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Arnaud Le Guiffant : « Zemmour prend des risques, ça résonne chez les chefs d’entreprise »

Écosystème
mercredi 06 avril 2022

À l’approche de l’élection présidentielle, Placéco est allé à la rencontre des rares patrons girondins ou néo-aquitains prêts à parler ouvertement de leur vote, de leur éventuel engagement en faveur d'une formation politique, et de leurs attentes quant aux enjeux économiques du prochain mandat.

Installé à Bordeaux depuis 12 ans, Arnaud Le Guiffant dirige une PME industrielle basée en Île-de-France. Venu en politique en réaction à la gestion « injuste » de la crise sanitaire, il coordonne à l’échelle nationale les « Entrepreneurs avec Zemmour » et défend la solidité du programme économique du candidat de Reconquête, basé selon lui sur un double volet d’actions en faveur de la compétitivité des entreprises et du pouvoir d’achat.

« Politiquement, je suis un abstentionniste historique. J’étais plutôt tendance chiraquienne dans ma jeunesse, mais j’ai été très déçu par le Chirac président, et depuis ça n’a été que déception sur déception », introduit Arnaud Le Guiffant. Passé par le Département des opérations de maintien de la paix de l’ONU, en poste en Afrique puis à New-York, il dirige aujourd’hui une PME qu’il a rachetée, spécialisée dans la lubrification sèche à destination de l’aérospatial et d’autres secteurs industriels de pointe. La société est basée en Île-de-France, mais lui a fait le choix de s’installer à Bordeaux. « Nous avons fait un court passage à Paris mais je ne m’y sentais pas très bien avec des enfants en bas âge. J’y ai trouvé les maux dont Zemmour se fait aujourd’hui l’écho, et pourtant j’arrivais de zones de guerre », résume-t-il.

D’abstentionniste à militant

Le sursaut politique intervient à l’été 2021, quand la presse commence se à faire l’écho de velléités de candidatures chez Marion Maréchal et Éric Zemmour. « Ce qui a déclenché mon envie de m’engager, c’est Macron lui-même, d’abord avec les gilets jaunes, qui ont été créés de toute pièce par des erreurs politiques du gouvernement d’Edouard Philippe avant d’être instrumentalisés par le ministère de l’Intérieur, puis par la gestion absurde de la crise Covid, explique Arnaud Le Guiffant. Dans l’industrie, nous nous sommes tenus derrière la première ligne, nos employés sont venus travailler tous les jours, et ils voyaient à la TV des gens payés à rester chez eux, tétanisés par la communication apocalyptique du gouvernement et de ses affiliés, j’ai trouvé que c’était une profonde injustice ».

Arnaud Le Guiffant affirme avoir trouvé chez Éric Zemmour les réponses à cette « injustice », qui concernerait de façon plus générale le système d’aide sociale français, victime d’abus pénalisant in fine les entreprises du fait d’une fiscalité excessive au lieu de récompenser ceux qui font le plus d’efforts. L’ancien chiraquien ne pourrait-il pas souscrire au programme des Républicains, qui lui aussi essaie de porter haut la valeur du travail ? « Le programme tient la route. Le problème, c’est qu’entre le discours et le faire, tout s’effondre », répond-il. Plus que de défiance, il préfère parler de « manque de confiance ». D’où ce soutien actif à une candidature « hors-système », manifesté à l’été 2021, avant même que la candidature d’Éric Zemmour et son programme ne soient officialisés. « Zemmour prend des risques, ça résonne chez les chefs d’entreprise ». 

Passé à la coordination nationale du comité de soutien des entrepreneurs avec Zemmour, Arnaud Le Guiffant affirme avoir été surpris par le nombre de chefs d’entreprise désireux de rejoindre la campagne, et de participer à l’élaboration du volet économique du programme du candidat. « Cette vision est assez peu décrite par les médias, ou racontée à l’école, mais un chef d’entreprise s’intéresse aussi bien au résultat de son entreprise qu’au sort de ses salariés. Nous avons donc proposé tout un lot de mesures économiques au sens large, qui concernent aussi bien l’entreprise, pour améliorer ses performances, que le pouvoir d’achat de nos salariés », déclare-t-il.

Bien que dans sa campagne, l’éditorialiste devenu candidat s’exprime principalement sur les questions d’immigration et de sécurité, Arnaud le Guiffant récuse toute accusation de légèreté sur le volet économique. « Quand on l’entendait à la TV, on sentait bien une fibre libérale mais au-delà, on ne connaissait pas vraiment son corpus économique. Ça faisait partie de mes premières questions quand je l’ai approché, et j’ai eu la surprise de découvrir un homme à la fois très aguerri et très intéressé par ces questions », affirme son soutien.

« Economiquement, on marche sur deux jambes, l’entreprise et le pouvoir d’achat »

Parmi les mesures phare en faveur des entreprises, Arnaud le Guiffant retient en premier lieu la baisse des impôts de production, avec une promesse à 30 milliards d’euros par an, la baisse de l’impôt sur les sociétés pour les PME avec un plafond fixé sur les bénéfices plutôt que sur le chiffre d’+affaires, ainsi que la création de zones franches industrielles, où les sociétés seraient exonérées d’impôts de production et d’IS pendant plusieurs années. Il encourage également la volonté de transformer l’Agence des participations de l’Etat (APE) en « véritable fonds souverain », abondé par une partie de l’épargne dormante des livrets A, et tourné prioritairement vers les entreprises françaises « stratégiques », notamment pour éviter que ces dernières ne partent à l’étranger. Si l’essence libérale de ces propositions se retrouve dans d’autres programmes, à commencer par celui de l’actuel président, il manquerait à ce dernier la fibre souverainiste. « On parle beaucoup de réindustrialisation, mais Macron n’a rien trouvé de mieux pour relancer la filière spatiale que de délocaliser en Allemagne une partie de la fabrication du moteur du lanceur Ariane 6. C’est donc tout une partie de la sous-traitance qui va partir de l’autre côté du Rhin », grince le chef d’entreprise.

Coté pouvoir d’achat, il salue l’ambition de supprimer la CSG pour les salaires de moins de 2000 euros net : « Ce qu’on apprécie, nous entrepreneurs, c’est que c’est une mesure hyper favorable au pouvoir d’achat sans augmentation du salaire brut, donc sans coût pour l’entreprise ». Même topo pour la défiscalisation des heures supplémentaires –supprimée par François Hollande et rétablie partiellement par Emmanuel Macron, la prime « zéro charge », ou l’élargissement de la prime de participation aux entreprises de plus de 11 salariés. L’idée de demander aux patrons de prendre en charge 50 % des frais d’essence des salariés trouve-t-elle également grâce aux yeux des entrepreneurs soutiens du candidat Zemmour ? « On a été très divisé sur la question, admet Arnaud Le Guiffant. La proposition vient d’Éric Zemmour lui-même, qui y voit une mesure de justice sociale, puisque dans les grandes villes les employés se font rembourser la moitié de leur carte de transport ».

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