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Bordeaux Métropole Energies : « La transition énergétique n’est pas une option »

Stratégie
jeudi 24 juin 2021

Philippe Denis, directeur général de BME - Crédits : BME

Bordeaux Métropole Energies, l’opérateur énergétique historique de la Métropole, s’est réorganisé il y a 3 ans. Désormais tourné vers les énergies renouvelables, il couvre la totalité de la chaîne de transition énergétique depuis la production jusqu’à la distribution. Philippe Denis, directeur général de BME, revient pour Placéco sur la stratégie du groupe.

En préambule, pouvez-vous présenter Bordeaux Métropole Energies et son évolution ?
Notre slogan pourrait être « 150 ans et toujours jeune ». La structure est née en 1875 et évoluait au départ dans le monde du charbon, de l’électricité et du gaz avec Gaz de Bordeaux. Bordeaux Métropole Energies est l’opérateur énergétique de la Métropole. Nous avons connu une accélération assez forte, assez fabuleuse d’ailleurs ces dix dernières années en nous intéressant à des métiers connexes au monde de l’énergie traditionnelle gazière. En 2018 BME a totalement changé de configuration et de périmètre d’activité, c’est pour cela qu’on s’assimile à une startup. Ce changement a officialisé les différentes émergences créées ces dix dernières années : en 2012 nous avons lancé la filiale Mixéner qui est un opérateur de chauffage urbain, puis en 2014 une filiale de production d’énergies vertes baptisée Néomix. Enfin en 2018 est né Facirénov, portée sur la rénovation énergétique.

Quels sont vos nouveaux objectifs, avec cette évolution ?
Notre stratégie est simple : contribuer à ce que le territoire métropolitain soit un territoire à énergie positive d’ici 2050. C’est-à-dire qu’il consomme autant d’énergie qu’il n’en produise. Nous n’œuvrons pas que sur la métropole mais aussi autour, sur l’aire métropolitaine. En fait nous voulons rendre le périurbain et la ruralité complémentaires de l’urbain, pour qu’il y ait des interfaces où chacun bénéficie de l’apport de l’autre. Pour cela, nous relayons au sein du groupe BME la totalité de la chaîne de transition énergétique depuis la production (Néomix) en passant par la distribution (Régaz) et la fourniture (Gaz de Bordeaux) d’énergie, et enfin l’exploitation (Mixéner).

Concernant la production d’énergies vertes nous nous sommes d’abord tournés vers la molécule de gaz avec le biométhane, et aujourd’hui nous essayons de nous orienter de plus en plus vers le solaire, pour être un acteur de la filière photovoltaïque.

7% de biométhane dans le réseau d’ici 2025

On entend parler de plus en plus de gaz naturel pour voitures (GNV), selon vous cette ressource est-elle celle du futur ?
Le GNV est apparu il y a une dizaine d’années et certains disaient que son utilisation allait devenir naturelle. Il faut reconnaître que la mobilité BNV n’a pas rencontré un franc succès, hormis pour les poids lourds qui s’orientent de plus en plus vers cela : les immatriculations au BioGNV enregistrent une croissance de 15 à 20% par an pour ces véhicules. C’est un segment d’activité sur lequel il n’y a ni concurrence ni alternative car l’électrique ne fonctionne pas sur de longues distances et si l’hydrogène pourrait jouer un rôle, il faut attendre entre 10 et 20 ans. Chez BME nous croyons au BioGNV, et visiblement on n’est pas les seuls.

Pour ce qui est du biométhane, l’objectif est de verdir le gaz conventionnel dans nos tuyaux. En 2019 nous avons inauguré une première unité d’injection dans le Médoc et depuis deux autres sont lancées. L’année prochaine, nous en finaliserons une quatrième. Aujourd’hui ce sont 4 terrawatt-heure de BioGNV, de biogaz et de biométhane qui transitent chaque année par nos filières. A titre d’exemple, Régaz compte 220.000 clients particuliers comme professionnels, sur 26 des 28 communes métropolitaines mais aussi sur 20 autres, jusque dans le Médoc. Nous sommes satisfaits car sur le réseau de Bordeaux Métropole on se rapproche avec cinq ans d’avance des objectifs de la PPE [ndlr : loi de programmation pluriannuelle de l’énergie). Le gouvernement a fixé à 7% le taux de biométhane dans les réseaux de gaz en 2030, nous y serons en 2025.

« Nous sommes des facilitateurs »

Quelle est la forme d’investissements de BME ?
Il y en a plusieurs. On peut répondre à des appels d’offre lancés par des collectivités publiques, ou participer à des initiatives privées. Pour le biométhane par exemple on s’associe sous forme de groupement avec des agriculteurs qui collaborent entre eux pour mettre en place une unité de production. Notre particularité en Gironde, c’est que le biométhane s’inscrit dans la filière CIVE, culture intermédiaire à vocation énergétique. Les agriculteurs, entre deux semences de leur production, plantent des semences à pouvoir méthanogène qu’ils récoltent ensuite. Souvent cela donne lieu à la création de sociétés et la plupart du temps, Bordeaux Métropole Energie prend une participation à la société. On est en quelque sorte des facilitateurs, puis on laisse les professionnels opérer.

Notre capacité d’investissement annuelle est très différente selon les sociétés. Par exemple, Régaz réalise de gros investissements entre 20 et 25M€ car la filiale travaille sur le déploiement d’infrastructures. Pour Mixéner qui compte 61 km de réseau de chaleur urbain et l’équivalent de 43.800 logements raccordés, les investissements vont de 5 à 20M€ par an.

Envisagez-vous d’étendre les activités de Néomix à d’autres énergies renouvelables ?
Il pourrait y en avoir d’autres, oui. L’éolien n’est pas encore notre cheval de bataille, car un groupe comme le nôtre doit être particulièrement qualitatif sur les projets entrepris. Bordeaux Métropole est notre actionnaire majoritaire, cela nous honore mais nous impose des engagements. On doit avancer pas à pas de manière pragmatique. Concernant le photovoltaïque nous avons un certain nombre de projets en cours qui, j’espère, seront signés dans les prochains mois. Mais à ce stade je ne veux pas rentrer dans les détails.

Vous avez également un incubateur, Laplace, en partenariat avec Technowest. Un appel à projets est d’ailleurs ouvert en ce moment…
Oui, jusqu’au 28 juin. C’est ouvert aux startups, et on cherche avant tout des personnes qui ont les yeux qui pétillent. Les précédents appels à projets étaient très tournés vers les usages : la sobriété énergétique, la prédiction météorologique… Cette année nous aimerions être un peu plus sur des sujets de production, de décarbonation. Ce sont les deux sujets au cœur de notre stratégie car la transition énergétique n’est pas une option, et nous sommes aujourd’hui dans l’obligation de décarboner nos modes d’utilisation de l’énergie.

BME
Basée à Bordeaux
500 salariés
CA 2021 : +500M€
www.bm-energies.com