Pour Pierre Hurmic, le nouveau Bastide Niel incarne du logement plus vertueux - Premium

250.000 m² de logements pour accueillir plus de 10.000 habitants et usagers, et un bilan d’opération qui s’élève à 225 millions d’euros. Ce chantier de taille, c’est celui du futur quartier Bastide Niel, situé sur la rive droite de la Garonne. Un chantier dont les prémices remontent à 2009, et les premiers coups de pelle au printemps 2016. Aujourd’hui, la Métropole et la Ville de Bordeaux présentent la « nouvelle version » de ce grand projet d’aménagement urbain, pensé plus vert… et plus vertueux. Cette version comprend « non seulement plus de logements que la précédente mouture, mais aussi et surtout plus de logements abordables et sociaux », se réjouit Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux. Dans le détail, plus de 1.300 logements sociaux seront construits (soit 190 de plus que prévus), 1.000 logements en accession sociale (soit 320 de plus), 1.700 logements en accession libre, et 800 logements étudiants. Une mixité recherchée, complétée par 63.000 m² destinés à des commerces, services de proximité, à un pôle tertiaire et hôtelier, et de nombreux autres équipements. Pour la Ville de Bordeaux, comme pour la Métropole, il s’agit là de montrer que la production de logements n’est pas à l’arrêt sur le territoire. « C’est vrai qu’il y a eu un fort ralentissement [de la construction], dû à un certain nombre d’éléments, reconnaît Christine Bost, vice-présidente métropolitaine en charge de l’aménagement urbain et naturel. Le renouvellement électoral d’abord, on ne peut pas nier qu’un certain nombre de collègues ont ralenti le niveau de production, car on rencontre sur nos territoires de fortes hostilités à la production. L’accès au foncier ensuite, et les difficultés de production rencontrées par les bailleurs sociaux. » Mais, affirme Pierre Hurmic, l’évolution du projet Bastide Niel « illustre de manière très concrète notre volonté de produire du logement à Bordeaux, mais du logement accessible au plus grand nombre ».Des logements en accession sociale à 3.500€/m² Très concrètement, la majorité des logements en accession sociale sera réalisée sous la forme de BRS, des baux réels solidaires. Ils permettent de dissocier la propriété du terrain, de celle du bâtiment. En clair, le propriétaire achète les murs, et loue le terrain sur lequel sont construits ces derniers. Un levier que promeut la municipalité actuelle, car il permet de réguler le prix du foncier. « Évidemment, il a fallu retravailler le projet avec Winy Maas, l’architecte en charge de cet aménagement urbain, précise Bernard Blanc, adjoint au maire de Bordeaux pour l’urbanisme résilient. Nous avons tiré des leçons de toutes les premières opérations livrées, sur lesquelles le prix de construction était un peu élevé. Car on sait que pour sortir des logements en accession sociale, on a un plafond de prix de construction pour avoir un plafond de prix de vente. » Ainsi, le prix de construction est désormais fixé à 2.200 euros par m², pour un prix de sortie d’environ 3.500 euros le m². La Ville de Bordeaux ambitionne que tous les permis de construire soit déposés d’ici la fin du mandat. Une ferme urbaine et des unités de transformation alimentaire Cet ensemble urbain, lorsqu’il sera terminé, comptera 16 hectares d’espaces publics paysagers – dont 2 hectares de pleine terre. Pour cela, deux grands îlots ont été repensés, et fragmentés en 7 unités « plus aérées ». Sur une surface de 25.000 m², l’un des îlots principaux sera dédié à l’agriculture urbaine. L’Écovillage Agricole porté par la société Sous les Fraises, mêlera commerces, habitations et production alimentaire. « L’idée sera de s’organiser sur une ferme urbaine – donc une production ultra locale – en mettant à profit l’ensemble des surfaces que l’on aura, présente Claire Vendée, directrice générale de Bordeaux Métropole Aménagement. Chaque terrasse, balcon, espace en pleine terre. Pour que, derrière, Sous les Fraises anime tout une filière de production locale. » Il ne s'agira pas d'une obligation pour les habitants, mais de réaliser des actions pédagogiques à destination de ces derniers pour leur donner les clefs, et qu’ils puissent ensuite décider de produire, de garder leur récolte pour eux – ou non. « On aura aussi de petites unités de transformation alimentaire, complète Claire Vendée. On ne crée pas une usine agro-alimentaire mais on va faire de la conserverie, de la biscuiterie, de la brasserie. » Les travaux devraient démarrer d’ici 2025, pour une livraison deux ans plus tard, en 2027. Le problème de la voie ferroviaire Seulement, la question de l'accessibilité se pose, car le quartier n’est desservi que par une seule ligne de bus. Bordeaux Métropole Aménagement assure travailler à ce sujet, pour à terme, mettre en service une ligne de transport en commun « structurante » qui traversera Bastide Niel. « Mais il ne vous échappe pas que la traversée de ce quartier est contrainte par le faisceau ferroviaire, rappelle la directrice générale de BMA. Nous sommes en discussion avec la SNCF et nous avançons sur l’acquisition des derniers faisceaux, pour pouvoir organiser cette traversée. » Aujourd’hui, la voie en question reste partiellement utilisée par un train qui dessert chaque semaine les Grands Moulins de Paris, quai de Brazza. « Ce train de marchandise est extrêmement long, et il a besoin de manœuvrer pour que la locomotive puisse assurer un demi-tour. La voie, aujourd’hui, ne sert qu’à ça, et pour pouvoir assurer ce retournement, il faut reconstruire des ouvrages en amont – et donc que l’ensemble des parties prenantes acceptent de financer les coûts », clarifie Claire Vendée, qui assure qu’il n’y a pas de difficultés d’accord.

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