Blockchain : Stendhal aide les street artists à se rémunérer - Premium

Créée à Bordeaux en septembre 2020, la startup Stendhal met en place des outils de rémunération pour le monde de l’art. Et plus particulièrement, pour les street artists. « Aujourd’hui un musicien de rue peut récolter de l’argent au chapeau, cite en exemple le cofondateur de Stendhal, Florent Thurin. Un artiste urbain, lui, a peu de moyens de vivre de son art : il doit réaliser des tableaux et sortir de son terrain d’expression habituel, ou il doit accepter des commandes d’œuvres et être payé à la commission. » Deux produits pensés et conçus par la startup sortiront cette année. Le premier, une application baptisée Wallkanda, se veut « le Yuka du street art ».Découvrir l’artiste et le soutenir… A l’instar de la célèbre application qui permet de savoir de quoi est composé un produit alimentaire, Wallkanda permet aux utilisateurs de prendre une œuvre de street art en photo, et d’obtenir des informations à son sujet : nom de l’artiste, date de réalisation, produits utilisés. Mais surtout, il est possible de faire un don à cet artiste. « Nous nous inspirons d’un artiste urbain, Pascal Boyart, reprend Florent Thurin. Depuis trois ans à chaque fois qu’il peint une fresque, il rajoute un QR code à côté qui lui permet de récolter des dons en bitcoin. Depuis qu’il a commencé cela, il a réussi à collecter plus de 50.000 euros. » Seule limite : les QR code peuvent être endommagés, recouverts ou remplacés. Stendhal vient pallier ce souci et certifie les œuvres enregistrées sur son application, pour s’assurer que les artistes soient bien rémunérés. Soit ces derniers viennent s’inscrire d’eux-mêmes sur Wallkanda et enregistrent ou revendiquent une œuvre pour ensuite pouvoir recevoir des dons, soit les usagers photographient une œuvre pas encore répertoriée dans l’application, pour venir enrichir la base de données. « Notre application sort officiellement le 7 mai prochain, et nous avons pour l’instant 25 street artists enregistrés dont 50% sont bordelais. Nous sommes encore en phase bêta, nous échangeons avec eux pour voir si tout fonctionne. »… Via des cryptoactifs En créant Stendhal, les trois fondateurs se sont appuyés sur les outils de la blockchain. Derrière ce nom d’apparence barbare se trouve une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente et sécurisée. « En fait, c’est une sorte de base de données partagée, décentralisée et accessible à tous, réfléchit Florent Thurin. Par exemple si l’on prend le bitcoin, aujourd’hui mondialement connu, la blockchain permet à deux personnes de se transférer cette cryptomonnaie de manière sécurisée, mais aussi de savoir qui possède quelle quantité de bitcoin à travers le monde. » La startup se base sur la blockchain Ethereum, qui a créé et héberge des NFT (non-fongible token), autrement dit des jetons non fongibles. Ces derniers sont des actifs numériques, uniques et indivisibles. « Dans le domaine de l’art les NFT sont le support parfait, explique le cofondateur. C’est un support numérique auquel on peut rattacher une œuvre. Les NFT font office de certificat d’authenticité car la blockchain permet une traçabilité totale. » Concrètement un street artist peut décider de numériser l’une de ses œuvres réalisées sur un bâtiment, et la transformer en un token (la tokeniser). La sécurité apportée par la blockchain garantit à l’artiste d’être reconnu comme le propriétaire officiel de l’œuvre, et le protège d’éventuelles copies.Une chasse aux œuvres de street art sera lancée vendredi 7 mai dans Bordeaux - Crédits : Annie SprattMais pourquoi utiliser des NFT ? Comme l’explique l’artiste urbain Pascal Boyart sur son site internet, tokeniser une œuvre permet à son créateur d’en conserver la propriété intellectuelle tout en vendant une partie. L’acheteur peut alors acquérir l’œuvre digitale, qui est immuable et non reproductive. « Avant tout, la blockchain est une innovation financière : on est à la croisée entre la finance et le numérique. Cela crée aussi de la rareté, car il est impossible de copier l’œuvre. Aujourd’hui il n’y a pas de marché de street art hormis pour de grands artistes comme Banksy, qui voient leurs œuvres enlevées de l’espace public ainsi que les murs sur lesquelles elles sont réalisées. Les NFT permettent d’ouvrir ce marché de façon dématérialisée, sans avoir besoin de récupérer le support de l’œuvre. »Bientôt une marketplace Dans deux semaines, Stendhal lancera sa marketplace : une plateforme permettant d’échanger des NFT. Les artistes pourront facilement numériser leurs œuvres et les transformer en NFT, pour les conserver par exemple. « Dans la rue les œuvres sont éphémères. Sur la blockchain, elles peuvent potentiellement être éternelles, ce qui les valorise. » Seconde utilité de la marketplace, les street artists pourront distribuer des NFT aux personnes les suivant – de manière gratuite ou payante. « Par exemple en divisant une œuvre en deux, trois, quatre morceaux… Ce qui créera du lien également entre les artistes et les collectionneurs. » L’application et la marketplace seront accessibles gratuitement. Pour se rémunérer, Stendhal prélèvera une commission sur les ventes de la marketplace. « Nous réfléchissons à la suite, détaille Florent Thurin. Pourquoi pas lancer à terme une version premium pour les artistes, sur laquelle nous les aiderions à la numérisation de leur œuvre, pour leur publicité… »Une chasse aux trésors dès le 7 mai Pour le lancement de Wallkanda, les cofondateurs ont conçu une grande chasse aux trésors dans Bordeaux. Ils ont fait appel à 12 street artists qui ont chacun conçu une œuvre originale contenant un mot clef. Dès vendredi 7 mai, les participants devront trouver les créations ainsi que les mots associés, puis remettre ces derniers dans le bon ordre. La première personne qui résoudra l’énigme gagnera cette chasse au trésor, et remportera les NFT associés aux œuvres, soit leurs équivalents numériques. « Si nous avions au moins 1.000 participants à l’événement, ce sera déjà une petite victoire », avance Florent Thurin. La startup réfléchit déjà à une possible levée de fonds, d’ici la fin de l’année 2021 ou en 2022, pour soutenir le développement et monter en puissance. Stendhal Basée à Bordeaux3 fondateurswww.stendhal.ai

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