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Adam prépare la transmission gratuite de son capital à ses salariés

Engagement
mercredi 19 août 2020

Dans son usine de Sainte-Hélène, Adam fabrique des caisses en bois destinées aux mondes du vin, du luxe et des spiritueux. Photo AL

Adam, fabricant de caisses en bois haut de gamme, a fait de sa responsabilité sociale et sociétale un levier de développement économique. L’entreprise cherche désormais comment franchir une étape supplémentaire dans sa quête de sens.

Installée depuis 2015 à Sainte-Hélène, sur la route de Lacanau, Adam conçoit et fabrique des caisses et coffrets en bois principalement destinés au monde du vin et des spiritueux. Dans les 9000 mètres carrés de son usine, c’est la transparence qui prévaut : tous les salariés sont associés aux grandes décisions qui structurent la marche de l’entreprise.

Jean-Charles Rinn, PDG, impulse cette démarche en 2009 après avoir racheté les parts de son associé avec son épouse. A l’époque, la société fondée en 1880 est « au bord du gouffre ». Elle perd de l’argent de façon chronique, en dépit de ses implantations en Asie et en Roumanie censées favoriser la réduction des coûts. Le nouvel actionnaire relocalise l’activité en France, s’engage à réinvestir l’ensemble des bénéfices et prend l’habitude de communiquer les comptes de l’entreprise en plénière.

Formaliser l’enjeu social

« Cette confiance a redonné de la motivation à l’ensemble des équipes. Nous avons regagné 20 points de productivité directe dès la première année », se rappelle Jean-Charles Rinn. La société, qui réalise alors 4,5 millions d’euros de chiffre d’affaires, renoue avec la rentabilité. Son PDG acquiert dans le même temps la conviction que performance économique et performance sociale sont intimement liées. « C’est du simple bon sens. La vraie difficulté consiste à formaliser cet enjeu social, mesurer et mettre en place les bonnes actions », explique-t-il.

En réponse, Adam adopte une organisation interne basée sur l’expression systématique des problèmes rencontrés par les opérateurs et le suivi d’indicateurs dédiés à l’avancement de la résolution, dans une optique de « culture de la mesure ». Elle s’accompagne d’outils dédiés au pilotage des enjeux RSE. Utilisant la norme ISO 26 000 comme référentiel, ils amènent l’entreprise à envisager l’impact de ses activités à l’échelle du territoire.

« 90% de la matière première utilisée pour les caisses de vin du négoce bordelais proviennent de Galice ou du Portugal, alors qu’utiliser du pin des Landes de Gascogne permet une réduction de l’empreinte carbone dans un rapport de 1 à 5 », illustre Jean-Charles Rinn, qui veut pousser la filière à prendre en compte ces arguments sans se limiter à une simple logique d’achat au prix le plus bas.

Design thinking, RSE et développement durable

Pour y parvenir, Adam se met au design thinking et développe de nouveaux produits dont la conception intègre des enjeux tels que l’utilisation ou la réutilisation de matières locales tout en renforçant la qualité perçue et l’image des différents acteurs de la filière. « De la question : comment acheter plus de pin des Landes, on arrive à un projet mobilisateur où chacun a sa place à prendre », résume le dirigeant. En 2015, Adam matérialise cet ancrage local en investissant 6 millions d’euros dans la construction de sa nouvelle usine et sélectionne ses prestataires en fonction de valeurs partagées, à l’image du fournisseur d’électricité verte Enercoop, retenu à la fois pour sa gouvernance coopérative et son offre 100% renouvelable. Sortie de la phase survie, Adam cumule aujourd’hui les labels Engagé RSE Exemplaire et Entreprise du Patrimoine Vivant.

La société, qui compte environ 65 salariés et réalise 9 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019, s’intéresse désormais à la prise en compte des Objectifs de Développement Durable fixés par l’ONU à l’horizon 2030. Son dirigeant, qui reconnaît volontiers avoir développé un côté « militant » sur ces questions, réfléchit quant à lui au meilleur moyen de prolonger la logique de partage.

Transmission gratuite aux salariés

« Nous avons construit Adam sur une logique de rémunération du travail et non du capital. La prochaine étape consiste donc à voir comment transmettre la société sans l’affaiblir. Nous aimerions donc la donner aux salariés », résume-t-il. S’il est aisé de vendre son entreprise à ses salariés en droit français, la transmission gratuite n’a cependant rien d’une sinécure. Adam s’oriente pour l’instant le modèle de la fondation actionnaire, comme l’ont déjà fait Pierre Fabre ou Archimbaud, adossé à une structure coopérative de type SCOP. « On a le véhicule, c’est la simplification qui nous manque », conclut Jean-Charles Rinn.

Adam
Sainte-Hélène
65 salariés
CA 2019 : 9M€ 
www.adampack.com

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