Comment éviter le redressement ou la liquidation judiciaire ? - Premium

En quoi consiste le rôle d’un administrateur judiciaire ?En France, il n’existe qu’une centaine d’administrateurs judiciaires qui sont des professionnels du droit et du chiffre. Les chefs d’entreprises souvent méconnaissent notre fonction, le mot « judiciaire » représentant un frein dans leur esprit. Il s’agit tout d’abord de ne pas confondre l’administrateur judiciaire avec un mandataire judicaire, qui, lui, est désigné par un tribunal de commerce, lorsque l’entreprise va très mal et représente toujours l’intérêt des créanciers de la société. L’administrateur judiciaire, quant à lui, représente toujours l’intérêt de l’entreprise et lui propose des outils légaux que ce soient des procédures collectives (de sauvegarde ou de redressement judiciaire), ou surtout en amont des procédures amiables pour aider les chefs d’entreprise à restructurer leurs entreprises ou à faire face à des difficultés ponctuelles. Dans ces missions amiables, l’administrateur judiciaire est un intervenant neutre, désigné par le président du tribunal de commerce à la seule demande du chef d’entreprise, et dont la mission est déterminée par le chef d’entreprise pour le plus souvent mener des négociations avec les créanciers (banques, Urssaf, Trésor public, fournisseurs…) qu’il connaît bien et qui lui font confiance.En quoi est-ce crucial, selon vous, d’agir le plus en amont et le rapidement possible lorsque son entreprise est en difficulté ? Le constat est que plus on attend, plus il devient difficile de traiter le problème. Le secret de la réussite, c’est l’anticipation. Les entreprises sont souvent prises dans l’engrenage et lorsqu’elles se retrouvent en état de cessation des paiements, il est souvent trop tard. Or, de nombreux leviers à activer existent, bien en amont, notamment des procédures préventives. Il en existe deux, sous la forme d’un Mandat « Ad Hoc » ou d’une Conciliation. Toutes deux visent à mener des négociations, l’une a un timing sur mesure, la seconde est limitée sur une période de 4 à 5 mois. Ces procédures sont lancées à la seule diligence du chef d’entreprise qui peut décider quel administrateur judiciaire mène la négociation, avec qui, de la durée de la procédure et, surtout un point important pour le dirigeant, il garde la maîtrise de son entreprise. Autre avantage, lorsque ces négociations sont menées, la confidentialité est respectée : les clients n’en sont pas informés, ce qui de fait n’impacte pas l’image et le chiffre d’affaires de l’entreprise durant le temps de la procédure. A quel moment est-il le plus judicieux pour les entreprises d’activer ces procédures préventives ?Cela peut être lorsque les entreprises constatent une baisse de chiffres d’affaires, ont des difficultés à négocier avec leurs banques, lorsque la marche de l’entreprise est bloquée par exemple par un problème avec un fournisseur, des relations conflictuelles avec les salariés, si elle commence à engranger des dettes, a du mal à payer l’Urssaf ou ses employés…. Si en revanche, l’entreprise est en état de cessation de paiement, ce qui signifie avoir des actifs disponibles inférieurs au passif exigible, elle peut prétendre à une procédure de Conciliation mais seulement si elle en fait la demande avant le délai des 45 jours de l’obligation de déclaration de la caractérisation d’un état de cessation des paiements.En quoi sont-elles plus efficaces que les procédures dites collectives ?Au sein de l’étude, le taux de réussite des procédures amiables est de 90% ; celui des procédures collectives à 2 ou 3 ans est inférieur à 50%. Les procédures collectives, sont malheureusement le plus souvent subies, les dirigeants ne les considérant pas comme des outils de gestion, alors que même une procédure collective doit se préparer et s’anticiper. Ces dernières, de plus, sont publiques, ce qui peut impacter l’image de l’entreprise et son chiffre d’affaires et le crédit fournisseurs le temps de la procédure. Le coût de ces services de négociation en amont est-il supérieur ou inférieur à ceux nécessaires en procédure collective ?Les honoraires d’un administrateur judiciaire peuvent aller de 250 à 500€ de l’heure en procédure amiable selon le professionnel choisi. Le coût est moindre que celui découlant d’une procédure collective, qui implique la rémunération d’un administrateur judiciaire mais également d’un mandataire judiciaire, d’un commissaire-priseur, …avec des barèmes légaux auxquels il ne peut être dérogé.Dans quelle mesure, au vu du contexte économique actuel, les entreprises peuvent-elles aussi s’appuyer sur les prêts PGE ?Même si le prêt est garanti par l’État à hauteur de 90%, il reste 10% de risque pour les banques. Aussi certaines banques refusent de prendre ce risque et accordent ce prêt bien souvent aux entreprises les plus solides. Le rôle de l’administrateur judiciaire peut être justement de négocier au profit de l’entreprise pour l’obtention de ces prêts. Cependant, les entreprises bien souvent utilisent ce prêt comme s’il s’agissait du chiffre d’affaires et d’une trésorerie permettant de payer ses charges. Or, ces prêts sont faits pour restructurer l’entreprise et non lui permettre juste d’attendre. Quand ces remboursements seront exigibles, de nombreuses entreprises risquent alors de se retrouver en grave difficulté, voir même en situation de liquidation judiciaire, d’où l‘importance, encore une fois, de traiter ces problèmes en amont. Et surtout à ne pas être amené à se dire un jour « si j’avais su !»

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