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Comment l’industrie alimentaire néo-aquitaine nous nourrit durant l'épidémie de Covid-19

Écosystème
mercredi 15 avril 2020

Absentéisme, ruptures d’approvisionnements, merchandising impossible… Laurent Dulau, président de l’Aria (Agence régionale des industries alimentaires), nous explique comment s’organise la filière. Et espère une prise de conscience des consommateurs.

Comment l’industrie alimentaire régionale fait-elle face à la crise ?

20% des entreprises envisagent une hausse de leur chiffre d’affaires et 76% une baisse. Parmi eux, 15% craignent une diminution supérieure à 50%. Et 30% envisagent une fermeture de leur établissement. Les Français se ruent sur les rayons alimentaires.

Comment expliquez-vous de telles baisses d’activité ?

Toutes les industries ne travaillent pas pour la grande distribution. Pour ceux qui fournissaient la restauration hors domicile, il n’y a plus de marché. Et pour ceux qui fournisse la grande distribution, tout dépend du produit vendu. Les produits festifs ou premium ne se vendent plus, quand ils ne sont pas déréférencés. Les produits basiques continuent de bien fonctionner : sardine, poulet, épicerie salée et sucrée…

Avant de vendre, les usines doivent se fournir, produire et livrer. Comment s’organise ces trois étapes ?

Nous constatons 10% d’absentéisme et le chiffre diminue de jour en jour. La situation peut beaucoup varier d’une entreprise à une autre. Les choses se passent bien quand le manager a des valeurs et parvient à transmettre un esprit d’équipe. En revanche, quand des tensions étaient préexistantes, c’est beaucoup plus compliqué. Nous souffrons parfois de ruptures d’approvisionnement. Nous constatons 15% de rupture sur l’emballage, contre 30% au début de la crise : les choses s’améliorent. Il est surtout difficile de trouver des prestataires pour le nettoyage des sites et la maintenance des machines. Enfin, en ce qui concerne les livraisons, les circuits de distribution sont désorganisés et beaucoup de camions roulent à vide. Les leaders du transports frigorifiques, Stef et STG, ont voulu imposer des hausses de 8,5 et 8,75% ! Mais face à la levée de boucliers ils ont fait machine arrière.

La grande distribution joue-t-elle le jeu de l’approvisionnement local ?

Oui, il y a une vraie volonté de faire travailler les entreprises locales. Et particulièrement celles qui sont déjà identifiées. Gagner un nouveau marché s’avère en revanche très compliqué. Et pour ceux qui ont des lignes déjà ouvertes, la difficulté est de placer ses produits dans les linéaires. Normalement, c’est aux petits producteurs d’assurer la mise en rayon de leurs produits. Mais les grandes surfaces refusent de les accueillir, même s’ils sont équipés de masques et de gants. Les consommateurs ont constaté que cet approvisionnement local induit des hausses de prix.

Pensez-vous qu’ils continueront de payer plus pour manger local à l’issue de la crise ?

Le défi est que les consommateurs acceptent de payer un peu plus cher pour faire vivre les producteurs locaux. Depuis 30 ans, on a vu la part de revenu des ménages consacrée à l’alimentation fondre comme neige au soleil. Maintenant que l’on se concentre sur l’essentiel, les priorités sont réétudiées. Mais cela va-t-il durer à l’issue de la crise ?

L’Aria en chiffres : 191 entreprises de l'agro-alimentaire qui représentent 10.348 salariés et génèrent 3,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires

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