a été lancé il y a deux ans, lorsque nous avons monté, chez Bpifrance, le plan Deeptech. Cela représente un budget de 2,5 milliards d’euros sur cinq ans, avec une dynamique assez massive pour assimiler l’émergence de startups issues de laboratoires de recherche, qui embarquent des technologies de rupture. Il y a un enjeu très fort de renforcement des relations entre le monde des entreprises, les financeurs, et le monde académique, qui compte des chercheurs et des doctorants. Il faut donner envie aux chercheurs de participer à la création d’entreprise avec leurs travaux de recherche, qu’on puisse leur apporter tous les éléments d’information. C’est pour cela que nous avons créé le Deeptech Tour.

Cela signifie-t-il qu’en France, il y a un manque de ces transferts de compétence, de la recherche à la commercialisation ?
Il y a un certain niveau de collaboration, déjà aujourd’hui, qui amène à la création de 200 startups par an, sorties des laboratoires de recherche. La dynamique s’est renforcée avec la création des SATT, les sociétés d’accélération du transfert des technologies [NDLR, à Bordeaux, Aquitaine Science Transfert], qui ont contribué à la création de plus de 500 startups. Mais aujourd’hui il y a un cap à passer, on veut plus que doubler le nombre de créations, et changer de niveau d’ambition. C’est en partie les objectifs que se sont donnés l’Etat et le gouvernement dans la loi de programmation sur la recherche et le plan France 2030. Beaucoup de startups ont une forte dimension industrielle, avec la vocation de créer des objets, sans rester forcément sur le numérique. Il y a, pour cela, un projet de création d’une centaine de sites industriels par an venant de startups elles-mêmes industrielles. Nos ambitions correspondent à la dynamique anglaise sur le volet émergence de startups. Ils créent deux fois plus de startups deeptech que nous, et on pense qu’il est tout à fait jouable d'arriver au même niveau.

« Il y a un manque d’informations »

Comment faire, au-delà des intentions, pour atteindre vos objectifs ?
Si on veut faire plus, il faut encore une fois des interactions beaucoup plus fortes entre le monde académique, la recherche, le monde socio-économique, le capital-risque ou encore les accélérateurs de startups. Durant le Deeptech Tour, on va pouvoir trouver beaucoup d'éléments comme des témoignages de fondateurs de startups, de chercheurs qui ont participé à la création d’une entreprise. Notre parrain d’ailleurs, ce n’est pas anodin, est Jean-Luc Treillou qui a cofondé Treefrog Therapeutics. Nous proposerons des séquences très concrètes à destination des porteurs de projet, pour bien comprendre quels sont les acteurs de l’écosystème qui peuvent aider à se lancer. Il y aura des ateliers sur les financements disponibles, comment trouver les bons ; des éléments sur la bonne stratégie de propriété intellectuelle à adopter également. Nous avons laissé le choix à chaque écosystème d’appréhender les thématiques qui lui semblent nécessaires. À Bordeaux, il y aura une grande dominance autour de la santé mais on n’a pas thématisé un seul sujet. Nous aborderons les matériaux, l’agritech entre autres.

Aujourd’hui, pensez-vous que cela fait peur de passer de la recherche à la startup ?
Peur, non, je dirais que ça fait plutôt envie. Nous avons réalisé un baromètre auprès des jeunes chercheurs, pour savoir comment ils se projettent dans la création d’entreprise, et ils sont majoritaires à avoir envie que leurs recherches aient un impact, au-delà de réaliser des papiers scientifiques. Et ils semblent convaincus que la création d’entreprises fait partie d’un prolongement assez naturel de la recherche. Nous avons également identifié que les encadrants de thèses sont dans la même dynamique, ils voient cela d’un bon œil. Je pense surtout qu’aujourd’hui, il y a un manque d’informations pour les encadrants de thèse comme les patrons de laboratoire, qui sont pris par la recherche et leur travail en laboratoire. L’information ne percole pas de façon si importante que ça sur comment faire, comment se lancer.

Vous coorganisez l’événement bordelais avec l’Université, comptez-vous développer ces synergies ?
Oui, nous prévoyons de signer une convention de partenariat de façon à pouvoir balayer l’ensemble des sujets sur lesquels nous pouvons coopérer. Pour aider les jeunes chercheurs, toujours, à trouver les bons relais, les financements, l’accompagnement… L’idée est de travailler ensemble de façon plus forte pour avoir un vrai continuum en termes de prise en charge. Ce partenariat a vocation à s’inscrire dans le temps, l’idée est d’avoir un renforcement très opérationnel de notre collaboration sur le territoire. Et, petit à petit, que les acteurs locaux travaillent ensemble pour faire vivre cette coopération.

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