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Arnaud de Carli : « les chefs d’entreprise attendent un geste fort, mais réaliste »

Écosystème
vendredi 08 avril 2022

À l’approche de l’élection présidentielle, Placéco est allé à la rencontre des rares patrons girondins ou néo-aquitains prêts à parler ouvertement de leur vote, de leur éventuel engagement en faveur d'une formation politique, et de leurs attentes quant aux enjeux économiques du prochain mandat.

Dimanche, Arnaud de Carli, PDG de Mécacyl, votera pour Valérie Pécresse. Une décision présentée comme un choix de raison pour ce chef d’entreprise déjà engagé aux côtés des Républicains sur la scène politique locale.

« Mon père travaillait à Europe 1, je l’y accompagnais pendant les vacances. Un jour, j’ai rencontré Chirac, eu la chance d’échanger dix minutes avec lui, et j’ai trouvé chez lui une prestance et un charisme que je n’avais jamais rencontré chez d’autres. Depuis, je suis passionné de politique », introduit Arnaud de Carli. Il n’en fait pas son activité principale, ne devient pas militant, mais adhère au RPR et reste en phase avec les idées de ce qui deviendra les Républicains, et commence à s’impliquer dans la vie politique locale, en parallèle de ses activités professionnelles. D’abord dans la campagne d’Alain Juppé, à l’époque des primaires de la droite de 2016, puis dans celle de Nicolas Florian pour les municipales de 2020.

« On m’a proposé de m’impliquer pour les présidentielles, mais j’ai refusé, en premier lieu parce que j’ai une société à faire tourner, après deux années tout de même compliquées en matière de business », explique-t-il. Depuis 2017, il dirige en effet Mécacyl, une PME basée à Cestas, spécialiste des lubrifiants à destination de l’automobile et de l’industrie. Il est aussi membre associé à la CCI Bordeaux-Gironde, et cofondateur du Club des scapulaires, ce groupement d’entrepreneurs qui voulait entrer au capital des Girondins de Bordeaux, et s’efforce aujourd’hui de renforcer les liens entre le club et le tissu économique local.

Ce qui ne l’empêche pas de suivre de près la campagne présidentielle en cours. « Elle n’a rien à voir avec les précédentes, d’une part parce que c’est la première fois qu’il n’y a pas d’implication du président sortant, ce qui fausse un peu le débat. Ensuite, il y a bien sûr la guerre en Ukraine, qui place Emmanuel Macron en position de force par rapport à d’autres, puisqu’il gère plutôt bien la crise, estime Arnaud de Carli. Et dans un autre registre, il faut évidemment compter avec l’arrivée de Zemmour, qui devait rebattre les cartes de l’extrême-droite, et contribue finalement à dédiaboliser Marine Le Pen ».

En tant que chef d’entreprise fidèle à sa famille politique, que retient-il des propositions de Valérie Pécresse ? « La liberté de renégocier le temps de travail par branche et par entreprise me semble une mesure particulièrement importante, tout comme la baisse de 10 milliards d’euros annoncée sur les impôts de production ». Sur cet aspect précis, la proposition des Républicains n’est pas la mieux-disante parmi les différents candidats en lice ? « En tant que chef d’entreprise on attend un geste fort, mais il ne faut pas tomber dans l’utopie ».

Le président sortant revendique quant à lui une action significative en matière de baisse de charges et d'impôts au cours de son premier mandat ? « Emmanuel Macron avait formulé toute une série de propositions il y a cinq ans, et toutes n’ont pas été tenues. Ses partisans rabâchent qu’il a eu à gérer le Covid, les gilets jaunes, la guerre en Ukraine, mais Sarkozy avant lui a eu la crise de 2008, etc. Ils ont tous eu leur lot de mésaventures, et face à des promesses non tenues, le bénéfice va au nouveau candidat », résume Arnaud de Carli, qui salue tout de même les actions gouvernementales en faveur de la relance, même si sa société n’a pas profité des différents plans de soutien – hors PGE et chômage partiel. « Macron est attaquable sur un certain nombre de sujets, mais il me semble que la relance économique s’est révélée à la hauteur de ce qu’attendaient les chefs d’entreprise ». Il a en revanche plus de mal à pardonner à Jean-Michel Blanquer la décision, « complètement hallucinante », de supprimer les mathématiques du tronc commun au lycée.

Quid, pour finir, du « choc du pouvoir d’achat » ? Présenté comme l’une des mesures phare du programme de Valérie Pécresse, il débuterait par une baisse des cotisations retraite dès l’été, et s’accompagnerait de mesures visant à augmenter de 10% les salaires inférieurs à 2 Smic avant la fin du quinquennat. « Si je prends le cas de mon entreprise, notre chiffre d’affaires augmente depuis cinq ans, mais nous n’avons pas assez de résultat pour augmenter nos salariés de façon à suivre la courbe de l’inflation. On a eu une hausse de 2,5% en moyenne cette année, mais on n’est pas capable de le faire tous les ans. Là aussi, on attend un geste fort, mais réaliste », indique Arnaud de Carli.

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