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Bordeaux Pirate : une asso et bientôt un label pour des vins "hors-norme"

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jeudi 15 septembre 2022

L'union des Bordeaux Pirate, cofondée par Jean-Baptiste Duquesne du château Cazebonne, veut mettre en lumière les vignerons talentueux qui sortent des sentiers battus - crédit JB Duquesne

Née de la conviction qu’il est nécessaire d’élargir le spectre des vins de Bordeaux, l’initiative Bordeaux Pirate se structure sous la forme d’une association. Elle ambitionne de créer un label « pirate » destiné à promouvoir les cuvées qui rompent avec les codes traditionnels des appellations.

Au départ, il y avait un groupe Facebook, porté par quelques vignerons convaincus de la nécessité d’amener plus de variété dans la production et le marketing des vins de Bordeaux. Au gré des rencontres, parfois organisées en parallèle des grands salons de la filière comme à Vinexpo Paris, la démarche a mûri, jusqu’à aboutir à la création d’une association, l’Union des Vignerons Bordeaux Pirate, dont les statuts viennent d’être déposés en préfecture.

« La place de Bordeaux est très organisée, à la fois dans ses qualités et dans ses défauts. Elle sait vendre du vin et développer une image qualitative dans le monde entier mais de ce fait, elle est assez rigide, et crée des plafonds de verre qui ne laissent pas forcément la place nécessaire à des vignerons dont le travail est pourtant remarquable. Si vous voulez travailler en AOC, vous devez rester dans le cadre des appellations. Et si vous restez en Vin de France, le négoce n’achète pas votre vin », estime Jean-Baptiste Duquesne, propriétaire du château Cazebonne, qui met à profit une partie de ses 40 hectares pour planter des cépages oubliés. 

Pour lui, c’est la lourdeur de ce carcan qui explique, au moins partiellement, le recul commercial des vins de Bordeaux par rapport à d’autres appellations. « En Loire ou dans le Jura, vous n’avez pas ce phénomène de place, et on y voit depuis 20 ans une génération de vignerons qui font avancer les vins. C’est ce qui nous manque à Bordeaux, où on arrive à une situation schizophrène entre des grands crus qui se vendent à prix d’or et des vignerons qui vendent en vrac et veulent arracher les vignes », ajoute-t-il. D’où l’idée de cette Union des Bordeaux Pirate, présentée comme « un espace pour défendre une autre image du vin de Bordeaux, celle de vignerons et vigneronnes qui se battent au quotidien pour présenter des cuvées personnelles, de qualité qui dénotent par rapport à l’image souvent guindée associée aux vins de Bordeaux ».

Récompenser les cuvées qui surprennent 

À la manœuvre, quatre membres fondateurs : Jean-Baptiste Duquesne, Fabien Lapeyre du château La Peyre et Laurent Cassy du château Quillac, tous deux en Entre-deux-Mers, et Laurent David du château Edmus à Saint-Emilion. Des profils hétérogènes, qui se veulent à l’image de la démarche. « L’association est ouverte à tous les vignerons bordelais, sans considération du prix de vente. Les deux seuls critères qui nous intéressent sont la volonté de faire bon et bien, et la capacité à proposer des cuvées originales qui surprennent, que ce soit par les cépages utilisés, les méthodes de vinification, ou même le packaging », explique Jean-Baptiste Duquesne, qui fait depuis peu appel à un rappeur pour livrer une version audio des traditionnelles fiches techniques présentant ses cuvées.

L’association annonce la constitution prochaine d’un jury indépendant, qui sera chargé d’évaluer les cuvées soumises par les vignerons à l’aune de ces deux critères. Les vins lauréats seront récompensés d’un label dont l’association assurera la promotion, par voie de presse ou lors d’événement, avec le budget constitué par les adhésions. « Ce sera de petites actions, à la hauteur de nos moyens, mais on peut représenter une façon nouvelle de parler des vins de Bordeaux », espère le propriétaire de Cazebonne. Si tous les vignerons bordelais sont invités à adhérer à l’union des Pirates, l’association exige tout de même que les cuvées soumises au jury soient en agriculture biologique. « C’est un parti pris, et ça a fait l’objet de longs débats, mais on voulait un fil conducteur et une règle audible. C’est une façon de rappeler que l’avenir sera au bio », commente le vigneron. Reste une question cruciale : quel sera l’intitulé de label franc-tireur ? Bordeaux Pirate ? « ça risque d’être compliqué d’utiliser le nom Bordeaux, rit Jean-Baptiste Duquesne, on va devoir créer notre propre marque ! ».

A lire aussi : Qui sont ces « pirates » qui cassent les codes du Bordeaux ? (5/5)

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