Blanquefort : feu vert pour l'usine de piles à combustible de HDF Energy - Premium

« En 2022 comme depuis 2021, nous sommes dans une phase de développement de nos projets. Nous recrutons, nous lançons des études dans un certain nombre de pays », rappelle en préambule Damien Havard, président de HDF Energy. La société basée à Lormont, spécialiste des projets d’hydrogène-électricité, n’a en effet pas chômé depuis l’année dernière. Après une introduction en bourse réussie sur Euronext (104M€ levés), elle a lancé la construction de sa première centrale en Guyane, baptisée CEOG (centrale électrique de l’ouest guyanais) à l’automne dernier. « D’ici la fin de l’année, nous serons présents dans une trentaine de pays, précise Damien Havard. L’Asie fait partie des endroits à fort potentiel. Et notamment, l'Indonésie, un pays composé de beaucoup d’iles sur lesquelles nos centrales dites Renewstable sont pertinentes. » Une accélération en Asie et bientôt en Afrique Ces centrales - dont le coût unitaire dépasse 100 millions d'euros -, développées par l’entreprise girondine, combinent une énergie solaire ou éolienne à un système de stockage massif et à long terme par hydrogène, ainsi qu’un stockage court terme par batteries. « Lorsqu’il y a du vent et du soleil, on peut produire de l’hydrogène, et lorsque les conditions météorologiques ne sont pas favorables, on peut reproduire de l’électricité en retransformant cet hydrogène dans des piles à combustible, schématise le président de HDF Energy. Cela nous permet de délivrer une électricité stable. » Au moins de mars, l’entreprise a ainsi annoncé un partenariat avec les autorités philippines de la région du Mindadao. Une région comptant 30 millions d’habitants, dans laquelle HDF Energy compte développer plusieurs centrales Renewstable. Le continent africain fait également partie de la stratégie de l’entreprise – notamment sa partie australe -, et plusieurs projets sont en cours de développement. « Nous sommes dans des projets où l’on remplace les centrales thermiques qui sont au fioul ou au gaz. En-dehors des considérations climatiques qui étaient déjà intéressantes, on constate une problématique d’indépendance énergétique vis-à-vis de certains pays. Les centrales à hydrogène deviennent de plus en plus stratégiques », analyse le président de la société. Néanmoins, Damien Havard veut rester prudent. Si la filière hydrogène sera – quels que soient ses acteurs – un levier pour sortir progressivement de cette dépendance, cette bascule ne se fera pas en un claquement de doigts. « Les gens attendent des réponses qui sont immédiates, face à la Russie. Nous, nous proposons des réponses qui vont s’étaler 10 ans. » « Une position de leader sur la zone Caraïbes » Parmi le panel de projets en cours, HDF Energy vient également d’acquérir 70% du projet NewGen, à Trinité-et-Tobago, porté par la société locale Kenesjay Green Ltd (KGL). Un projet industriel de production d’hydrogène décarboné, qui permettra de répondre à 20% des besoins en hydrogène de l’usine d’ammoniac « de classe mondiale », située dans le centre pétrochimique de Point Lisas, à Trinité. Ce projet, d’après la société girondine, « permettra d’économiser environ 200.000 tonnes de CO2 par an ». « Cette centrale est en cours de discussion avec les autorités locales, développe Damien Havard. Ce sera l’un des plus grands projets mondiaux car on aura plus de 125 MW d’électrolyseur, qui se concrétisera dans les deux ou trois ans à venir. Cela nous donne une position d’entreprise leader sur la zone Caraïbes, concernant les sujets d’hydrogène. » Une usine de piles à combustible d'ici 2023 HDF Energy ambitionne de doubler ses effectifs d’ici la fin de l’année, pour atteindre une centaine de salariés. Des profils internationaux – notamment aux Etats-Unis -, mais aussi girondins. « Sur Bordeaux, nous visons une trentaine de recrutements, détaille Damien Havard. Un directeur administratif et financier, un responsable des ressources humaines ; mais aussi des personnes dans les domaines de la comptabilité, des achats, de l’ingénierie… » Car depuis quelques jours à peine, l’entreprise a obtenu le permis de construire tant attendu pour sa future usine de piles à combustible de forte puissance, sur l’ancien site Ford à Blanquefort. D’une surface de 7.000 m², l’usine – qui devrait être opérationnelle en 2023 – permettra d’équiper les centrales Renewstable de piles à combustible, mais fournira également les marchés maritime, ferroviaire et de data centers. Si, à l’annonce de ce projet, une centaine d’emplois étaient annoncés, HDF Energy précise dans un récent communiqué avoir été présélectionnée par le gouvernement français dans le cadre du financement européen IPCEI [NDLR, Important Project of Commun European Interest]. Un soutien qui, s'il est confirmé, pourrait permettre à HDF de « faire évoluer cette usine en Gigafactory (création de 500 emplois industriels) ». « La croissance de l’entreprise dépend du fait d’avoir cet outil industriel », rappelait Damien Havard quelques jours avant l’autorisation du permis de construire.Le 14 avril, HDF a publié ses résultats financiers 2021. L’année dernière la société a généré un chiffre d’affaires de 885.000 euros, contre 1,9 million d’euros en 2020. Un décalage expliqué par le projet guyanais CEOG, « marqué par la fin du contrat d’Assistance à maîtrise d’ouvrage et l’entrée en phase de construction ». HDF Energy précise qu’elle n’anticipe pas « de nette accélération de son chiffre d’affaires avant l’exercice 2023 ». Également, elle estime que son portefeuille commercial, construit sur le développement de centrales et sur la vente de piles à combustible de forte puissance, « permet de générer des revenus compris entre 12 et 17% de l’investissement total dans les projets Renewstable ». À horizon 2025, HDF Energy confirme son objectif d'atteindre100 millions d'euros de chiffre d'affaires pour une marge d'EBITDA d'environ 35%.

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