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Covid 19 et PGE, année 1 ; et maintenant ?

Opinion
jeudi 10 juin 2021

François Perrin est directeur associé d'Euklead, et associé fondateur de Placéco. Il profite de la rubrique Opinion, réservée aux adhérents Placéco, pour partager son point de vue sur la sortie de crise et les questions que soulèvent la gestion du PGE pour les entreprises concernées. 

François Perrin, directeur associé d'Euklead - photo DR

Le reflux de l’épidémie sanitaire sous l’effet conjugué du 3ème confinement et de la campagne vaccinale fait entrevoir aux entreprises le bout du tunnel. Quel bilan tirer sur ces 15 derniers mois ?

L’État a fait le job 

Il faut le reconnaître et prétendre le contraire serait malhonnête. Tout d’abord en mettant en place le PGE, un filet anti-faillites qui a fonctionné, voire peut-être trop bien, tant les chiffres issus des greffes des tribunaux de commerce paraissent anormalement bas depuis des mois. Des entreprises en (très) mauvaise santé avant la crise sanitaire ont été maintenues artificiellement en vie. Puis confronté à la nécessité d’un 2d puis d’un 3ème confinement qui n’ont pas dit leurs noms, et dans l’attente de la mise en œuvre de la campagne vaccinale nationale et de ses premiers effets, au moins psychologiques sur le moral des chefs d’entreprise, l’État a décalé d’un an la période de franchise de remboursement des PGE et maintenu les dispositifs d’aide aux secteurs économiques les plus touchés. Enfin en ouvrant en grand le flux des subventions aux entreprises et les guichets du chômage partiel. Tout ceci se traduit par un déficit budgétaire record de 9% du PIB...mais force est de constaté que l’économie française a ainsi conservé sa capacité de rebond et que le chômage n’a pas explosé. 

Une capacité d’adaptation insoupçonnée

Du coté des entreprises, la bonne surprise est qu’elles ont su faire preuve d’une capacité d’adaptation en un temps record que personne n’aurait osé prédire. Passé la sidération du confinement du printemps 2020 les mentalités et les usages ont très vite évolué, les outils numériques ont été massivement déployés. La digitalisation des entreprises a plus progressé en 6 mois que ce que les plans les plus audacieux prévoyaient sur 3 ans. Espérons qu’elles saurons conserver les apports positifs de la crise sanitaire ; le recours au télétravail quand cela est possible et que les salariés sont en demande (moins de déplacements, meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle), une limitation des déplacements professionnels aux cas nécessaires (fini l’aller-retour en avion à l’autre bout de la France pour un rdv de prospection qui peut se tenir en visio), un recours aux outils digitaux pour traiter certaines tâches à faible valeur ajoutée...

PGE : une situation pour le moins contrastée

Deux chiffres pourraient faire craindre que les entreprises françaises soient dans une situation catastrophique : 130 milliards de PGE distribués qui se traduisent par une augmentation de 9% de l’endettement des PME (source : baromètre Image PME). Oui mais voilà, 2/3 des bénéficiaires d’un PGE ne l’ont pas utilisé ou très peu. Ces dettes se traduisant alors en contrepartie dans le bilan de ces entreprises par des montants équivalents de disponibilités. De quoi ne pas inquiéter outre-mesure son banquier. Et si la croissance économique est au rendez-vous dans les prochaines années, elle allègera naturellement cet endettement. Les entreprises les plus chanceuses pourraient même bénéficier du dispositif Prêt Participatif pour renforcer leurs fonds propres, mais il y aura peu d’élus vu les critères d’éligibilité : 2M de C.A et...la capacité à rembourser, dont le PGE faisait fi. Un retour en grâce attendu de la notation financière.

Deux questions fondamentales

Les enjeux de la sortie du PGE peuvent grosso modo se résumer simplement :

- Quel usage vont faire les entreprises du PGE qu’elles n’ont pas utilisé ? Un remboursement anticipé leur permettrait de retrouver de la capacité à lever de la dette (à un coût moindre et/ou en equity pour renforcer leurs fonds propres). Si elles préfèrent le conserver et que cela se traduit également en investissements, dépenses de R&D, embauches...au service d’une croissance durable, notre économie en sortira gagnante. En revanche une thésaurisation stérile en prévision de jours plus sombres serait certainement contreproductive.

- Quelles solutions vont être proposées par l’État aux entreprises qui ont consommé tout ou partie de leur PGE ; ce sont de fait celles les plus affectées par la crise, celles dont le CA a diminué le plus fortement...et qui vont donc certainement se retrouver dans l’incapacité de faire face à leurs échéances sans être étouffées par le poids de la dette. Un abandon de créance ? Pas sûr que les banques soient ravies de tirer un trait sur les 10% de PGE qui restent non garantis par l’État. La V2 du Consortium de Réalisation ? Un étalement du remboursement sur 10 ou 15 ans ? Mais cela résout-il vraiment le problème ? Ou l’État va-t-il réussir à flécher vers ces entreprises une partie de l’épargne accumulée par les ménages ces derniers mois, sans doute à grand renfort de défiscalisation et de garantie sur le capital ? Une belle gageüre mais cette crise nous a appris que ce que nous pensions impossible il y a 12 mois peut se réaliser.

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