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Comment SNCF veut faire du TER un outil de développement des territoires

Écosystème
jeudi 11 février 2021

TER Nouvelle Aquitaine - photo SNCF

Ralentie en 2020 par la gestion de la crise sanitaire, la SNCF entend bien renouer rapidement avec la trajectoire de croissance engagée ces dernières années sur sa branche TER en région Nouvelle-Aquitaine. Pour y parvenir et se préparer à l’ouverture à la concurrence, elle poursuit son programme de remise à plat de l’offre visant à résoudre la délicate équation entre fréquence, maillage et performance commerciale.

2020 s’annonçait comme un bon cru, mais la crise sanitaire est passée par là. « On était dans une dynamique forte de trafic, avec environ +10% par depuis 2017, mais nous avons été stoppés net au mois de mars », se souvient Fabien Sutter, directeur territorial des lignes TER pour le Nord-Aquitaine, un territoire qui représente 7 lignes, 90 gares et 500 agents pour 250 trains et 30.000 voyageurs quotidiens. Passée la stupeur du premier confinement, la direction régionale a modulé son activité tout au long de l’année pour s’adapter aux besoins et à l’évolution de la crise sanitaire, avec des ajustements parfois réalisés à la semaine.

« Nous avons monté 40 offres sur l’année, là où on se contente d’habitude d’une offre hors-saison et d’une offre estivale », indique Fabien Sutter. Le Nord-Aquitaine boucle l’année sur une baisse d’activité estimée à un tiers des voyageurs, un résultat légèrement supérieur à celui de la région dans son ensemble, laquelle accuse 40% de baisse de fréquentation. « Nous avons fait une belle saison d’été, quasiment au niveau de 2019 qui était une bonne année pour le TER », précise le directeur.

Sur le volet commercial, la SNCF a multiplié les initiatives et les petits prix pour doper la fréquentation, notamment vers les destinations touristiques. En fin d’année, elle a également mis en place un pass télétravail en guise d’alternative aux offres d’abonnement classiques, moins adaptées à la situation. « Sur nos lignes, la fréquentation est constituée à 56% de clients occasionnels, qui prennent le train sans abonnement. Sur les 44% restants, on a ensuite environ 30% d’abonnés domicile travail et 15% d’étudiants », rappelle Fabien Sutter.

Des trains plus nombreux, plus rapides et plus pratiques

À plus long terme, le grand chantier en cours au niveau de la direction régionale consiste à faire évoluer l’offre TER en profondeur pour garantir sa compétitivité et répondre aux exigences fixées par le conseil régional. C’est tout l’objet du programme Optim’TER, engagé depuis début 2020 et réalisé par lots sur l’ensemble des lignes régionales.

« La méthode démarre par un diagnostic technique sur les capacités du réseau. On étudie ensuite les besoins de déplacement du territoire concerné, en raisonnant par ligne. Pour chacune, on examine l’évolution de la démographie, les installations d’entreprise, les grands projets d’aménagement et les besoins de mobilité que créée cet ensemble. A partir de cette définition du besoin, on travaille avec le conseil régional à la création d’une offre en partant d’une feuille blanche », détaille Fabien Sutter. La méthode, inédite, permet de s’affranchir des freins liés à l’existant, mais elle suppose de nombreux ajustements pour faire coïncider les besoins des territoires, les capacités techniques et les liaisons avec les autres lignes, régionales ou nationales.

« À la fin, on arrive à mettre en œuvre une offre à la fois densifiée et accélérée », ajoute-t-il. Sur la première ligne travaillée selon cette méthode, qui va de Bordeaux à Sarlat en passant par Bergerac, la SNCF indique ainsi avoir réussi à augmenter son offre de 12% à coût constant. Les travaux relatifs au reste de l’étoile de Bordeaux sont en cours, avec un objectif de mise en œuvre fixé aux alentours de décembre 2021. À l’échelle du territoire nord-aquitaine, la SNCF vise un gain légèrement inférieur à 10%, dans la mesure où certaines lignes sont déjà largement optimisées.

Le programme s’articule autour de trois niveaux de desserte qui répondent à des besoins différents : des TER rapides pour relier les grandes agglomérations de la région, des trains haute fréquence pour la liaison entre une agglomération et sa périphérie, puis enfin des TER de proximité, aux arrêts plus nombreux, chargés d’assurer le maillage du territoire.

Avancer sur le RER Métropolitain

Le projet de RER Métropolitain, porté à la fois par la SNCF, la Région et Bordeaux Métropole, participe lui aussi de cette ambition grâce à la « diamétralisation », qui permet de traverser Bordeaux sans changer de train gare Saint-Jean et renforce l’intérêt du rail par rapport à la voiture individuelle. « On a mis en œuvre les premiers TER Libourne Arcachon en décembre 2020 avec 7 allers et retours par jour. Ils permettent par exemple de relier Ambarès à Pessac en un peu plus de 20 minutes », illustre Fabien Sutter.

Le RER Métropolitain reste un projet de longue haleine, avec une mise en œuvre complète envisagée à l’horizon 2028, notamment parce que la couverture du Nord Gironde suppose l’électrification de certaines voies. La SNCF promet cependant l’ajout de 46 trains en 2021 sur les deux axes Libourne Arcachon et Langon Saint-Mariens.

Soutenir le développement économique

Loin de se voir comme une simple commodité, la SNCF souligne son rôle en matière de développement économique des territoires, à plus forte raison quand la lutte contre le changement climatique impose la réduction des émissions de CO2. « Le TER peut réellement modifier certains équilibres », estime Fabien Sutter, et c’est notre rôle de soutenir les projets de développement menés par les élus de villes. Prenez la Réole par exemple, où l’équipe en place fait un gros travail de rénovation sur le centre-ville. Si nous ne sommes pas là pour proposer une offre permettant de rejoindre Bordeaux en 35 minutes avec une fréquence suffisante, ça ne fonctionne pas aussi bien ». Sur le Nord-Aquitaine, la direction TER se dit donc particulièrement encline à discuter avec les acteurs du territoire. « On cherche à avoir un maximum d’échanges avec le tissu économique, pour capter les besoins et alimenter notre démarche d’évolution de l’offre », invite Fabien Sutter.

Des TER hybrides d’ici 2022

En attendant l’électrification totale des lignes, la SNCF prépare par ailleurs l’introduction de ses premiers TER hybrides. Sur ces nouvelles rames, une partie des moteurs diesel est remplacée par des batteries associées à des dispositifs de récupération d’énergie au freinage. Les premiers trains commerciaux sont attendus d’ici 2022. Ils seront suivis l’année suivante par des TER à batterie, capables de se recharger sur les portions électrifiées pour ensuite fonctionner de façon autonome, même sur des voies dépourvues de caténaires.

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