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Artisanat : « Il faut consommer localement » pour Nathalie Laporte, CMA Gironde

Écosystème
jeudi 26 novembre 2020

Nathalie Laporte, présidente de la CMAI et à la tête de la délégation Gironde - Photo Sophie Pawlak

Pour Placéco, Nathalie Laporte la présidente de la Chambre des métiers et de l’artisanat de Gironde, revient sur la situation des professionnels qu’elle représente. S’il est encore tôt pour dresser un état des lieux des différentes filières, la présidente se veut optimiste, autant pour ces professionnels que pour l’apprentissage en Gironde.

Que pensez-vous des annonces faites par Emmanuel Macron ce mardi, notamment la réouverture des commerces non essentiels dès samedi 28 novembre ?
Je suis ravie pour mes collègues concernés, car ces mesures répondent aux attentes qu’ils exprimaient. Tous demandaient à rouvrir, c’est une très bonne chose même si je trouve que la jauge de 8m² par personne est un peu trop exigeante. Le protocole risque d’être compliqué pour de petites structures … Malheureusement nous sommes tous conscients que le virus est encore là, et qu’il faut faire attention.

Pouvez-vous dresser un état des lieux chiffré des métiers et de l’artisanat en Gironde ?
Dans le département nous comptons 47.681 entreprises inscrites au répertoire des métiers. 43% sont dans le bâtiment, 38% dans les services, 12% dans la production, c’est-à-dire les métiers d’art, l’informatique, le nautisme par exemple, et 7% sont dans l’alimentaire.

Dans le secteur des services où le « click and collect » n’est pas envisageable, comment s’en sortent les entreprises ?
Il est trop tôt pour le dire. Le gouvernement a fait le nécessaire notamment avec le fonds de solidarité, mais je pense que nous en saurons plus sur la situation de ces professionnels d’ici un mois. Forcément pour certains qui étaient déjà fragilisées, ou qui n’ont pas eu accès au PGE, je redoute qu’il soit trop tard. Mais je ne veux pas être alarmiste, nous n’avons pas assez de recul encore.

Les métiers qui ont l’air de s’en sortir le mieux sont ceux de l’alimentaire et du bâtiment. Vous confirmez ?
En effet le secteur du bâtiment se porte bien. Avec le confinement les gens ont décidé de faire des travaux chez eux, d’améliorer leur habitat. Donc oui, ce secteur est moins touché par la crise. Pour l’alimentaire, évidemment nous en avons tous besoin ! Les produits vendus dans une boucherie ou une fromagerie sont de meilleure qualité qu’en supermarché, et je trouve que les clients jouent le jeu, sont solidaires. Si le panier moyen a peut-être diminué, on constate que les consommateurs reviennent plus souvent.

« Il y a eu de la confusion les premiers jours du reconfinement »

Quelles sont les actions mises en place durant la crise économique, à la Chambre des métiers et de l’artisanat ? 
Nous avons réactivé notre cellule de soutien, d’abord. Nous avons reçu de très nombreux appels en lien avec le fonds de solidarité, le report des charges ou le droit d’ouvrir. Nous travaillons aussi sur l’accès à la digitalisation pour les entreprises, avec le « click and collect » par exemple lorsque c’est possible. 50 salariés travaillent sur cette cellule, on ne ménage pas nos efforts. Sur les nombreux appels reçus la majeure partie concernaient le fonds de solidarité, puis les charges et l’autorisation de poursuivre son activité et, bizarrement, 13% seulement portaient sur le numérique. En temps normal lorsque l’on a la tête dans le guidon, on a l’impression que l’on n’a pas besoin d’internet pour développer son activité alors que si.

Vous parlez de questions liées à la poursuite d’activités. Le gouvernement n’a selon vous pas été assez clair ?
Je pense qu’il y a eu de la confusion, surtout entre le premier jour du reconfinement, vendredi 30 octobre, et le lundi suivant. Moi-même, j’ai rassuré des professionnels comme des coiffeurs, toiletteurs, cordonniers sur le droit de travailler à domicile. Quand, quelques jours plus tard, ils n’avaient finalement plus le droit. Nous avons reçu environ 76.000 mails, sms ou appels. C’est beaucoup !

Avez-vous des craintes sur le volet de la transmission, de l’apprentissage ? Verra-t-on un manque de jeunes professionnels dans les prochaines années ?
On a eu très peur à ce sujet. Lors du premier confinement les CFA (Centres de formation des apprentis) étaient fermés, les entreprises aussi, on s’est dit que ça allait être compliqué. Finalement même si nous avons perdu des jeunes, notamment en décrochage scolaire, 80% d’entre eux ont suivi les cours sur internet. La rentrée de septembre a été rassurante, et nous comptons deux apprentis de plus que l’année dernière, soit 1.690 en Gironde.

Quelles seront vos actions dans les prochains mois ?
Tout d’abord nous allons faire vivre notre campagne « Vivons local, vivons artisanal ». Nous l’avons lancée il y a quelques temps et tous les présidents de Communautés de communes ont signé la charte de soutien. Il faut montrer aux consommateurs qu’ils doivent consommer localement, pour que les entreprises et les commerces survivent. Nous allons lancer un jeu concours dans lequel les participants pourront gagner des chèques cadeaux, à dépenser dans le réseau des artisans participants.

Je reste attentive aux possibles dommages collatéraux, et je veux maintenir la proximité de la CMA avec les artisans. Mais je reste optimiste ! Depuis janvier nous avons enregistré 6.300 personnes venues s’immatriculer, ce qui prouve qu’il y a une envie de créer son entreprise. L’artisanat, c’est 250 métiers différents. Il a encore de beaux jours devant lui !

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