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Bordeaux : la commande publique, futur levier pour l’égalité femmes-hommes

Écosystème
lundi 08 mars 2021

Claudine Bichet, adjointe au maire en charge de l'égalité femmes-hommes - Crédits TS Mairie de Bordeaux

Promesse de campagne du candidat Hurmic, l’égalité femmes-hommes est au cœur de la politique de la nouvelle majorité bordelaise. Dans le champ professionnel plusieurs actions vont être initiées en interne comme en externe, et notamment l’ajustement des critères de la commande publique.

« C’est tout un travail que nous engageons pour l’égalité femmes-hommes dans le champ professionnel, explique Claudine Bichet, adjointe au maire chargée des finances, du défi climatique et de l’égalité entre les femmes et les hommes. Nous allons installer une commission ayant vocation à mettre autour de la table des acteurs confrontés quotidiennement à ces inégalités. » La Maison de l’emploi, la CCIBG, Pôle Emploi, la Région et des associations bordelaises seront ainsi contactées « pour faire émerger des initiatives que la Ville pourra mettre en place ».

Représentation des métiers, garde d’enfants ou encore critères de la commande publique : voici un tour d’horizon de ce qui sera fait – et de ce qu’il est possible de faire. Car, tient à souligner l’élue municipale, « à la mairie nous pouvons mener des actions de sensibilisation, d’aide à la mise en place d’initiatives, mais notre véritable marge de manœuvre se porte sur l’administration de la Ville en elle-même. »

Un travail à faire en interne

Parmi les freins à l'égalité femmes-hommes, les représentations que l’on se fait des métiers sont encore pénalisantes. Au sein de la Ville de Bordeaux, 90% des salariés des métiers de la petite enfance sont des femmes. Idem pour l’aide sociale, « ce sont souvent des postes occupés par des femmes, et qui sont très durs et très mal rémunérés. » Ouvrir ces métiers à plus de mixité, c’est le travail que mènent Claudine Bichet et Delphine Jamet, adjointe au maire en charge de l’administration générale, de l’évaluation des politiques publiques et de la stratégie de la donnée. « C’est essentiel de le faire, reprend notre interlocutrice. Surtout sur des métiers de la petite enfance car c’est en montrant une mixité aux enfants dès leur plus jeune âge que l’on va arriver à des représentations plus égalitaires. »

Malgré cette volonté d’égalité, la Ville de Bordeaux n‘est pas exempte de disparités. L’inégalité salariale entre femmes et hommes atteint, dans l’administration, 10%. « Nous faisons un travail de fond pour réduire ces inégalités, tient à préciser Claudine Bichet. On pourrait croire qu’il n’y en a pas à la Ville car tout est très régulé, et pourtant c’est le cas. » Cet écart s’explique par la frange contractuelle, avec des latitudes de négociation salariale qui créent des inégalités, ou encore par la surreprésentation de femmes dans la petite enfance et l’éducation. Des métiers peu rémunérés, qui « jouent fortement dans le déséquilibre salarial » selon Claudine Bichet.

Favoriser l'égalité via la commande publique

Entre autres moyens d’action concrets, la Ville s’intéresse à la commande publique et surtout à ses critères. Un travail est actuellement mené pour systématiser les critères d’égalité femmes-hommes dans tous ses marchés. « Nous essayons bien sûr de privilégier les entreprises locales, reprend l’adjointe au maire. Mais notre travail doit inciter ces acteurs à mener une politique égalitaire sur l’emploi. »

En avril la majorité présentera en conseil municipal son schéma sur l’achat public, qui se veut plus écologique et socialement responsable. Plusieurs propositions seront dévoilées à cette occasion.

Ne plus genrer les métiers

« Nous avons tout un champ d’actions qui traite de la représentation des métiers, reprend Claudine Bichet. Aujourd’hui, on souffre du fait que certaines professions sont considérées comme très féminines ou très masculines. » La Ville prépare des initiatives pour déconstruire ces stéréotypes, et cela passe entre autres par la sensibilisation des citoyens. « Nous travaillons avec des artistes sur la base de la photographie. Cela donnera naissance à une exposition, pour essayer de faire prendre conscience que tous les métiers sont accessibles à toutes, et réciproquement. »

Mais l’art ne fait pas tout, et un partenariat avec l’association Simplon est aussi engagé. Cette dernière est spécialisée dans le numérique et s’en sert « comme levier d’inclusion ». « Ce travail est mené pour aider des femmes à entrer en formation sur les métiers du numérique, détaille l’adjointe au maire. L’idée est d’aider les femmes à entrer sur ces secteurs-là, encore considérés comme masculins. » D’autant que ces métiers, comme le souligne l’élue, sont globalement bien rémunérés et porteurs.

Mais qui va garder les enfants ?

Car la question de la précarité est au cœur des inégalités femmes-hommes. En France les femmes gagnent en moyenne 28,5% de moins que les hommes, et beaucoup d’entre elles n’ont pas d’emploi, ou sont à des postes plus précaires. « Ce qui m’a choquée lorsque je suis arrivée à la mairie, c’est d’apprendre que l’attribution des places en crèche à Bordeaux ne rend pas prioritaires les personnes sans emploi. Or aujourd’hui ce sont majoritairement les femmes qui sont concernées ! Elles sont ainsi pénalisées, à devoir garder leurs enfants ce qui rajoute des difficultés pour chercher un emploi. En fait, on ne fait qu’entretenir le cercle vicieux. »

Si la Ville n’a pas encore lancé de groupe de travail sur le sujet, Claudine Bichet assure que c’est un sujet dont elle veut s’emparer au plus vite, pour donner à travers les critères d’attribution les mêmes chances à chacune. La commission sur l’égalité femmes-hommes, elle, ne démarrera qu’en septembre prochain. « On ne peut pas tout faire en même temps, concède l’élue municipale, même si ça ne va pas assez vite à mon goût. »