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Audit des finances : Bordeaux regrette les dépenses « somptuaires » de l’ère Juppé

Écosystème
mardi 09 février 2021

La mairie de Bordeaux vient de dévoiler les conclusions de l’audit indépendant mené sur les finances de la Ville. S’il témoigne d’une situation saine en apparence, avec des indicateurs bien loin des seuils de vigilance, l’équipe de Pierre Hurmic fustige le « manque d’anticipation » et les « dépenses somptuaires » de la précédente mandature.

Pierre Hurmic a dévoilé lundi les conclusions de l’audit des finances de la Ville réalisé par le cabinet Klopfer. L’exercice, promis dès son arrivée au Palais Rohan, devait permettre à la nouvelle équipe municipale de tirer des enseignements prospectifs sur ses marges de manœuvre en matière d’investissement.

À première vue, l’équipe de Pierre Hurmic hérite d’une situation saine : avec 56,5 millions d’euros d’épargne brute, soit un taux de 14,1% entre les recettes de la ville et ses dépenses de fonctionnement, Bordeaux se situe dans le haut du tableau des villes de taille de comparable. La ville affiche également une capacité de désendettement de 4,4 ans à fin 2019, un ratio bien éloigné du seuil d’alerte généralement fixé aux alentours de 10 ans.

Ces voyants au vert masquent cependant une réalité plus complexe pour Pierre Hurmic et Claudine Bichet, sa première adjointe, selon qui la précédente majorité aurait jonglé entre augmentation de la pression fiscale et transferts de charge vers la Métropole pour optimiser son budget, quitte à compromettre les capacités d’investissement de la nouvelle équipe.

Une fiscalité « opportuniste »

Sur le volet des recettes, ils dénoncent des choix de fiscalité « opportunistes » et rappellent les différentes hausses d’impôts programmées par l’équipe Juppé : hausse de 5% des impôts locaux en 2015, réduction du taux dérogatoire d’abattement de la taxe fiscale en 2018 et enfin majoration de 20% puis de 50%, de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires. « Beaucoup de villes ont anticipé la fin de la taxe d’habitation. Ici, ça n’est pas ce qui a été fait », regrette Claudine Bichet.

Du côté des dépenses, la mairie écologiste pointe sans surprise les grands projets d’investissement de la précédente mandature, à commencer par le stade Matmut Atlantique, décrié de longue date par Pierre Hurmic, mais aussi la Cité municipale et la Cité du Vin, dont le renouvellement de la scénographie devrait entraîner des dépenses de l’ordre de 7 millions d’euros sur les prochaines années.

« Ils ont vendu les bijoux de famille ! »

Le premier reproche tient à la nature-même des projets, qualifiés de « dépenses somptuaires », au sens d’équipements qui ne profitent pas directement au quotidien des Bordelais. L’équipe Hurmic fustige également le mécanisme de report de la dette associée à ces projets vers la Métropole, à qui la Ville doit désormais verser 2,4 millions d’euros par an au titre des attributions de compensation pour le seul stade Matmut, ainsi que la cession d’actifs comme Régaz ou le foncier de Brazza. « Ils ont vendu les bijoux de famille ! », a déclaré Pierre Hurmic.

Ces grands projets auraient enfin été menés au détriment de l’entretien et de l’investissement dans les équipements municipaux de proximité tels que les gymnases, les écoles ou les centres sociaux. Photos d’infiltration d’eau dans des bâtiments publics à l’appui, la nouvelle majorité affirme hériter d’une « dette grise » estimée à 220 millions d’euros, à laquelle s’ajoutent les 200 millions d’euros nécessaires aux aménagements et rénovations courants. « Sur une capacité d’investissement de l’ordre de 550 millions d’euros, on hérite de ce poids qui ampute nos marges de manœuvre », estime Claudine Bichet.

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