Bordeaux se dote d'une feuille de route de l'ESS - Premium

« Nous avons souhaité mettre en place une feuille de route pour l’économie sociale et solidaire pour des raisons politiques et pratiques, explique en préambule Stéphane Pfeiffer, adjoint à la mairie de Bordeaux en charge de l’ESS et des formes d’économie innovantes. La Ville n’a pas de compétences propres en matières économiques, mais en a pour l’ESS. C’est donc pour nous un moyen de travailler au développement économique, tout en essayant de trouver des nouveaux modèles qui se rapprochent de nos objectifs de transition sociale, écologique, démocratique… » Cette feuille de route, présentée en conseil municipal le 8 juin dernier, sera déployée tout au long de la mandature. Création de synergies, redynamisation de la MIEL, appel à manifestations d’intérêt ou signature d’une charte pour la commande publique : le programme est large, et les actions seront enrichies au fur et à mesure.Renforcer le partenariat public-citoyen Le premier axe de développement vise à « penser l’économie autrement ». L’une des actions de ce volet consiste, pour la Ville, à soutenir la création et le développement de Sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC). « C’est un statut coopératif très particulier, reprend Stéphane Pfeiffer. A la différence des SCOP, les sociétés coopératives classiques, nous avons le droit en tant que collectivité d’entrer au capital des SCIC. C’est intéressant car il s’agit d’un mode de soutien à l’économie locale différent, il ne s’agit pas de subventions car nous interviendrons en fonds propres. » La Ville se retrouvera ainsi dans la gouvernance de l’entreprise, et pourra « défendre ses intérêts et ceux de la collectivité ». Lors du prochain conseil municipal en juillet, une délibération sera présentée pour préciser les modalités de cette action. Pour autant la Ville n’entrera pas systématiquement au capital des sociétés. « Nous n’avons pas encore d’enveloppe budgétaire définie car il y a aujourd’hui peu de SCIC à Bordeaux. Pour l’instant nous en avons identifié 9 dont Citiz, mais il y a entre 15 et 20 projets de création que nous regarderons au cas par cas. » Ikos, qui porte un projet de réemploi autour d’un village regroupant plusieurs acteurs de l’ESS, pourrait à ce titre se constituer en SCIC.Créer des synergies au plus près du terrain Plus largement, la Ville travaille à la mise en lumière des statuts de l’ESS notamment via ses pépinières d’entreprises. « Nous avons beaucoup de sollicitations de porteurs de projets qui s’intéressent à l’économie sociale et solidaire, poursuit l’adjoint au maire. L’idée, c’est d’être sûr que les statuts de l’ESS sont présentés au même titre que ceux des entreprises traditionnelles. Il n’y aura aucune obligation car ça n’aurait pas de sens, mais on se rend compte que de nombreux entrepreneurs ont créé leur société sans tout connaître, alors qu’ils auraient dû faire une coopérative, par exemple. » Autre axe de travail pour Bordeaux, identifier des filières émergentes portées soit par des acteurs de l’ESS, soit par des acteurs traditionnels. Objectif affiché : créer des synergies. « Nous avons commencé ce travail sur le secteur des déchets organiques par exemple. Il s’agit de structurer les filières, et je pense que la Ville a un bon positionnement sur le sujet. Nous sommes souvent une porte d’entrée pour les entrepreneurs et nous pouvons faire le lien avec Bordeaux Métropole ou la Région. » Un AMI lancé en juillet Toujours dans la continuité de cette feuille de route, un appel à manifestation d’intérêt sera ouvert en juillet prochain. La Ville travaille avec la Chambre régionale d’économie sociale et solidaire (CRESS) pour soutenir les structures bordelaises. « Nous sommes en train de finaliser l’écriture du projet pour qu’il soit le plus large possible, détaille Stéphane Pfeiffer. Nous n’avons pas envie de choisir les champs d’activité, pour que ce soit les acteurs de l’ESS qui nous fassent leurs propositions. » Un budget d’environ 50.000 euros sera consacré à cet AMI.Enfin, la commande publique servira elle aussi de levier. En mai dernier a été voté le SPASER, Schéma de promotion des achats publiques socialement et écologiquement responsables. Plusieurs critères autour de l’insertion, y compris économique, y ont été ajoutés, et les élus municipaux travaillent à l’identification des entreprises de l’ESS capables de répondre aux marchés publics pour les encourager à candidater. « Du côté des acheteurs de la Ville, on essaye de renforcer le travail de sourçage pour avoir une sorte de catalogue des entreprises de l’ESS », conclut Stéphane Pfeiffer.

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